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vendredi 31 octobre 2014

François Hollande avait écrit cette lettre à Compaoré



 

Le président de la République Française, François Hollande avait averti Blaise Compaoré, dans une lettre, des risques qu’une révision non consensuelle de la Constitution faisait courir au Burkina Faso, mais aussi à la sous région. La lettre datée du 7 octobre était signée de la main de François Hollande.




 
LETTRE FH BC1 
LETTRE FH BC2
Document: La lettre de François Hollande à Blaise Compaoré le mettant en garde contre la révision constitutionnelle

Makhtar Diop retrouve son fauteuil à la Banque mondiale

Makhtar Diop retrouve son fauteuil à la Banque mondiale
C’est fait ! Depuis le 27 octobre dernier, Makhtar Diop a officiellement retrouvé son fauteuil de vice-président de la région Afrique pour la Banque mondiale.
D’ailleurs, c’est la directrice des opérations de la Banque mondiale, Mulyani Indrawati, qui a fait une note interne aux équipes de l’institution internationale afin de leur annoncer le retour à son poste de l’ancien ministre de l’économie et des finances du Sénégal, Makhtar Diop.

Troublantes révélations d’Eli Manel Diop à la Crei : « Karim travaillait dans le même bureau que Bibo (…) C’est Aminata Niane, alors DG de l’APIX, avec son cabinet personnel de consultance, qui recrutait du personnel pour Karim Wade (…

« Karim m’a invité chez lui, il y avait sa femme Karine, il m’a proposé de diriger une de ses entreprises et m’a mis en rapport avec… son ami Bibo Bourgi (…)» 


« Cuisiné » par la commission d’enquête de la Crei, Eli Manel Diop n’a pas fait dans la fine bouche. En clair, il a pratiquement vidé son sac, lors de son audition du 30 Juillet 2013 qui a débuté à 14 h 16 mn.


Troublantes révélations d’Eli Manel Diop à la Crei : « Karim travaillait dans le même bureau que Bibo (…) C’est Aminata Niane, alors DG de l’APIX, avec son cabinet personnel de consultance, qui recrutait du personnel pour Karim Wade (…)»
: Dans quelles circonstances avez-vous fait la connaissance des nommés Karim Meïssa WADE, Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi, Karim Aboukhalil, Pape Mamadou Pouye et Pierre Agboba ?
 
R : J’ai connu Karim Wade au début des années 1980 aux Cours Sainte Marie de Hann. Nous étions dans la même classe de la 6ième jusqu’en 3ième où il y avait également Pape Mamadou Pouye. Lors du passage en classe de seconde, M. Karim Meïssa Wade est allé en France et Pape Mamadou Pouye et moi sommes restés jusqu’en terminale en 1989. Concernant Ibrahim Aboukhalil, je l’ai rencontré à l’occasion d’un voyage que j’ai entrepris à destination de Londres en fin 2002. Et Pierre Agbogba m’a été présenté en fin 2002, peu après Ibrahim Aboukhalil. Quant à Karim Aboukhalil, je l’ai rencontré dans l’appartement qui servait de bureau à Mr. Karim Meïssa Wade, Ibrahim Aboukhalil et à Pape Mamadou Pouye, sur l’avenue Léopold S. Senghor à l’appartement A 17, dans un immeuble au 9ième étage.
 
 
 
Q : Pouvez-vous nous édifier sur le processus de constitution de la société AHS SA et sur son fonctionnement ?
 
R : A propos du processus de la constitution de AHS à proprement parler, je ne peux dire grand chose. Cependant, je peux affirmer, sans risque de me tromper, pour avoir été syndicaliste à Air Afrique, qu’après la liquidation de cette société et pendant que nous étions à la régie, il était prévu la création d’une seule société privée pour la prise en charge de l’activité Handling. Toutefois, deux (2) sociétés ont été créées au lieu d’une, en l’occurrence SHS et AHS. Je ne peux pas vous dire laquelle a été créée la première, mais ce qui est constant c’est que c’est Antoine NDIAYE, qui dirigeait la régie, qui est devenu le directeur de SHS, ce qui me fait penser que c’est SHS qui était prévue pour être l’unique société prévue pour assurer l’activité Handling. Par ailleurs, les syndicalistes du SUTAAS qui intervenaient dans le domaine aéroportuaire ayant voulu savoir qui était derrière la création d’AHS et n’ayant pu obtenir ces informations, se montraient dans un premier temps réticents à la création de la deuxième société AHS avant de revenir à de meilleurs sentiments et laisser s’installer cette deuxième société.
 
: Pouvez-vous être plus précis sur les circonstances ?
 
