À huit semaines du sommet de la Francophonie qui va élire son prochain secrétaire général, la campagne bat son plein et a atteint sa vitesse de croisière. Les candidats poursuivent sans relâche leurs efforts pour obtenir les appuis nécessaires auprès des États membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) afin de prendre la direction de celle-ci. Ils sillonnent le monde à la rencontre des chefs d'État et de gouvernement pour les convaincre du bien-fondé de leur candidature.
Mais au-delà de parcours exceptionnels, de riches expériences de vie et de travail de chacun de candidats, qui peuvent s'avérer très utiles pour la bonne marche de l'OIF, les grands électeurs - chefs d'État et de gouvernement - ont leurs priorités.
Ce sont généralement les priorités traditionnelles de l'OIF, notamment la promotion de la langue et de la diversité culturelle; de l'éducation et de la formation; de la démocratie, l'État de droit et les droits de la personne; de l'égalité des sexes, etc.
Au fil du temps, l'économie, l'environnement et le développement durable, les nouvelles technologies de l'information et de la communication ont pris de plus en plus de places et se sont avérés comme des priorités indispensables à la bonne marche de l'OIF et au bien-être des populations francophones.
Dans la Déclaration de Kinshasa, les chefs d'État et de gouvernement membres de la Francophonie ont exprimé la volonté de s'investir pleinement dans le processus de réforme du système financier et monétaire international pour permettre un ordre mondial juste et équitable.
Nous encourageons la poursuite des échanges entre les pays industrialisés et les pays en développement en vue de réduire les déséquilibres macroéconomiques entre les États ainsi que les inégalités sociales et économiques entre les populations.
Cela suppose que les chefs d'État et de gouvernement devront choisir une personne qui soit en même de parler franchement, en tête-à-tête, avec les grands de ce monde, sans complexe, pour faire valoir leurs préoccupations. Mais également, une personne digne de confiance, avec qui ils peuvent se sentir à l'aise pour discuter de toutes les questions d'importances pour l'OIF.
Cela suppose également que ce choix devra tenir compte du fait que l'OIF est composée des États et gouvernements issus de cinq continents, avec les niveaux de développement et les priorités différents. En d'autres termes, choisir une personne qui comprend mieux les préoccupations des uns et des autres.
En effet, le choix du secrétaire général de l'OIF n'étant pas une élection traditionnelle, avec un bulletin de vote ou une élection à mains levées, il serait sage de privilégier l'alternance, d’éviter à tout prix de monopoliser la direction de l'organisation, au risque de froisser certains États membres qui s'investissent énormément au bon fonctionnement de l'OIF.
Il serait donc souhaitable que les chefs d'État et de gouvernement tiennent compte de tous les paramètres qui rassemblent beaucoup plus, y compris la parité homme-femme, pour choisir une personne qui fera le plus large consensus.
Qui s'impose comme candidat de tous les consensus?
Tout le monde convient que la Francophonie est devenue un des acteurs majeurs du système multilatéral, susceptible de jouer un rôle significatif sur la scène internationale. Il serait donc nécessaire que la personne qui sera choisie soit en même d'assurer la visibilité, la crédibilité et le rayonnement de la Francophonie comme un acteur majeur sur la scène internationale.
En 48 heures de travail à Dakar, les chefs d'État et de gouvernement n'auront certainement pas le temps nécessaire pour commencer la discussion sur le choix du prochain secrétaire général. Le choix se fait maintenant avant d'aller au sommet. À Dakar, il sera question simplement d'entérinement et de couronnement du nouvel élu.
En effet, des échos qui nous parviennent de la campagne de différents candidats, il y a incontestablement l'un d'entre eux qui sort du lot et recueille un accueil favorable du plus grand nombre des chefs d'État et de gouvernement. Il s'agit de la candidature de Michaëlle Jean qui s'affirme de plus en plus comme celle de tous les consensus.
