La journée du jeudi 30 octobre 2014 restera gravée à jamais dans l’histoire du Burkina Faso. En effet, en colère contre la révision de la constitution qui permettrait à Blaise Compaoré de briguer un autre mandat en 2015, des manifestants à Bobo-Dioulasso ont pris pour cibles certains services publics et particulièrement des domiciles des ténors du CDP dans cette ville qu’ils ont incendiés. Pour l’heure, il est difficile d’évaluer les dégâts au regard de leur ampleur.
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A Sya, la matinée du jeudi 30 octobre 2014 était relativement calme. Mais, aux environs de 8h30mn, la ville est submergée par la fumée du gaz lacrymogène utilisé pour d’abord disperser quelques jeunes qui tentaient de libérer leurs camarades, alors détenus au camp de gendarmerie Kuinima. Mais, vers 9heures, les évènements ont pris une autre tournure. Tous les artères de la ville sont investit par des jeunes scandant « non au référendum », « la patrie ou la mort nous vaincrons ». Ainsi, compliquaient-ils la tache aux forces de l’ordre et de sécurité. Au centre ville, ce sont des courses poursuites. Déterminés, les jeunes, malgré l’effet du gaz lacrymogène, faisaient des va-et-vient, brulant des pneus sur les principales routes, barricadant certaines et criant « libérez, libérez ». Ce scénario, à l’allure d’un film hollywoodien, va durer environ une heure et demie. Vers 10 heures environs, un groupe de jeunes en colère ont pris d’assaut l’hôtel de ville (mairie de Bobo) qu’ils ont incendiée.
Pendant ce temps, un autres groupe continuait de mettre la pression sur les gendarmes qui détiennent par devers eux, leurs camardes, et ce, en vue d’obtenir leur libération. Vers 10h30, une liesse de joie envahit les différents groupes de manifestants et les jeunes courent vers la même direction. Qu’est ce qui s’y passe ? Curiosité oblige. De loin, ce sont les responsables de la société civile arrêtés la veille qui sont percevables. Sous la pression de la rue, ils ont été relaxés. Sur le véhicule, les leaders avec les jeunes derrières eux, ont convergés vers l’hôtel 421 où ils se sont arrêtés pour chanter l’hymne nationale. Après cet exercice, ils ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène et ont constitués des groupuscules pour investir toute la ville.
Des domiciles des leaders du CDP et de certains de leurs proches pris pour cibles
Divisés en groupuscules, les jeunes étaient incontrôlables. « Cela fait 27 ans qu’ils nous volent. Allons leur rendre visite » clamaient bon nombre d’entre eux. Ainsi, ont-ils décidés de rendre visite à des leaders du parti de Blaise Compaoré. Alfred Sanou, président du conseil régional des Hauts-Bassins ; Salia Sanou, maire de la commune de Bobo ; El Hadj Barro Djandjinaba, président de la chambre de commerce de l’ouest et ami de Blaise Compaoré, Mamou Doukouré, opératrice économique ; Soungalo Apollinaire Ouattara, président de l’Assemblée Nationale ; des maires d’arrondissement et d’autres proches du parti au pouvoir ont vu leurs cours saccagés puis incendiés. Outre les domiciles, le siège du CDP a aussi été incendié. Tous les domiciles et services incendiés étaient pourtant surveillés par des forces de l’ordre et de sécurité. Mais, face à la détermination des manifestants, ceux-ci ont vite désertés les lieux, laissant libre champ aux manifestants.
La liste des dégâts est loin d’être exhaustive. Le retrait du projet de loi portant révision de la constitution a suscité une joie chez les manifestants qui criaient « victoire » tout en continuant de sillonner la ville. Sauf erreur de notre part, aucun commerce de particulier n’a été touché pour le moment. Mais, le moins que l’on puisse dire est que la situation va dégradante. Pour l’heure, il est difficile déchiffrer les dégâts.
Chez le président du conseil régional, en plus de son domicile, quatre véhicules ont été saccagés puis incendiés. Jusqu’à présents, on ignore la situation de bon nombre d’autorités de la ville. Le gouverneur par contre, aurait quitté la ville à bord d’une ambulance. Face à cet évènement, la ville est restée morte toute la journée. Seuls les manifestants, les forces de l’ordre et de sécurité ainsi que des journalistes occupent les rues de la ville de Sya. Au moment où nous bouclions cet article, nous avons appris qu’un cousin à Chantal Compaoré, résident à Bobo-Dioulasso aurait tiré sur des manifestants qui allaient lui rendre visite et qu’un manifestant serait mort.
Par Mady BAZIE
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