R : En fin 2002, j’ai reçu un appel téléphonique de M. Wade qui a exprimé le souhait de me rencontrer. Il m’a invité à déjeuner chez lui dans les jours qui ont suivi. J’ai accepté et je suis allé au rendez-vous chez lui, au Point E, à Dakar. Étaient présents à ce déjeuner, outre Karim M. Wade et moi-même, son épouse Karine. Lors de ce rendez-vous, Mr. Wade m’a proposé de diriger une société suisse qui envisageait de s’implanter au Sénégal. Il m’a demandé également quel était mon salaire au niveau de mon emploi que j’occupais à ce moment et, lorsque je lui ai répondu, il a rétorqué que dans la société suisse qu’il me proposait de diriger je pourrai avoir, outre les rémunérations mensuelles auxquelles j’aurais droit, des actions ou stock options. A la fin du dîner, nous avons convenu de nous revoir. Il m’a également demandé de lui envoyer mon CV. Je le lui ai envoyé dans les jours qui ont suivi et nous nous sommes fixés un autre rendez-vous pour une semaine plus tard, au Point E chez lui. Lors de ce deuxième rendez-vous, M. Pape Mamadou Pouye était présent. Ce jour là, Karim M. Wade m’a mis en rapport avec M. Pouye dans le cadre de la coopération qu’il m’avait proposée. A la fin de ce rendez-vous, M. Pouye m’a invité à le rencontrer le lendemain à l’appartement dit A17. A l’occasion de cette rencontre, la troisième donc, M. Pouye nous a fait une présentation du business plan de la société qu’ils ont présentée sous le nom de AHS SA en présence de M. Karim Wade. Ensuite, M. Karim Wade et Pape Mamadou Pouye m’ont dit que je devais entreprendre un voyage à Londres et que je rencontrerai M. Ibrahim Aboukhalil que je n’avais jamais connu auparavant, à l’aéroport de Londres. A l’occasion de ce voyage à Londres, entre octobre et novembre 2002, sans que je puisse dire la date précise, j’ai rencontré Ibrahim Aboukhalil à la correspondance à l’aéroport de Paris et, ensemble, nous avons voyagé de Paris à Londres. Nous nous sommes rendus dans les locaux de la société MENZIES Aviation. Nous avons rencontré un des responsables de la société, en l’occurrence Forthy BLACK avec qui nous avons discuté de la possibilité d’acquérir pour AHS la franchise de Menzies Aviation au Sénégal. La discussion avec Menzies Aviation a abouti et nous avons signé un protocole d’accord de franchise entre AHS et Menzies. Ensuite, je suis rentré sur Dakar et j’ai continué à travailler pour AHS. 
En ce qui concerne Pierre Agbogba, lorsqu’il est venu à Dakar en décembre 2002 pour être auditionné au 10e étage de l’immeuble ABM qui abrite aussi l’appartement A17, comme potentiel futur Président du Conseil d’Administration, j’ai participé à son audition et au cours de l’audition, M. Karim Wade est entré dans la pièce où nous étions avec Pape Mamadou Pouye et Ibrahim Aboukhalil et nous a salués. Par la suite, au cours d’une conversation téléphonique, Pape Mamadou Pouye m’a fait savoir que Karim Wade avait rencontré M. Agbogba au Palais de la République après l’entretien d’embauche de ce dernier. Quant à Karim Aboukhail, je l’ai croisé à l’immeuble ABM mais depuis je n’ai entretenu aucune relation particulière avec lui. Il n’avait aucun rôle à l’époque dans le fonctionnement.
Lors d’une réunion tenue avec M. Karim Meïssa Wade à l’appartement A17 , il a passé un appel téléphonique à une de ses relations à Paris pour me fournir un ordinateur portable de marque Sony et un téléphone portable de marque PALM TREO. Si ma mémoire est bonne, cette personne s’appelle Pierre Bénichou. Quelques jours plus tard, j’ai reçu ces deux appareils et j’ai commencé un certain nombre de travaux, pour le compte de AHS et sur les instructions de Karim Wade. Parmi ces travaux, figuraient des courriers destinés à l’administration, en particulier à l’APIX et également des fiches de description des tâches du personnel administratif de AHS. Ensuite, il m’a trouvé un rendez-vous avec la directrice de l’Apix de l’époque, Mme NIANE, à qui je devais confier, sur la demande de Karim Wade, une mission de recrutement de personnels. Mme NIANE tenait, parallèlement à ses fonctions, un cabinet de consultance. Mme NIANE a accepté la mission et a envoyé une facture pro forma.
 
En fin 2002, n’ayant pas à ce moment de bulletin de salaire, j’ai présenté la facture de mes prestations à M. Pape Mamadou Pouye. Celui-ci m’a déclaré qu’il avait besoin de l’autorisation de Karim Wade pour procéder au paiement de ladite facture. Plus tard, Karim Meïssa Wade a donné à Pape Mamadou Pouye, en ma présence, son accord pour mon paiement. Du mois d’octobre à décembre 2002, à l’appartement A17, j’ai partagé le même bureau que Karim Meïssa Wade et j’occupais la table habituellement réservée à M. Ibrahim Aboukhalil. Au cours des années suivantes, j’ai constaté qu’Ibrahim Aboukhalil et M. Karim Wade travaillaient dans le même bureau, toujours à l’immeuble A17, leurs tables se faisaient face M. Pape Mamadou Pouye occupait une pièce dans le même appartement. Il y avait également dans cet appartement, une pièce réservée au secrétariat tenue par Elisabeth Feliho. Cette dernière a eu à mettre en forme des courriers que j’avais préparés pour le compte AHS. En janvier 2003, M. Pierre Agbogba est revenu à Dakar comme PCA de AHS SA. Aussi, M. Noel DECONINCK est arrivé comme directeur des opérations. Entre janvier 2003 et février 2003, nous avons tous ensemble travaillé à la mise en place de la société AHS SA au niveau de l’aéroport. Lors du dépôt du dossier d’agrément de AHS à la direction de l’aviation civile, les documents m’ont été transmis pour dépôt par le garde du corps de M. Karim Meïssa Wade, M. Victor Kantoussan. Pendant plusieurs années, nous avons tenu régulièrement des séances de travail consacrées au fonctionnement de AHS SA auxquelles prenaient part Pape Mamadou Pouye, Ibrahim Aboukhalil et M. Karim Meïssa Wade. En 2004, M. Wade a convoqué une réunion où on devait discuter du rachat d’une partie des actions de la société concurrente SHS SA. M. Wade a, à cette occasion, présenté un document manuscrit du schéma de l’opération de rachat qu’il a photocopié et distribué à tous les participants. Il a été conclu lors de cette réunion qu’un montant de trois cents millions ou quatre cent millions de francs CFA devait être décaissé rapidement par M. Ibrahim Aboukhalil pour finaliser l’opération c’est-à-dire participer à l’actionnariat de la société SHS. Quelques jours après cette séance de travail, M. Karim Wade m’a convoqué au Palais présidentiel pour rencontrer l’un des actionnaires de SHS, Ousmane Joseph Diop que je rencontrais pour la première fois.
 
