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vendredi 26 septembre 2014

Guinée : les équipes anti-Ebola confrontées à l'hostilité de certains habitants

La capitale Conakry
L’épidémie d’Ebola continue ses ravages en Afrique de l’Ouest, où les équipes de prévention font face à l’animosité de certains habitants. Reportage en Guinée forestière, où la France s’est engagée à ouvrir prochainement un hôpital.
Au centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières (MSF) à Guéckédou, en Guinée forestière (sud du pays), le personnel est encore sous le choc du guet-apens tendu il y a une semaine à 150 km de là. Le 16 septembre, huit personnes, faisant partie d’une campagne de sensibilisation à Ebola, ont été tuées par des villageois dans la région de N'Zérékoré. Les habitants les soupçonnaient de venir propager le virus.
Sept mois après le début officielle de l'épidémie, certaines communautés continuent de penser que les équipes médicales ne viennent pas pour les sauver, mais pour les tuer. Guéckédou, située à proximité de la frontière avec le Libera et la Sierra Leone, fait figure d’épicentre de l'épidémie dans la région. Mais les conditions de travail se sont améliorées ces derniers jours, constate Alexis Tounkara, l’un des psychologues du centre de MSF.
"On remarque un grand changement, les gens commencent à comprendre. À Guéckédou - je ne dis pas pour ailleurs - il est difficile de trouver des communautés qui sont allergiques à l'intervention de MSF."
Pour gagner la confiance des populations, Médecins sans frontières effectue un travail de fourmi. Chaque matin, une équipe conduite par Maurice, un "sensibilisateur" pour MSF, parcourt Guéckédou pour démonter les rumeurs et expliquer comment se protéger d'Ebola.
"Pour l’exemple, je suis allé dans une famille et j'ai fait semblant de ne pas me laver les mains. Du coup, c'est le père de famille qui m'a dit de me laver les mains. C'était vraiment une bonne manière d'expérimenter notre travail", explique-t-il.
Des décès toujours aussi fréquents et imprévisibles
Dans le quartier Solondoni 2, qui n’a pas encore connu le moindre cas d’Ebola, le chef du district, Frédéric Faya Millimono, dit faire appliquer à la lettre les recommandations. "Toute la journée nous nous lavons les mains. En sortant du quartier nous nous lavons les mains. En revenant dans le quartier on se lave à nouveau les mains avant d'être en famille."
Malgré les progrès dus aux équipes de prévention, l'épidémie n'a pas encore atteint son pic et devrait affecter encore pendant de longs mois les pays touchés. Pour l'heure, les décès sont toujours fréquents et imprévisibles, assure un médecin de MSF, qui vient de constater la mort d’un de ses patients. "Ce matin, il était assis sur la chaise dehors, et maintenant il est là sur le lit, décédé."
En attendant l’hôpital militaire promis par la France, il faudra encore beaucoup de porte à porte avant que Guéckédou et la région de Guinée forestière ne retrouvent un semblant de normalité.

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