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mercredi 27 août 2014

Brazza l’émergente !

La ville congolaise est un héritage colonial. Une ville construite pour servir les intérêts de la puissance coloniale, une minorité face à la majorité des indigènes. Le centre colonial avait tous les services et tous les équipements alors que les quartiers indigènes devaient se contenter du strict minimum.
Plus de 50 ans après la fin du système colonial, la situation n’a guère changé. La « cité » où habite la majorité est laissée à l’abandon. Les voiries urbaines sont dans un état de dégradation avancée. Les pénuries d’eau et d’électricité, les inondations et les glissements de terrain font partie du quotidien des populations.  L’habitat y est précaire et les loyers sont chers. Les services de base (écoles, hôpitaux, marchés, administration, etc.) y sont rares et ne répondent pas aux besoins des populations.
À cause des différentes crises qu’a connues le pays, les investissements nécessaires à l’équipement des nouveaux quartiers, à la modernisation de la ville n’ont pas pu être faits. Comment, alors, régler les problèmes de ce tissu urbain existant ? Comment améliorer les conditions de vie des 60% des Congolais qui vivent en zone urbaine ?
Pour nous, Brazzaville, qui s’est développée en grande partie dans l’anarchie, doit être détruite et reconstruite comme Londres ou Paris l’ont été aux 17ème et 19ème siècles.  Mais que faire du million de Congolais qui y vit ?
Le coût social des expropriations
Quand on exproprie dans notre pays, on ne tient pas compte du coût social que génèrent ces expropriations : les divisions dans les familles et les difficultés à retrouver un logement bon marché proche du centre urbain. Les autorités ne proposent que de l’argent, rarement des solutions de relogement. Ces opérations sont assimilées à des processus d’exclusion des plus pauvres des centres urbains bien loin de la vision du chef de l’État.
Nous pouvons nous inspirer de l’expérience équato-guinéenne. En effet, les autorités de ce pays ont, d’abord, construit une nouvelle ville, Malabo 2, avec tous les équipements et les services modernes, en périphérie du Malabo historique. Ensuite, elles ont demandé aux populations de quitter les quartiers insalubres pour s’installer dans la nouvelle ville. Pour, enfin, réaliser les travaux de réhabilitation urbaine indispensable à la modernisation de la vielle ville.
Concours international d’urbanisme
En 2008, le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, avait lancé un concours international d’architecture et d’urbanisme. Un point de départ du Grand Paris de 2030. Le président de la République du Congo peut s’inspirer de cet exemple pour lancer une consultation internationale sur Brazzaville de 2025 : « Brazza l’émergente ! »
Il sera le premier président congolais qui aura initié la construction d’une ville congolaise et rentrera définitivement dans l’histoire de l’urbanisme congolais. Combien va coûter la construction de cette ville et combien de temps vont durer les travaux ?
Dans son dernier discours sur l’état de la nation, Denis Sassou Nguesso a posé la question de la suite à donner aux municipalisations accélérées après celles de 2015 et 2016. Si chaque année, le Congo investit 500 milliards FCFA dans la construction d’une nouvelle ville. En dix ans, ce seront 5 000 milliards FCFA qu’il aura investis dans « Brazza, l’émergente ! ».
De quoi poser les fondations d’une ville véritablement moderne avec des services et des équipements aux services des Congolais.

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