S.I.R : Je confirme que lors de notre première rencontre, Karim Wade m’a parlé d’une société de droit suisse et, bien après, j’ai compris qu’ils étaient à l’époque en négociation avec SWISS PORT spécialisée dans le HANDLING.
 
S.I.R : L’immeuble est situé sur l’avenue Léopold Sédar Senghor x rue Jules Ferry
 
S.I.R : Au moment de la présentation du business plan de AHS, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas de diriger la filiale d’une société de droit suisse mais qu’il s’agissait en fait d’une société dans laquelle M. Karim Wade était directement impliquée, ce que me confirmeront ses participations régulières aux réunions de la direction de AHS des années suivantes. L’implication de Karim Wade dans la gestion des affaires de AHS m’a été confirmée lors d’un appel téléphonique qu’il m’a passé en février ou mars 2003, au moment du démarrage effectif des activités de la société. Lors de cet appel, il m’a déclaré qu’il n’appréciait pas la position défendue par Pierre Agbogba lors d’une réunion avec la direction de l’aviation civile sur la cession par le syndic de la liquidation du matériel d’Air Afrique. A cette occasion, il m’a déclaré que si cela continuait, c’est-à-dire si Pierre Agbogba n’exécutait pas ses instructions à la lettre, il ne participerait plus aux réunions devant se tenir avec l’aviation civile.
 
S.I.R : Au moment où il m’a parlé de mon traitement salarial en qualité de directeur général de AHS, Karim Wade n’a fait référence ni à aucun chiffre ni à aucun nombre d’actions.
 
S.I.R : C’est bien M. Karim Wade qui m’a demandé de déposer mon CV pour les besoins de l’embauche.
 
S.I.R :  Karim Wade était présent lorsque Pape Mamadou Pouye nous présentait le business plan d’AHS et il a pris une part active dans cette présentation.
 
S.I.R : Lors de la rencontre à l’occasion de laquelle Papa Mamadou Pouye m’a présenté le business plan en présence de Karim Wade, aucune précision ne m’a été faite quant au rôle qu’Ibrahim Aboukhail et Pape Mamadou Pouye allaient jouer dans la même société. De la même façon aucune précision n’a été faite sur la structure de l’actionnariat.
 
S.I.R : Ce sont Karim Wade et Pape Mamadou Pouye qui ont organisé et planifié ma première rencontre avec Ibrahim Aboukhalil, à l’occasion de mon escale à Paris, lors de mon voyage à Londres.
 
S.I.R : J’ai effectivement pris part à l’entretien d’embauche de Pierre Agbogba au cours de laquelle Karim Wade est entré dans la pièce.
 
S.I.R : Je confirme également que c’est sur les instructions téléphoniques de Karim Wade que Pierre Bénichou m’a envoyé quelques jours plus tard un ordinateur portable de marque Sony et un portable de marque PALM TREO.
 
S.I.R : Sur instructions de Karim Wade, j’ai entrepris des travaux notamment des courriers destinés à l’Administration en particulier à l’APIX ainsi que l’accomplissement de fiches de description des tâches du personnel administratif de AHS. A ce propos, il m’a recommandé à la directrice de l’Apix à qui, sur sa demande, j’ai confié la mission de recrutement du personnel de AHS.
 
S.I.R : Lorsque le cabinet de consultance de la directrice de l’APIX a envoyé à AHS sa facture pro forma, aucune suite ne lui a été donnée.
 
S.I.R : Lorsque, avant d’avoir un bulletin de salaire, j’ai présenté pour paiement une facture de mes prestations, c’est sur les instructions de Karim Wade que Pape Mamadou Pouye a fait le règlement dans les circonstances que j’ai décrites précédemment.
 
S.I.R : C’est la personne qui assurait le secrétariat au niveau de l’appartement A17, Elisabeth Feliho qui a fait les démarches pour l’obtention de mes billets d’avion Dakar-Paris-Londres et ainsi que mon retour.
 
S.I.R : Elisabeth Feliho assurait le secrétariat dans l’appartement A17 pour Karim Wade, Pape Mamadou Pouye, Aboukhail Ibrahim et, par la suite, pour moi-même.
 
S.I.R : Avant de partir pour le voyage de Londres, Karim et Pape Mamadou Pouye m’ont instruit de rencontrer Ibrahim Aboukhail à la salle de conférence de British Airways à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle à Paris.
 
S.I.R : Je connais la nommée Elisabeth Feliho comme étant celle qui assurait le secrétariat à l’appartement A17 comme je l’ai expliqué précédemment. Pendant notre collaboration, elle m’a présenté une autre dame du nom de Dior dont je ne connais pas l’identité complète, comme étant sa sœur. Cette dernière n’intervenait pendant que j’étais à AHS que pour assurer des remplacements. Toutefois, je ne peux dire si Elisabeth Feliho est la même personne qu’Elisabeth Dior Chavès.
 
S.I.R : J’avais gardé des contacts avec Pape Mamadou Pouye et je pense que c’est lui qui a dû les donner à Karim Wade que je n’avais plus revu depuis le collège.
 
S.I.R : Le document portant description des fonctions du personnel administratif de la société AHS que Karim Wade m’avait demandé d’établir lui a été remis par mes soins main à main.
 
S.I.R : Le document portant sur les schémas d’opération de rachat des actions de la société SHS par la société AHS a été présenté par Karim Wade au cours d’une réunion sur un imprimé. Il ne nous l’a pas transmis par voie électronique.
 
