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mardi 26 août 2014

Alphonse Missengui : "On observe un bouillonnement entrepreneurial au Congo Brazzaville"

Alphonse Missengui, le vice-président d'Unicongo
Conscient du manque d'esprit d'entreprise, le vice-président d'Unicongo, la principale organisation patronale, en explique les raisons. Et comment y remédier.
Créée en 1958, l'Union patronale et interprofessionnelle du Congo (Unicongo) représente plus de 90 % du secteur formel, divisé en onze fédérations correspondant aux principaux domaines économiques. Elle travaille à l'élaboration des conventions collectives et désigne les représentants patronaux au sein de différents organismes (tribunal de commerce, du travail, commissions des litiges, Caisse nationale de sécurité sociale). Son rôle est de promouvoir l'esprit d'entreprise, l'investissement et l'amélioration du climat des affaires, notamment en renforçant le dialogue entre public et privé. Des thèmes sur lesquels revient son vice-président, Alphonse Missengui, 65 ans.
Jeune Afrique : Comment se porte le secteur privé congolais ?
Alphonse Missengui : Bien que l'économie nationale reste très dépendante du pétrole, qui représente 90 % de ses exportations et les deux tiers de son PIB, le secteur privé hors hydrocarbures évolue très favorablement grâce à un certain nombre de facteurs. Notamment l'amélioration des infrastructures, dont les routes, qui permettent d'unifier le marché domestique, et donc d'influer positivement sur le chiffre d'affaires des entreprises. La réalisation de ce type d'équipements tire également vers le haut le BTP et ses sous-traitants, ainsi que les services. Il faut aussi souligner l'émergence du secteur minier, qui va contribuer à la métamorphose économique et sociale de certains départements du pays.
Observez-vous un réel sursaut de l'esprit d'entreprise dans le pays ?
J'observe en effet un bouillonnement, même si l'entrepreneuriat congolais demeure encore très faible. Cela s'explique par le contexte historique du pays, resté longtemps hermétique à la promotion de l'esprit d'entreprise, notamment chez les jeunes.
Il faut donc un certain temps pour voir cette approche évoluer et les entrepreneurs congolais devenir capables de créer le tissu d'entreprises dynamiques qui compléteront les grandes compagnies, dont la plupart appartiennent à des groupes internationaux.
Quel doit être le rôle de l'État pour soutenir l'initiative privée ?
Le secteur privé étant censé devenir le principal créateur de richesse et d'emplois du Congo, l'État doit créer les cadres juridique, judiciaire, fiscal et administratif nécessaires à son épanouissement. Il doit également mettre en place les conditions indispensables à un dialogue public-privé efficace.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées pour créer une entreprise au Congo ?
D'importantes réformes ont été engagées sur les plans fiscal et administratif, mais beaucoup reste à faire pour que l'environnement des affaires soit vraiment favorable au développement du secteur privé. Ce dernier a besoin de cohérence et d'une prise en compte de ses préoccupations par les pouvoirs publics, notamment dans l'élaboration d'un véritable partenariat entre public et privé, qui, malgré son importance, tarde à voir le jour.
L'accès aux capitaux est-il facilité par les banques ?
Cette question est cruciale, notamment pour les PME, qui doivent faire face aux exigences des banques en matière de qualité des dossiers, de garanties financières et de fiabilité managériale. Le coût du crédit est également une préoccupation majeure pour les entreprises, en dépit de la surliquidité du système bancaire. À cet égard, il faut souligner les efforts de l'État pour améliorer l'accès des PME congolaises au crédit.
L'Agence de promotion des investissements est désormais opérationnelle. Qu'en attendez-vous ?
Elle doit devenir un maillon fondamental du dispositif de promotion et de diversification du secteur privé au Congo. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'elle puisse réussir dans sa mission.
Olivier Caslin

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