Après
l’étape des auditions des témoins, la Cour criminelle a démarré le 28
août avec la confrontation de quelques accusés comme l'avaient souhaité
le parquet général et les avocats de la défense.
Pour
cette journée inaugurale des confrontations, à la demande du procureur
général près la Cour d’appel de Brazzaville, Théophile Mbitsi, la Cour a
confronté Minichelot Giscard « le Blanc » à quelques officiers
supérieurs dont il avait cité les noms lors de son audition. Parmi ces
officiers se trouve l’ex-colonel Marcel Ntsourou. Pour la journée du 28,
la cour a entendu les commandants Raphaël Sah et Djolé, les colonels
Prince Arnaud Ngoua, Benjamin Okouya et Clément Obouo.
En effet, le ministère public voudrait, à
travers la confrontation de ces accusés, avoir le mobile des visites
régulières que ces officiers effectuaient au domicile de Marcel
Ntsourou comme avait déclaré Minichelot lors de ses auditions. De ces
confrontations, on retiendra que les accusés Raphaël Sah et Benjamin
Okouya qui ont reconnu avoir fréquenté le domicile de Marcel Ntsourou,
ont taxé Minichelot Giscard « le Blanc » de "menteur". Le cas du colonel
Okouya, cité pour avoir remis une somme de 10 000 FCFA. « Je suis désolé, je ne connais pas ce jeune, c’est un grand menteur. Marcel Ntsourou c’est mon cadet », a dit Benjamin Okouya.
Quant à Raphaël Sah, Minichelot l'avait
cité comme celui qui approvisionnait le colonel Ntsourou en riz (deux
sacs) et bidon d’huile. « Je rendais visite au colonel Ntsourou,
mais je n’ai pas offert du riz et d’huile à son domicile. J’étais en
stage à l’académie militaire Marien-Ngouabi pendant sept mois jusqu’en
octobre », a-t-il témoigné devant la barre.
S’agissant d’une éventuelle rencontre des colonels Prince Ngoua
« Américain » et Marcel Ntsourou, telle que mentionné dans le
procès-verbal, Minichelot a expliqué qu’il l’a su à travers un collègue.
Ce que l’intéressé a nié, affirmant être en mission à l’étranger
jusqu’au 10 décembre.Marcel Ntsourou doit assumer ses responsabilités
La dernière confrontation a opposé Minichelot Giscard à Marcel Ntsourou. Le procureur général qui a demandé cette confrontation voudrait vérifier les informations sur l’approvisionnement de l’ancien colonel en armes, leur distribution à ses éléments, leur lieu de stockage ainsi que la personne qui dirigeait les opérations le 16 décembre 2013. Avant de répondre aux questions, Marcel Ntsourou a indiqué que la vraie confrontation était avec la force publique. Qu’à cela ne tienne, le principal accusé et son « homme de main » sont revenus sur leurs déclarations lors des auditions. Ils ont cité les noms des adjudants Nguié Missié et Ernest Ngouala, tous deux tués dans les affrontements du 16 décembre.
L’ex-colonel ne reconnaît pas ces armes même si elles ont été trouvées à son domicile. « Ce
ne sont pas mes armes, peut-être que les jeunes qui me fréquentaient
les gardaient dans les voitures. Je ne pouvais diriger les combats parce
que je n’avais pas les moyens de liaison, surtout que nous étions
encerclés. Ce n’est que le 16 décembre que j’ai vu des gens avec des
armes pour se défendre ». Lorsque le président de la Cour
criminelle, Christian Oba, demande à Minichelot pourquoi il disait que
le colonel Ntsourou doit prendre ses responsabilités, l’intéressé a
répondu que c’est parce que les évènements se sont déroulés à son
domicile. « Il n’a pas tort puisque les gens se trouvaient chez moi,
même ceux qui voulaient rentrer la veille : visiteurs et parents.
J’assume ma responsabilité dans cette affaire. Le domicile qui a été
attaqué a été le mien », répond Marcel Ntsourou.
L’autre fait qui a attiré l’attention de
la salle, est le fait que Minichelot a dit que Marcel Ntsourou se
servait de bouclier humain à son domicile. « Je constituais un bouclier humain ?», s'est interrogé Marcel Ntsourou. « Oui », répond Minichelot. Et d'ajouter : « Quand
j’ai constaté la présence des gens sans armes à mon arrivée à ton
domicile en octobre, je me suis dit que le colonel était en train de
constituer un bouclier humain.»
Les confrontations du ministère public
vont se poursuivre vendredi avec les oppositions Tamba/André
Sahous/Alain Obami, Jean Joseph Mabiala/Marcel Ntsourou. La défense va,
quant à elle, confronter trente-cinq accusés.
Parfait Wilfried Douniama
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