S.I.R : Le dossier afférent à la demande d’agrément de AHS à la direction de l’aviation civile m’a été transmis pour dépôt par Victor Kantoussan, garde du corps de Karim M. Wade.
 
S.I.R : Karim Wade ne participait à toutes les réunions de AHS mais il intervenait au cours des plus importantes, notamment lors de celle relative à la prise de participation de AHS dans la société concurrente SHS. A l’occasion de l’une de ces réunions, c’est lui-même qui a présenté un document manuscrit fait par lui-même et qu’il avait distribué à tous les participants.
 
S.I.R : J’ai détruit plusieurs de ces documents parmi tant d’autres avant de quitter AHS.
 
S.I.R : A l’issue de cette réunion, la résolution a été prise qu’Ibrahim Aboukhail décaisse trois cents à quatre cents millions de francs Cfa pour les besoins de cette prise de participation. Toutefois, même si je ne peux pas dire que c’est Karim qui a donné l’ordre formel de ce décaissement, j’ai eu l’impression qu’ils s’étaient déjà entendus sur la question.
 
S.I.R : Quelques jours après cette réunion, Karim Wade m’a convoqué à la Présidence de la République où il m’a fait rencontrer Ousmane Joseph Diop, l’un des actionnaires de SHS que je voyais pour la première fois.
 
S.I.R : Un jour, Karim Wade m’a effectivement appelé pour me faire part de son mécontentement quant au résultat que Pierre Agbogba a obtenu dans la cession-répartition du matériel d’assistance au sol appartenant à la défunte Air-Afrique. Il avait même menacé de lui interdire de prendre part aux prochaines réunions, s’il ne respectait pas à la lettre ses instructions.
 
S.I.R : Au début, dans le business plan de AHS, il était question que cette société s’approvisionne en matériel neuf d’assistance au sol sur le marché international. Cependant, avec la liquidation de la société Air Afrique, Karim est intervenu auprès de AHS pour que celle-ci achète directement la majeure partie du matériel appartenant à la société Air Afrique en liquidation et ce pour asphyxier du même coup la société concurrente SHS qui se serait retrouvée dans l’obligation de s’approvisionner au prix coûtant sur le marché international.
 
: Quel rapport avez-vous eu avec la société AHS et dans quelles circonstances ?
 
: J’ai été successivement Directeur Général et Président du Conseil d’Administration après Agbogba et Président directeur général de la société AHS de fin 2002 au 15 janvier 2007 Cumulativement à ces fonctions, j’ai exercé un mandat d’administrateur dans certaines sociétés du groupe, notamment à AHS Bénin, AHS Niger, AHS International et à Menzies Afrique.
 
Q : Pouvez-vous nous édifier sur le processus de constitution de la société AHS SA et sur son fonctionnement ?
 
R : Lorsque je suis arrivé à la société AHS, elle était juridiquement créée au cabinet de la notaire Me Patricia Lake Diop. Je n’ai eu à signer que ma décision de nomination au poste de directeur général.
 
: Savez-vous qui sont les personnes qui ont créé AHS SA ?
 
R : Pierre Agbogba est le PCA chargé du développement du groupe AHS. Son nom est apparu pour la première fois lorsque les syndicalistes ont exprimé leur réticence au démarrage des activités de AHS. Lors du recrutement du personnel, il est passé dans les locaux où se faisait le recrutement.
 
S.I.R : En sa qualité de PCA chargé du développement du groupe AHS, Pierre Agbogba ne pouvait pas avoir pris part à la création des autres entités du groupe dans la sous-région. Par ailleurs, je peux affirmer, sans risque de me tromper, que c’est lui qui a piloté le projet et la mise en place de AHS Line Maintenance.
 
S.I.R : En ma qualité de directeur adjoint des opérations, de novembre 2007 à nos jours, j’établis les rapports hebdomadaires incluant les éléments de productivité ainsi que le chiffre d’affaires par semaine, je peux dire, sans risque de me tromper, que le chiffre d’affaires annuel de AHS s’est chiffré pour l’année 2012 à un peu moins de cinq milliards de francs CFA. Ce résultat devait prendre en compte les sociétés telles AHS Voyage, AHS General Sale Agence et AHS Line Maintenance.
 
S.I.R : Je sais quelles recettes faisaient AHS entre 2008 et 2012 mais je ne sais pas quelle destination leur est réservée.
R : Lorsque je suis arrivé à AHS, les deux noms qui figuraient, comme fondateurs, dans les documents dont je disposais étaient Paul Sarr et Madeleine Sarr. Ces deux personnes ne sont, en fait, jamais intervenues dans la gestion et le fonctionnement de la société AHS.
 
: Quels étaient les dirigeants de AHS SA ?
 
R : Pendant mon temps de présence à AHS entre 2002 et 2007, la société était en fait dirigée par Karim Wade et Ibrahim Aboukhalil compte tenu de la description des tâches et autres actes que ces personnes ont eu à poser.
 
Q : En tant que Directeur Général de AHS, Karim Wade vous donnait-il des instructions dans le cadre des activités de ladite société ?
 
R : Effectivement, il me donnait des instructions à l’occasion des réunions ou par téléphone. A titre d’exemple, je peux citer le recrutement de mon chauffeur Albert SAMY dont j’ai découvert plus tard qu’il était le cousin de son garde du corps Victor Kantoussan. Il en est de même du recrutement d’une autre personne, dont j’ai oublié le nom, en qualité de manutentionnaire.
 
Q : A votre connaissance, quelles sont les relations qui lient AHS SA au groupe Menzies Aviation ?
 
R : les deux sociétés étaient liées par un contrat de franchise, d’assistance technique et de licence de marque.
 