Mme Jean réunit suffisamment d'atouts pour contenter nombreux États et gouvernements du Sud comme du Nord pour succéder à Abdou Diouf. De plus, elle est seule qui pourrait apporter une valeur ajoutée et une touche féminine qui a longtemps manqué à l'OIF.
En plus de ses immenses expériences, son engagement et son dévouement pour la promotion des valeurs fondamentales de la Francophonie, Michaëlle Jean est transcontinentale et multiculturelle. Elle est, à la fois, une femme du Nord et du Sud, du Canada et d'Haïti. Elle a d'arrières grands-parents africains et elle est Française par alliance. Elle incarne donc une diversité et transpire le multiculturalisme francophone.
Elle est une candidate de l'alternance continentale, qui comprend mieux les réalités, les attentes et préoccupations de deux hémisphères du monde - des États, de la société civile et des francophones en général. Elle s'impose comme la personne idéale et de consensus pour occuper le poste de secrétaire général.
Michaëlle Jean à la Francophonie pour quoi faire?
Michaëlle Jean a une vision moderne de l'OIF. L'économie est l'axe principal de son action pour agir efficacement sur les autres domaines de prédilection de la Francophonie. Elle est convaincue qu'il est possible de faire de l'OIF un espace catalyseur de création de richesses, de prospérité et d'emplois de qualité, si tous les États membres agissent ensemble, maximisent tous les acquis et potentiels de l'espace francophone pour combattre la pauvreté et les inégalités sociales qui engendrent les violences et guerres civiles dans le monde.
Michaëlle Jean a présenté sa vision pour la Francophonie du XXIe siècle, disponible dans http://www.michaellejean.ca/
Dans son plaidoyer, elle croit fermement que la paix et la démocratie ne sont possibles qu'avec la participation de tous - hommes, femmes et jeunes - et l'amélioration des conditions de vie de la grande majorité de la population.
Elle qui a milité pendant plusieurs années pour la défense des droits des femmes, elle sait combien elles ont lutté pour obtenir des changements importants dans les systèmes juridiques tant nationaux qu'internationaux pour promouvoir l'égalité des droits. Elle est tout autant convaincue que les femmes et les jeunes doivent faire partie de l'équation dans la Francophonie du XXIe siècle, pour réaliser ensemble des projets et le développement socio-économique de l'espace francophone.
Mme Jean croit également au vieil adage qui dit : «l'avenir appartient à la jeunesse». Elle croit fermement que la jeunesse constitue la relève de la Francophonie de demain. Et que, l'OIF a le devoir de donner aux jeunes toutes les raisons d'espérer, de les accompagner dans leur formation, tant professionnelle qu'universitaire, afin qu'ils aient le bagage intellectuel nécessaire pour participer activement au développement et à la prospérité de l'espace francophone, dans un monde de plus en plus compétitif.
En tant que Chancelière de l'Université d'Ottawa, Michaëlle Jean a conclu des accords de partenariats interuniversitaires avec différents pays francophones, d'Afrique notamment, pour alléger le fardeau financier des jeunes francophones. Maintenant, il est possible pour les étudiants internationaux francophones qui choisissent d'étudier en français à l'Université d'Ottawa, de payer les mêmes droits de scolarité que leurs collègues Canadiens. Ce sont des économies d'au moins 10 000$ par étudiant par année académique.
En adoptant le thème du XVe sommet de la Francophonie, les États membres de l'OIF ont reconnu le rôle important que joue la femme et la jeunesse, en tant que vectrices de paix et actrices de développement.
Il y a lieu de croire que cette candidature, qui recueille présentement un accueil favorable dans plusieurs pays francophones, va se concrétiser par son couronnement en novembre prochain. Que les chefs États et gouvernements vont saisir l'opportunité qu'offre le XVe sommet de Dakar pour faire honneur à une femme de présider pour la première fois, en 44 ans d'existence, à la destinée de l'OIF.
Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue
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