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mardi 2 septembre 2014

«Les dépenses de personnel sont estimées à 717 milliards, c’est insoutenable pour les recettes fiscales»

amadou ba
L’OBS – La masse salariale des fonctionnaires est insupportable pour les recettes de l’Etat. Le ministre de l’Economie, des finances et du plan qui présidait hier un atelier sur la politique macroéconomique et les réformes structurelles pour l’année 2015, estime qu’il va falloir repenser leur régime indemnitaire.
Ils sont avertis. Les fonctionnaires vont devoir subir une révision de leur régime indemnitaire. En marge d’un atelier sur la politique macroéconomique et les réformes structurelles pour l’année 2015, tenu hier à Dakar, le ministre de l’Economie, des finances et du plan a été on ne peut plus clair. Amadou Bâ a affirmé que la masse salariale des fonctionnaires est insoutenable pour les recettes de l’Etat. Sur ce, il a préconisé une révision du régime alimentaire des fonctionnaires sénégalais dans le cadre d’une réflexion générale sur le poids de la masse salariale sur le budget de l’Etat. Selon lui, toute action réformiste appelle certaines ruptures. «Les ruptures ne sont pas simples. Elles sont dans la majorité des cas, douloureuses en ce sens qu’elles requièrent souvent une remise en cause de nos certitudes les plus affirmées et de nos croyances les plus ancrées. L’une des ruptures les plus urgentes est celle liée à l’appréhension qu’on se fait du budget de l’Etat. La première des sincérités est de nous interroger sur la légitimité que nous faisons supporter à la nation toute entière par le biais de la masse que nous inscrivons, année après année, à un rythme toujours plus croissant dans ce budget», se fait-il savoir.
Convoquant les chiffres, Amadou Bâ explique : «Nous sommes combien ? 100 540 agents émargeaient à la solde au début de l’année 2014, soit moins d’un pour cent de la population sénégalaise. Et pourtant, selon les dernières analyses, les dépenses de personnel sont estimées à 717 milliards de Francs Cfa, soit 43% des recettes budgétaires de la même année (1 548 milliards).» Et à cela s’ajoutent les «subventions accordées à la Société nationale d’électricité (Senelec) et à la Société africaine de raffinage (Sar) et d’autres rémunérations du service public ressortent à 124 milliards de FCfa en 2014, soit 8% des recettes budgétaires et les intérêts sur la dette publique sont évalués à 148 milliards».
Une situation qui fait que les marges de manœuvres budgétaires sont très limitées. «Après ces trois postes, il ne reste des recettes budgétaires que 559 milliards FCfa pour faire face au fonctionnement de l’administration et aux besoins immenses d’investissement dans des secteurs-clés comme l’agriculture, l’énergie, les infrastructures, l’éducation, la santé. Ce qui ne permet pas une bonne mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE), le nouveau référentiel des pouvoirs publics sénégalais. Il urge donc, si nous voulons financer le PSE tout en préservant la viabilité de nos finances publiques, de restaurer les marges budgétaires à court terme»,  plaide le ministre de l’Economie et des finances. Qui ajoute que : «Dans le domaine budgétaire, des mesures concrètes immédiatement actionnables, mais réalisables en 2015 sont attendues pour l’amélioration du recouvrement des recettes fiscales, la rationalisation des dépenses publiques, entre autres.»
Réduction du coût de l’électricité : Dans les projets-phares que l’Etat compte adopter en 2015, figurent en bonne place le secteur de l’agriculture avec la culture vivrière pour l’autosuffisance alimentaire en riz, les habitats sociaux, entre autres. Mais aussi le secteur de l’énergie sera repensé. Les techniciens de ce ministère ont assuré qu’il y aura une diversification des sources de production énergétique en vue d’une réduction du soutien de l’Etat et du coût de l’électricité. Le ministère compte aussi améliorer l’équilibre offre-demande en augmentant la capacité de production. Ils entendent aussi renforcer la gouvernance en régulant le secteur de l’énergie. Une régulation qui passe par la création du code de l’électricité.
Et au sortir de cet atelier, il est attendu un plan d’action assorti d’un calendrier précis qui permettra de finaliser le mémorandum sur la politique macroéconomique et les réformes structurelles, qui traduit les politiques et mesures que le gouvernement entend exécuter en 2015 pour atteindre les objectifs qu’il s’est assignés.
CODOU BADIANE

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