Q : Karim Meïssa Wade est-il intervenu dans le processus de création des sociétés offshore Menzies Afrique centrale, Menzies Afrique et AHS International ?
 
R : Je ne suis pas au courant du processus de création des sociétés offshores susvisées et par conséquent je ne peux dire si Karim Wade y a pris part ou non.
 
: En tant qu’ancien Directeur général de l’entreprise, savez-vous quels sont les véritables bénéficiaires économiques de cette société ?
 
R : Je pense que les véritables bénéficiaires économiques de cette société sont Karim Meïssa Wade et Ibrahim Aboukhalil. Quant à Pape Mamadou Pouye, c’est bien après mon départ que j’ai appris qu’il faisait partie des bénéficiaires.
 
Q : Avez-vous connaissance d’autres sociétés créées à l’aéroport Léopold Sédar Senghor en rapport avec AHS SA ?
 
R : Je sais que, de façon formelle, la société A.B.S SA était dirigée depuis l’appartement A17 que nous occupions Ibrahim Aboukhalil, Pape Mamadou Pouye, Karim Wade et moi-même. Pour conforter ce que je viens de dire, je trouvais souvent sur place des papiers à entêtes de la société ABS en plus du fait que Alioune Samba Diassé y venait souvent, Pape Mamadou Pouye m’a souvent parlé des activités de cette société.
 
S.I.R : Je ne peux dire de façon certaine si Karim Meïssa Wade bénéficiait des retombées économiques de la société ABS, mais j’ai toujours pensé que les sociétés dont les activités se décidaient dans l’appartement A17 bénéficiaient économiquement à Karim Wade, Ibrahim Aboukhalil et Pape Mamadou Pouye.
 
Q : Connaissez-vous les nommés Lamine Guèye de la CSTTAO et Ousmane Joe Diop de SHS ? Si oui, dans quelles circonstances ?
 
R : Ousmane J. Diop m’a été présenté par Karim Wade dans les circonstances que j’ai précédemment décrites. Quant à Lamine Guèye, je l’ai connu à l’occasion des réunions que nous tenions dans les locaux de l’aviation civile et portant sur la cession-répartition du matériel d’Air Afrique. Lamine Guèye n’a jamais participé à une réunion regroupant les dirigeants de AHS et à laquelle j’ai pris part. Cependant, lors de la réunion relative à la prise de participation dans la société SHS, son nom a été évoqué comme étant l’actionnaire de SHS qui voulait céder ses parts à AHS. Par ailleurs, je dois préciser que Lamine Guèye était PCA de SHS en même temps que dirigeant de la CSTTAO.
 
Q : Que savez-vous de la création et du fonctionnement des différentes filiales de la société AHS SA qui ont été créées au Sénégal, en Afrique et dans le monde ?
 
R : Jusqu’à mon départ de AHS, AHS Jordanie n’existait pas. Hormis la société AHS Malabo, fondée par Ibrahim Aboukhalil, les autres AHS (Bénin, Bissau, RCA, Ghana, Niger) ont toutes été créées par Pierre Agbogba. Quant aux sociétés offshore que sont Menzies Afrique, Menzies Afrique centrale et AHS internationale ont été créées par Pape Mamadou Pouye, sans que je n’en sois certain parce que c’est lui qui était au centre de toute l’organisation du groupe.
 
: Avez-vous connaissance des sociétés dans lesquelles il y a des prises de participation de AHS Handling ?
 
R : Avant mon départ de AHS, il a été question d’un montage relatif à la création d’une société sous l’appellation de SENCA, avec les sociétés SHS et Dakar CATERING. C’est bien après que j’ai appris que la société SENCA a été effectivement fondée. A ma connaissance, elle devait être spécialisée dans le nettoyage des avions.
 
Q : Savez-vous comment la société AHS Handling obtenait ses agréments ?
 
R : La société AHS Handling obtenait ses agréments à la suite d’interventions de Karim Wade. A titre illustratif, à l’occasion du démarrage des activités de AHS, à mon arrivée, Karim Wade m’a trouvé un rendez-vous auprès de Mamadou Seck, ministre des transports de l’époque à qui je devais présenter le dossier AHS. A cette occasion, Karim Wade m’a dit exactement : «Je veux que quand il te voit, il sache que c’est moi qu’il voit ».
 
Q : Connaissez-vous la société dénommée AHS Ground Sale Agent ? Si oui, dans quelles circonstances ?
 
R : C’est moi-même qui ai créé, pour le compte de AHS, la société AHS General Sale Agent et non Ground Sale Agent, auprès de la notaire Me Tamaro Seydi. Pour ce faire, j’ai versé entre les mains de la notaire le capital d’un montant d’un million de francs que j’ai prélevé dans ma caisse à AHS Handling. Cette société était spécialisée dans le courtage du fret aérien.
 
S.I.R : Pendant ma présence à AHS Handling, AHS Voyages n’existait pas.
 
Q : Savez-vous comment était tenue la comptabilité de AHS SA ?
 
R : La comptabilité de AHS était tenue, au départ, par la dame Ndiaye Samb et à partir de 2004, le service de la comptabilité était supervisé par Evelyne DELATRE.
 
S.I.R : Je connais bien la nommée Aïssatou Konaté recrutée avec l’accord des dirigeants de la société. Elle a été recrutée en qualité de directrice administrative et financière. A ce titre, elle a géré la comptabilité mais, au bout d’un an, elle a été mutée comme Directrice des ressources humaines.
 
S.I.R : J’ai connu Cheikh Tidiane Ndiaye qui a été recruté après la liquidation d'Air Afrique. Je l’ai recruté comme agent d’opérations. Pendant tout le temps que nous avons travaillé ensemble, on a eu une franche collaboration et je le considérais comme un bon agent.
 
