L’Afrique, au cœur de la guerre contre l’EI
Jusqu’à lundi dernier, avec la revendication de l’enlèvement d’Hervé Gourdel par les ‘’Soldats du Califat’’, les Africains essayaient de se convaincre qu’ils n’ont rien à voir avec les bombardements français et américains contre les positions de l’Etat islamique en Irak et en Syrie. Mais avec l’exécution barbare de l’otage français, le continent, bien malgré lui, se retrouve embarqué dans ce conflit qui se déroule à des milliers de kilomètres, à l’autre bout du monde.
En effet, il est dorénavant dans l’ordre normal des choses de s’attendre à ce que dans d’autres pays du continent, d’autres groupes terroristes, s’inspirent de l’horrible exemple du groupe algérien. Ne serait-ce que pour s’offrir la visibilité que confère le traitement médiatique de ce genre d’affaire. Toutefois, si tous les pays du continent se doivent de rester en alerte, il y en a quelques-uns qui doivent davantage accentuer la vigilance. Parce qu’en raison de contextes sociopolitiques qui leur sont propres, ils sont potentiellement plus vulnérables que d’autres.
Au nombre de ces pays, nous avons bien entendu l’Algérie où l’ennemi peut bien répéter sa sadique expérience. Mais il y a surtout le Mali dont le nord est loin d’être pacifié et sécurisé. Il en est de même pour la Somalie, où les Shebabs ne sont toujours pas complètement défaits. Le Kenya, très proche de la Somalie et qui vient de célébrer le premier anniversaire de la prise d’otage du centre commercial de Westgate, figure aussi sur la liste des pays à surveiller. D’autant plus qu’elle est une destination touristique prisée par les occidentaux.
La Libye et le Nigéria sont les deux derniers pays de cette catégorie de pays africains où les combattants de l’Etat islamique peuvent espérer trouver des ‘’relais dormants’’. Pour ce qui est du premier, le président nigérien, Mahamadou Issoufou en a éloquemment parlé hier à la tribune des Nations unies. Le cas nigérian, de son côté, a ceci d’exceptionnel que les autorités viennent d’annoncer la mort du chef de la secte islamiste, Boko Haram, Abubakar Shekau. Cette annonce qu’il convient de prendre avec toute la réserve requise, ne devrait pas cependant entrainer une baisse de la vigilance. Parce que l’armée nigériane a l’habitude de ce genre de triomphalisme, sans que cela ne se confirme ensuite sur le terrain.
Ebola, on doit mieux faire
L’autre sujet qui fait de l’Afrique une priorité de cette Assemblée générale de l’instance onusienne, c’est l’épidémie hémorragique virale Ebola. Prenant en compte les dernières prévisions des experts de l’OMS, bien de dirigeants du monde entendent mettre à profit l’opportunité de ces retrouvailles pour convaincre les plus réticents à se joindre à la bataille. Parce qu’au-delà des 20.000 personnes infectées probables que l’OMS annonce pour le mois de novembre, les trois principaux pays font directement face à une sorte de résistance de l’épidémie.
Ainsi, au Libéria, on attend impatiemment la venue des 3000 soldats proposés par Washington. On espère qu’une fois que les GI’s seront mis à contribution, la prise en charge s’améliorera. Du côté de la Sierra Léone, estimant que le confinement total de la population du week-end dernier avait été un succès, le président Ernest Bai Koroma reconduit la mesure pour 1,2 millions de personnes. En Guinée, alors que le président Alpha Condé prend part à l’Assemblée générale des Nations unies, le pays se bat contre une légère résurgence de la maladie. Ce regain d’intensité se traduit tout d’abord par de nouveaux foyers tels que Dalaba et Kindia ; mais il y a aussi l’hostilité que les populations manifestent à l’égard des agents de santé et des messages de sensibilisation.
Face cette situation des plus alarmantes, Barack Obama continue à occuper le leadership de la campagne de mobilisation contre la maladie. C’est pourquoi il sollicite de tous une contribution à la fois plus rapide et plus importante. Autrement, prophétise-t-il, ‘’ce sera trop tard !’’. Ban Ki-moon de l’ONU et Margaret Chan de l’OMS abondent dans le même sens.
Au milieu de ces déclarations, les unes plus pessimistes que les autres, seule celle du Coordinateur onusien de l’épidémie, David Nabarro se démarque. En effet, selon lui, il y a une hypothèse que la spirale dévastatrice de l’épidémie soit maîtrisée dans deux mois. Mais cela à une condition : que l’on imprime à la mobilisation « une vitesse extraordinaire ». Autre particularité de David Nabarro, son message ne s’adresse pas qu’à la communauté internationale. Mais aussi et surtout aux pays touchés qui, pense-t-il ne font pas « assez » !
GCI suit pour vous.
Boubacar Sanso BARRY pour GuineeConakry.info
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