Au
Burkina Faso, le projet micro-dose, mis en œuvre à partir de 2009, a
permis d’accroître, en l’espace de trois ans, la production du maïs, du
mil, du sorgho et du niébé de 50%. Il a amélioré le réseau agricole de
30% pour au moins 130 000 ménages dans les zones où la technique a été
appliquée. Il s’agit notamment des provinces du Boulgou, du Kourittenga,
du Nahouri, de l’Oubritenga et du Ziro.
Un autre projet, BRICOP, a vu le jour
le 25 avril 2014, pour améliorer la sécurité alimentaire de 20 000
petits producteurs de riz dans le Houet et le Kénédougou par
l’amélioration de la production, de la commercialisation et l’accès au
crédit. Son objectif premier est d’accroître de façon durable la
productivité du riz par la facilitation à l’accès des variétés à haut
potentiel de rendement et la vulgarisation de la gestion intégrée de la
fertilité des sols et de la récolte.
En tout, AGRA a misé 7 milliards F CFA
pour développer l’agriculture au Burkina Faso, par l’utilisation
d’approches innovantes et d’engrais chimiques. En collaborant avec
l’Institut de l'environnement et des recherches agricoles (INERA), elle
compte développer une nouvelle machine mise au point par Dr Albert
Barro. Cette machine permet d’enfouir facilement l’engrais
«micro-dosé», en plaçant seulement quelques pastilles sous les pieds.
Le président du Conseil
d’administration de AGRA, Kofi Annan, est d’ailleurs venu en fin juillet
2014 à Ouagadougou, pour toucher du doigt les réalités du pays et
rencontrer les autorités burkinabè en vue d’intensifier les actions de
sa structure.
Le rapport dont il est ici question,
est rendu public à quelques jours du Forum pour la révolution verte en
Afrique (AGRF, sigle en anglais), dont l’ouverture est prévue le 2
septembre 2014 à Addis-Abeba en Ethiopie. Le rapport convainc ainsi
AGRA, son commanditaire, à poursuivre son Programme pour la fertilité
des sols, lequel encourage «l’usage adéquat» d’engrais minéraux.
«Si les engrais seuls ne suffisent pas
à garantir la fertilité des sols, ils constituent un ingrédient
essentiel pour mobiliser le potentiel des petits producteurs africains
et lancer une révolution verte unique en Afrique, génératrice d’emplois
et de meilleurs revenus pour les communautés rurales et apte à créer des
approches plus durables de l’agriculture», a précisé, Bashir Jama, qui
dirige le Programme pour la fertilité des sols à AGRA..
L’alliance estime certes, que l’emploi
excessif d’engrais provoque des dommages environnementaux dans d’autres
régions du monde. Mais elle s’appuie sur une autre étude menée en 2009
par des scientifiques de l’Université de Stanford, qui indique que la
sous-utilisation des engrais par les agriculteurs d’Afrique
subsaharienne a été un obstacle majeur à l’amélioration de la qualité
des sols et à l’augmentation de la production
alimentaire.
Etendre la gestion intégrée des sols à tous les producteurs
Les agriculteurs africains utilisent
par exemple en moyenne moins de 10 kilogrammes d’engrais par hectare,
contre une moyenne mondiale de 100 kg environ par hectare. La principale
raison est le coût élevé des engrais en Afrique, deux fois plus cher
qu’ailleurs, associé à la faiblesse du système d’approvisionnement.
Une des priorités du Programme pour la
fertilité des sols de l’AGRA va être de faciliter l’acquisition et
l’usage convenable d’engrais minéraux, en association avec des cultures
de rotation et de l’engrais organique. Ses soutiens divers ont permis
aux petits producteurs d’acquérir 180 000 tonnes d’engrais
supplémentaires. Utilisée dans le cadre d’un programme de gestion des
sols plus large, cette quantité d’engrais devrait suffire à aider 1,8
million d’agriculteurs à régénérer 3,5 millions d’hectares de terres
appauvries et à tripler la quantité de céréales produite.
De plus, AGRA soutient la démarche
innovante du Partenariat africain pour l’engrais et l’agro-industrie
(African fertilizer agribusiness partnership, AFAP), qui comprend
également le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
(New partnership for Africa’s development, NEPAD), le Centre
international pour le développement des engrais (International
fertilizer development center, IFDC), la Banque africaine de
développement (BAD) et de l’Agricultural market development trust—Africa
(AGMARK).
L’objectif est de développer de
nouvelles opérations de production, de stockage et de vente d’engrais,
en se concentrant tout d’abord sur la fourniture de 225 000 tonnes
d’engrais supplémentaires aux agriculteurs de trois pays – le Ghana, le
Mozambique et la Tanzanie – et de baisser les prix de 15 % ou plus pour
les agriculteurs.
M. Bashir Jama a déclaré à ce propos
que le Programme pour la fertilité des sols de l'AGRA sera plus
ambitieux dans le futur pour encourager l’ensemble des producteurs à
adopter les pratiques de GIFS. Le Programme continuera donc à soutenir
les efforts des gouvernements en vue d’améliorer le contrôle de qualité
des intrants agricoles et de développer un nouveau groupe d’expertise
composé de spécialistes des sols et de conseillers et experts agricoles.
Kofi Annan a affirmé pour sa part que «La science sera la solution pour
les producteurs africains, afin qu’ils travaillent avec facilité et
qu’ils accroissent leur production».
La position de l'AGRA bénéficie d’un
soutien tacite de l’Union africaine. En effet, les chefs d’Etat de l’UA,
réunis en juin 2014 à Malabo en Guinée équatoriale, ont préconisé entre
autres, le renforcement de l’accès aux intrants pour venir à bout de
l’insécurité alimentaire dans dix ans.
Aimé Mouor KAMBIRE
mouorkambire@yahoo.fr
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