S.I.R : Nous avions une caisse en espèces au niveau de AHS et chaque semaine ou deux semaines, sur réclamation de Pape Mamadou Pouye, je lui versais des sommes d’argent en espèces.
 
Q : Pourquoi, n’étant pas agent de la comptabilité, en votre qualité de DG, censé être le supérieur hiérarchique de Pape Mamadou Pouye, acceptiez-vous, sur simple demande de sa part, de lui remettre des sommes d’argent cash sans aucune traçabilité ?
 
R : C’est Karim Wade qui m’avait dit que Pape Mamadou Pouye était mon supérieur hiérarchique et que je devais suivre ses instructions.
 
S.I.R : Ces sommes étaient comptabilisées comme étant versées MENZIES Afrique centrale ou à MENZIES Afrique.
 
S.I.R : Je n’ai pas la certitude que ces sommes étaient réellement versées à la société.
 
S.I.R : Les sommes versées à Pape Mamadou Pouye étaient dans l’ordre de trois à quatre millions de francs par semaine.
 
S.I.R : La caisse d’où étaient tirées ces sommes, était alimentée à partir des recettes.
 
S.I.R : AHS avait un seul compte bancaire à la Société Générale de Banques au Sénégal et AHS GSA avait ouvert un compte dans les livres de la CBAO. Jusqu’à mon départ, il n’y avait que ces deux comptes.
 
S.I.R : Je ne connais pas d’autres comptes bancaires appartenant à AHS, notamment à l’étranger.
 
S.I.R : Des versements journaliers étaient faits dans le compte de AHS, mais on avait ouvert ces caisses pour avoir de l’argent liquide pour faire face aux dépenses courantes de la société.
 
S.I.R : Le Commissaire aux comptes de AHS était un libano-syrien dont j’ai oublié le nom et qu’Ibrahima Aboukhalil avait recommandé à AHS. Pendant tout mon temps de présence, il a certifié les comptes de la société sans y avoir jamais mis les pieds et, pour ce faire, je le rejoignais dans ses bureaux sis à l’avenue Lamine Guèye à Dakar. Je vous donnerai ultérieurement son nom et ses coordonnées.
 
S.I.R : Avant mon arrivée, la société AHS a été créée avec un capital de dix millions de francs CFA qui a, plus tard, été porté à deux-cent cinquante millions de francs cfa, pour se conformer aux termes de références établis par le ministère de tutelle, pour obtenir l’agrément et la licence délivrée par l’ANACIM. Curieusement à mon arrivée, je me suis aperçu, en lisant les relevés de compte, que le montant de l’augmentation du capital c’est-à-dire les 250 millions de francs Cfa, avait été retiré du compte quelques temps après le dépôt. Ce qui m’a laissé penser que l’augmentation du capital n’était qu’une simulation ou était fictive.
 
S.I.R : Je n’ai pas été licencié et je n’ai pas démissionné de la société AHS. En décembre 2006, j’ai été approché par Ibrahim Aboukhalil qui m’a fait part de ce qu’il voulait me confier la gestion d’une autre société dénommée AHS DEVELOPPEMENT qui devait se charger de l’extension géographique de la société mère. Vers le 15 janvier 2007 Ibrahim Aboukhalil m’a dit que je devais cesser service et c’est ainsi que j’ai arrêté de venir au bureau pendant trois mois, période durant laquelle je continuais à percevoir mon salaire. C’est au mois de mars 2007 que, sur ma demande insistante, un chèque qui devait servir à payer le loyer des bureaux de AHS DEVELOPPEMENT m’a été remis. En réponse, j’ai transmis un devis pour l’équipement des bureaux de ladite société mais aucune suite n’a été donnée à ma demande. Au bout d’un certain temps, le paiement de mes salaires a été arrêté et j’en ai déduit que les dirigeants de AHS ont voulu se séparer de moi. Je n’ai fait aucune procédure ni formulé aucune demande pour obtenir une indemnisation.
 
Plus n’a été entendu à 18 heures et 20 minutes, lecture faite, persiste et signe avec Nous et le Greffier,

Burkina: l'armée prend le pouvoir après une journée d'émeute contre Blaise Compaoré

