Le président guinéen Alpha Condé s’est envolé vendredi nuit pour les Etats- Unis pour prendre part au sommet USA-Afrique. Ce voyage présidentiel controversé du numéro un guinéen avait au moins trois bonnes raisons de n’avoir pas lieu. Les voici.
La première raison pour laquelle le président guinéen devait renoncer à son voyage des Etats-Unis est que son pays est en deuil pendant une semaine en vertu d’un décret que lui-même a pris le 29 juillet dernier. Ce jour un concert balnéaire de Hip Hop s’était terminé par une bousculade meurtrière qui a fait, à date, 34 morts et trois disparus. L’opposition, par solidarité aux familles éplorées, a renoncé à une manifestation politique qu’elle devait organiser demain lundi 4 août sur l’esplanade du stade du 28 septembre. Il eut été plus décent qu’Alpha Condé respectât le deuil national en renonçant d’aller aux Etats Unis.
La deuxième raison est qu’il sévit en Guinée depuis sept mois une épidémie, lancinante et sans précédent, de fièvre hémorragique à virus Ebola. Cette épidémie d’Ebola est en train de devenir une pandémie par l’étendue de sa propagation en Afrique. Le président sierra léonais Ernest Baï Kouroumah et la présidente du Libéria Ellen Johnson Sirleaf ont renoncé à leur voyage des Etats Unis, après avoir pris des mesures internes drastiques contre la propagation du virus (état d’urgence, mise en quarantaine des localités touchées, fermeture des écoles, etc …). Le département d’Etat américain a sublimé la décision de désistement au voyage des deux chefs d’Etat en rétorquant que « Barack Obama comprend » et qu’il la juge « responsable ».
Un pied de nez qui n’a pas fait raviser Alpha Condé sur son projet de voyage. Et pendant ce temps, la sensibilisation et la communication sur la fièvre hémorragique se sont littéralement estompées dans son pays : le point de presse hebdomadaire sur l’évolution de la maladie ne se tient plus, Dr Sakoba KeÏta- Monsieur Ebola de la Guinée-a été intimé de ne plus communiquer, il n’ya plus de campagne de communication dans la presse ni sur aucun support, le comité interministériel de riposte contre Ebola patauge entre inefficacité, flop et invisibilité, le virus maudit s’est politisé et l’omerta prôné… Conséquence : les populations ont baissé la garde au moment où la destination Guinée est jugée dangereuse et à risques par plusieurs pays occidentaux…
La troisième raison est une conséquence de la seconde. En effet, Alpha Condé avant de franchir les frontières américaines doit passer un test de dépistage à Ebola. Ce test de dépistage est une épreuve humiliante car c’est uniquement la délégation guinéenne qui va la subir. En effet, Obama avait prévenu que les délégations de tous les pays touchés par le virus Ebola seront dépistées avant d’entrer aux Etats Unis. Or, la Sierra Leone et le Libéria étant absents, seule la délégation guinéenne se fera dépister par les services sanitaires américains.
Selon des indiscrétions, le président de la Sierra Leone Ernest Bai Kourouma, en marge du sommet de la Mano River Union qui a eu lieu à Conakry le vendredi 1er aout, aurait supplié Alpha Condé de ne pas aller aux Etats Unis en ces termes: « Don’t go. Anyway, they will talk about our problem, and they will help us » Ne partez pas ! De toutes les façons, ils vont aborder notre problème et ils vont nous aider »
Mais c’était sans compter qu’Alpha Condé avait un calendrier de voyage imperturbable.
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