La
ville congolaise est un héritage colonial. Une ville construite pour
servir les intérêts de la puissance coloniale, une minorité face à la
majorité des indigènes. Le centre colonial avait tous les services et
tous les équipements alors que les quartiers indigènes devaient se
contenter du strict minimum.
Plus de 50 ans après la fin du système
colonial, la situation n’a guère changé. La « cité » où habite la
majorité est laissée à l’abandon. Les voiries urbaines sont dans un état
de dégradation avancée. Les pénuries d’eau et d’électricité, les
inondations et les glissements de terrain font partie du quotidien des
populations. L’habitat y est précaire et les loyers sont chers. Les
services de base (écoles, hôpitaux, marchés, administration, etc.) y
sont rares et ne répondent pas aux besoins des populations.
À cause des différentes crises qu’a
connues le pays, les investissements nécessaires à l’équipement des
nouveaux quartiers, à la modernisation de la ville n’ont pas pu être
faits. Comment, alors, régler les problèmes de ce tissu urbain
existant ? Comment améliorer les conditions de vie des 60% des Congolais
qui vivent en zone urbaine ?
Pour nous, Brazzaville, qui s’est
développée en grande partie dans l’anarchie, doit être détruite et
reconstruite comme Londres ou Paris l’ont été aux 17ème et 19ème
siècles. Mais que faire du million de Congolais qui y vit ?
Le coût social des expropriations
Quand on exproprie dans notre pays, on ne
tient pas compte du coût social que génèrent ces expropriations : les
divisions dans les familles et les difficultés à retrouver un logement
bon marché proche du centre urbain. Les autorités ne proposent que de
l’argent, rarement des solutions de relogement. Ces opérations sont
assimilées à des processus d’exclusion des plus pauvres des centres
urbains bien loin de la vision du chef de l’État.
Nous pouvons nous inspirer de l’expérience
équato-guinéenne. En effet, les autorités de ce pays ont, d’abord,
construit une nouvelle ville, Malabo 2, avec tous les équipements et les
services modernes, en périphérie du Malabo historique. Ensuite, elles
ont demandé aux populations de quitter les quartiers insalubres pour
s’installer dans la nouvelle ville. Pour, enfin, réaliser les travaux de
réhabilitation urbaine indispensable à la modernisation de la vielle
ville.
Concours international d’urbanisme
En 2008, le président français de
l’époque, Nicolas Sarkozy, avait lancé un concours international
d’architecture et d’urbanisme. Un point de départ du Grand Paris de
2030. Le président de la République du Congo peut s’inspirer de cet
exemple pour lancer une consultation internationale sur Brazzaville de
2025 : « Brazza l’émergente ! »
Il sera le premier président congolais qui
aura initié la construction d’une ville congolaise et rentrera
définitivement dans l’histoire de l’urbanisme congolais. Combien va
coûter la construction de cette ville et combien de temps vont durer les
travaux ?
Dans son dernier discours sur l’état de la
nation, Denis Sassou Nguesso a posé la question de la suite à donner
aux municipalisations accélérées après celles de 2015 et 2016. Si chaque
année, le Congo investit 500 milliards FCFA dans la construction d’une
nouvelle ville. En dix ans, ce seront 5 000 milliards FCFA qu’il aura
investis dans « Brazza, l’émergente ! ».
De quoi poser les fondations d’une ville véritablement moderne avec des services et des équipements aux services des Congolais.
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