Nabéré Honoré Traoré, chef d`état-major des armées
L'armée a pris le pouvoir jeudi soir au Burkina Faso, annonçant la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée et instaurant un couvre-feu, après une journée d'émeute contre le régime de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans.
Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président: le Burkina s'est enflammé jeudi, et cette crise d'une ampleur exceptionnelle en Afrique subsaharienne a provoqué l'intervention des militaires.
Le président Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1987, ne s'est pas exprimé depuis samedi. Il devrait le faire à 20H00 locales et GMT sur deux radios de Ouagadougou, selon des journalistes de ces stations, dont l'AFP n'a pu joindre les directions.
Les pouvoirs exécutifs et législatifs seront assumés par un organe de transition, avec l'objectif d'un retour à l'ordre constitutionnel "dans un délai de douze mois", selon un communiqué du chef d'état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, lu par un officier lors d'une conférence de presse.
Un couvre-feu est imposé "sur l'ensemble du territoire de 19h à 6h" pour "préserver la sécurité des personnes et des biens".
La prise de pouvoir de l'armée est pour l'instant assez mal acceptée par les manifestants, a constaté un journaliste de l'AFP. Quelques centaines d'entre eux ont appelé à des sit-in dans la capitale pour éviter ce coup d'Etat.
Les responsables de l'opposition n'ont pour l'instant pu être joints par l'AFP.
Plus tôt dans la journée, le régime avait tenté de calmer les esprits en annonçant l'annulation du vote du projet de révision constitutionnelle, prévu jeudi, qui avait mis le feu aux poudres.
Face à ce que le gouvernement sénégalais a qualifié de "soulèvement populaire", l'Union africaine a fait part de sa "profonde préoccupation" et appelé "toutes les parties concernées à faire preuve de la plus grande retenue".
L'Union européenne a lancé un appel à "engager rapidement un dialogue" et à mettre fin aux violences.
- télévision prise d'assaut -
Partenaires du Burkina Faso, qui joue un rôle-clé dans l'instable zone sahélienne, Paris et Washington étaient auparavant montés au créneau. La France, ex-puissance coloniale, a plaidé pour un "retour au calme" et les Etats-Unis ont exprimé leur "vive inquiétude". L'ONU, comme l'UA, a décidé d'envoyer sur place un émissaire.
Dans l'après-midi, les grandes manoeuvres ont commencé. Le général en retraite Kouamé Lougué, à qui des dizaines de milliers de manifestants ont demandé de prendre le pouvoir, a rencontré le chef d'état-major Nabéré Honoré Traoré, ainsi que les plus hauts gradés du pays.
Très apprécié des troupes et de la population, Kouamé Lougué, ancien chef d'état-major et ministre de la Défense jusqu'à son limogeage en 2003, s'est aussi entretenu avec une autorité coutumière très respectée dans le pays, le Mogho Naba, le "roi" des Mossi, l'ethnie la plus nombreuse au Burkina.
"L'armée est soudée avec le peuple", avait affirmé Bénéwendé Sankara, l'un des ténors de l'opposition, demandant "la démission pure et simple du président Blaise Compaoré".
Ces tractations se sont ouvertes après que la capitale Ouagadougou a sombré dans le chaos dans la matinée, sous l'oeil de forces de l'ordre plutôt passives.
Les violences ont fait au moins un mort, un homme tué à quelques centaines de mètres du domicile de François Compaoré, frère cadet du chef de l'Etat et personnalité influente du régime.
Aux abords du palais présidentiel, la tension restait palpable en fin d'après-midi. Plusieurs centaines de manifestants faisaient face aux soldats de la garde présidentielle. Certains soldats ont effectué des tirs de sommation.
Autre symbole du pouvoir attaqué: la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). Plusieurs centaines de personnes sont entrées dans ses locaux, où elles ont pillé le matériel, avant de quitter les lieux. Les transmissions ont été coupées. La diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI) a également été interrompue à Ouagadougou.
- 'Printemps noir' -
Des troubles ont également été signalés à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays (sud-ouest). La mairie et le siège du parti présidentiel y ont été incendiés, selon des témoins.
Les vols en direction de Ouagadougou ont été annulés, mais un avion a décollé dans l'après-midi, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le Burkina a basculé dans la crise avec l'annonce, le 21 octobre, d'un projet de révision constitutionnelle portant de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.
Arrivé aux affaires il y a 27 ans à l'issue d'un putsch, le président Compaoré devait achever l'an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015).
Lui qui a déjà modifié deux fois l'article 37 de la Loi fondamentale, en 1997 puis en 2000, pour se maintenir au pouvoir, défend la stricte légalité de sa démarche pour cette troisième retouche.
Les opposants se prenaient ces derniers jours à rêver d'un renversement du régime, longtemps considéré comme l'un des plus stables de la région.
Un "printemps noir au Burkina Faso, à l'image du printemps arabe", lançait mercredi l'opposant Emile Pargui Paré.
Mardi, des centaines de milliers de personnes - un million, selon l'opposition - étaient descendues dans la rue à Ouagadougou pour dénoncer un "coup d'Etat constitutionnel".

Manifestation contre la modification de la Constitution : Plusieurs domiciles de leaders du CDP incendiés à Bobo-Dioulasso

