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jeudi 28 août 2014

Installation du tribunal des Pairs : Du réquisitoire introductif du « procureur spécial » Sall et des généralités plus que creuses du président Camara!


Installation du tribunal des Pairs : Du réquisitoire introductif du  « procureur spécial » Sall et des généralités plus que creuses du président Camara!
Les démocraties ont ceci de tragique : ses plus grands bénéficiaires sont ses plus grands pourfendeurs. En vérité, si tout le monde souhaite jouir des avantages de la démocratie, personne n’est prête d’en payer les frais. Héla ! ses coûts devront – nécessairement - être supportés, d’une manière ou d’une autre, mais le plus souvent pour ne pas dire toujours, par les plus faibles. Quand nous ne savons pas souffrir de la démocratie, la solution la plus facile qui nous reste c’est de la mettre en souffrance.
Malheureusement, ceux qui s’étaient réunis hier au KFP font devoir souffrir de cette prise de position du « traitre » que nous sommes, entendu au sens bourdieusien du terme.
Ainsi donc, ce mercredi 27 août, tout ce que ce pays compte comme crème médiatique s’est réunie au KFP, non pas pour voir comment protéger le sénégalais lambda des dérives médiatiques, mais, pour voir comment protéger les plus forts des dérives journalistiques.
Et cela commence bien, si on sait que le président de la république a saisi l’occasion pour dire qu’il n’était pas du tout content d’une certaine manière de faire d’une certaine presse. Il n a pas tort, pas du tout,  d’user de ses droits de citoyen sénégalais pour faire du « wax sa xalaate »  sur le travail des médias, une occasion pour lui de dénoncer le wax sa xalaate de ses concitoyens. Je l’avoue, je voudrais bien me limiter à voir les choses de cette manière.
Mais curieusement, il m’est venu à l’esprit cet autre président dont le moindre commentaire sur le travail de la presse faisait soulever un tollé général.
Diable, pourquoi donc, ma mémoire se permet de me jouer de si vilains tours ? J’aurai bien aimé tout oublier !
Je savais que les alternances avaient la magie de transformer les mœurs médiatiques, l’exemple le plus achevé étant celui de la chaine républicaine Fox news qui change sa manière de voir la maison blanche en fonction de la tête de son locataire.
Toutefois, je ne pouvais pas imaginer que l’on pouvait porter atteinte de manière aussi ostentatoire à la pudeur publique, en exhibant de manière aussi éhontée sa nudité. Il ne s’agit nullement d’un changement veste, certains n’en ont jamais eu.
 Après avoir été un instrument de lutte contre le gouvernement, la presse voudrait-il devenir –donc - un instrument de gouvernance ? Le « wax sa xalaat » du président est très clair : certaines pratiques journalistiques l’empêchent de travailler, alors qu’il a besoin d’être accompagné.
Sans aucun doute, le chef de l’Etat a été bien entendu. Disons, que le réquisitoire spécial de ce procureur du jour n’a pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Mais le problème ne se situe pas à ce niveau, le président a bien le droit de défendre ses intérêts dans cette jungle que l’on appelle dans les démocraties : médias. Des journalistes ont aussi le droit de se soumettre.
Cependant, ce que nous n’arrivons pas à comprendre c’est le discours du président du tribunal, Mame Less Camara, qui est pourtant, pour beaucoup de ses compatriotes, un modèle de vertu.
En effet, Mame Less a dit ce que l’on savait déjà, mais ne s’est  nullement empressé de démontrer leur (les membres du tribunal) compréhension des attentes des sénégalais, encore moins du comment ils vont y répondre. Que de généralité dans son discours !
En ma qualité de citoyen, et pour ne pas être simplement négatif, il me plait de préciser ce que j’attends de ce fameux tribunal, sans me faire trop d’illusions, même s’il est permis de rêver.
Ainsi, j’attendais Mame Less sur 3 points :
·         l’annonce d’une vaste campagne de communication informant les citoyens sur leurs droits mais aussi les droits et devoirs des journalistes. Que vaut un tribunal des pairs dans un pays où le citoyen lambda peut ignorer jusqu’à même l’existence de la charte de Munich ? Sur quelles références va-t-il se fonder pour porter plainte ? Que l’on ne me jette surtout pas sur la figure cette fiction juridique consistant à dire : nul n’est censé ignorer la loi. Si les journalistes et les patrons de presse sont de bonne foi, ils diffuseront gratuitement tous les spots publicitaires, juste pour dire que l’on ne m’oppose surtout pas le problème des moyens.
·         Les garanties pour un traitement rapide et juste des plaintes.
·         Les statuts, la charte d’éthique et tous autres documents qui régissent cette organisation dont nous ne savons rien. Nous avons besoin de savoir la forme juridique du CORED, ses ressources financières et leurs provenances.
 
Ces informations sont d’une importance capitale pour les citoyens. Nous avons le droit de savoir et nous devons savoir. Le citoyen ne peut pas prendre le risque de porter plainte contre un organe alors qu’un des membres du tribunal aurait des intérêts (soit comme associé, pigiste, employé…) dans cet organe, et auquel cas s’il ne se récuse pas quels sont les moyens dont disposerait la victime pour le récuser ?  La réponse à ces questions et à bien d’autres, le CORED ne saurait les garder pour lui, il doit impérativement nous les communiquer. Et nous jugerons sur pièce.
Certains me diront aussi qu’on ne connait rien de ton machin de Limedia, je leur répondrais simplement mon machin ne réclame aucune légitimité populaire, il ne s’agit plus ni moins que d’un engagement militant, assumé.
 
Sadikh DIOP
Administrateur de l’observatoire de l’information et des médias !
 

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