La journée du jeudi 30 octobre 2014 restera gravée à jamais dans l’histoire du Burkina Faso. En effet, en colère contre la révision de la constitution qui permettrait à Blaise Compaoré de briguer un autre mandat en 2015, des manifestants à Bobo-Dioulasso ont pris pour cibles certains services publics et particulièrement des domiciles des ténors du CDP dans cette ville qu’ils ont incendiés. Pour l’heure, il est difficile d’évaluer les dégâts au regard de leur ampleur.
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Manifestation contre la modification de la Constitution : Plusieurs domiciles de leaders du CDP incendiés à Bobo-Dioulasso
A Sya, la matinée du jeudi 30 octobre 2014 était relativement calme. Mais, aux environs de 8h30mn, la ville est submergée par la fumée du gaz lacrymogène utilisé pour d’abord disperser quelques jeunes qui tentaient de libérer leurs camarades, alors détenus au camp de gendarmerie Kuinima. Mais, vers 9heures, les évènements ont pris une autre tournure. Tous les artères de la ville sont investit par des jeunes scandant « non au référendum », « la patrie ou la mort nous vaincrons ». Ainsi, compliquaient-ils la tache aux forces de l’ordre et de sécurité. Au centre ville, ce sont des courses poursuites. Déterminés, les jeunes, malgré l’effet du gaz lacrymogène, faisaient des va-et-vient, brulant des pneus sur les principales routes, barricadant certaines et criant « libérez, libérez ». Ce scénario, à l’allure d’un film hollywoodien, va durer environ une heure et demie. Vers 10 heures environs, un groupe de jeunes en colère ont pris d’assaut l’hôtel de ville (mairie de Bobo) qu’ils ont incendiée.
Pendant ce temps, un autres groupe continuait de mettre la pression sur les gendarmes qui détiennent par devers eux, leurs camardes, et ce, en vue d’obtenir leur libération. Vers 10h30, une liesse de joie envahit les différents groupes de manifestants et les jeunes courent vers la même direction. Qu’est ce qui s’y passe ? Curiosité oblige. De loin, ce sont les responsables de la société civile arrêtés la veille qui sont percevables. Sous la pression de la rue, ils ont été relaxés. Sur le véhicule, les leaders avec les jeunes derrières eux, ont convergés vers l’hôtel 421 où ils se sont arrêtés pour chanter l’hymne nationale. Après cet exercice, ils ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène et ont constitués des groupuscules pour investir toute la ville.
Des domiciles des leaders du CDP et de certains de leurs proches pris pour cibles
Divisés en groupuscules, les jeunes étaient incontrôlables. « Cela fait 27 ans qu’ils nous volent. Allons leur rendre visite » clamaient bon nombre d’entre eux. Ainsi, ont-ils décidés de rendre visite à des leaders du parti de Blaise Compaoré. Alfred Sanou, président du conseil régional des Hauts-Bassins ; Salia Sanou, maire de la commune de Bobo ; El Hadj Barro Djandjinaba, président de la chambre de commerce de l’ouest et ami de Blaise Compaoré, Mamou Doukouré, opératrice économique ; Soungalo Apollinaire Ouattara, président de l’Assemblée Nationale ; des maires d’arrondissement et d’autres proches du parti au pouvoir ont vu leurs cours saccagés puis incendiés. Outre les domiciles, le siège du CDP a aussi été incendié. Tous les domiciles et services incendiés étaient pourtant surveillés par des forces de l’ordre et de sécurité. Mais, face à la détermination des manifestants, ceux-ci ont vite désertés les lieux, laissant libre champ aux manifestants.
La liste des dégâts est loin d’être exhaustive. Le retrait du projet de loi portant révision de la constitution a suscité une joie chez les manifestants qui criaient « victoire » tout en continuant de sillonner la ville. Sauf erreur de notre part, aucun commerce de particulier n’a été touché pour le moment. Mais, le moins que l’on puisse dire est que la situation va dégradante. Pour l’heure, il est difficile déchiffrer les dégâts.
Chez le président du conseil régional, en plus de son domicile, quatre véhicules ont été saccagés puis incendiés. Jusqu’à présents, on ignore la situation de bon nombre d’autorités de la ville. Le gouverneur par contre, aurait quitté la ville à bord d’une ambulance. Face à cet évènement, la ville est restée morte toute la journée. Seuls les manifestants, les forces de l’ordre et de sécurité ainsi que des journalistes occupent les rues de la ville de Sya. Au moment où nous bouclions cet article, nous avons appris qu’un cousin à Chantal Compaoré, résident à Bobo-Dioulasso aurait tiré sur des manifestants qui allaient lui rendre visite et qu’un manifestant serait mort.
Par Mady BAZIE

Jeudi noir au Burkina : les manifestants craignent une « trahison » de la part des opposants

Au 3e jour de la désobéissance civile, le peuple burkinabè prend les rênes de sa destinée. L’Assemblée nationale, l’un des symboles forts de la « pseudo-démocratie » tombe, la radio-nationale saccagée, des immeubles et résidences pillés et brûlés ; bref Kossyam est en ligne de mire pour les manifestants ce jeudi 30 octobre 2014, malgré l’annulation du projet de loi de la modification de l’article 37.
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Jeudi noir au Burkina : les manifestants craignent une « trahison » de la part des opposants
« Jamais une marche n’a changé une loi ». Ainsi se défendait Blaise Compaoré sur la question du sénat le 31 juillet 2013. Quinze mois après, l’Histoire le rattrape. En riposte à la décision du pouvoir de modifier l’article 37 par référendum, la population burkinabè a répondu présent à l’appel du CFOP pour la désobéissance civile. Si le mardi dernier, les manifestants ont été « tendres » avec le régime en place, ce ne fut pas le cas ce jeudi 30 octobre 2014.
« Des morts par balles, il y en a eu ; mais la révolution, notre révolution n’aura pas été vaine et inutile », lançait Adama Ouédraogo un manifestant, en brandissant le poing. Tout comme lui, ce sont des milliers de personnes qui scandaient le nom du Général Kouamé Lougué à la place de la Nation puis au palais du Mogho Naaba Baongo. Impatients, la foule attendait bruyamment Zéphirin Diabré, Roch M. C. Kaboré, le Général de division Honoré Nabéré Traoré et le Général Kouamé Lougué réunis en conclave chez l’Empereur des Mossé. Si certains désiraient se rendre dare-dare sur Kossyam avec leurs libérateurs, d’autres par contre craignaient par anticipation, une « trahison » de la part des opposants.
Le Burkina, en alerte rouge
« L’annonce faite dans la soirée par le président Blaise Compaoré augure beaucoup d’interrogations dans nos esprits », nous confie une manifestante spatule en main. En effet, le locataire de Kossyam vient de dissoudre le gouvernement, décréter l’état de siège et annoncer des négociations avec l’opposition. Devrait-on s’attendre à une réaction plus violente de la population si l’opposition suivait le pouvoir en place en acceptant un gouvernement d’union nationale ? Doit-on également s’attendre à une année blanche dans les écoles et universités à l’allure où vont les évènements ?
Pendant la destruction de l’Assemblée Nationale, il se susurrait que les députés avaient discrètement rejoints l’Ambassade de France à travers un tunnel secret. Ces rumeurs n’ont cependant pas empêché les foules de mettre à sac les résidences de certains ténors du CDP tels que François Compaoré, Alizèta Ouédraogo et des députés de l’ADF-RDA tels que Yacouba Ouédraogo. On dénombre en revanche plus de 3 morts et une soixantaine de blessés admis à Yalgado.
Bassolé Herman Frédéric (Stagiaire)