Le Président du Faso, Blaise Compaoré, effectue les 30 juin et 1er juillet 2014, une visite de travail et d’amitié au Mali. Il a consacré la première journée à s’entretenir avec les différents acteurs et responsables d’institutions de la République. Des entrevues, il se dégage une convergence de vues entre ses interlocuteurs et lui, quant à la laïcité, l’unicité et la forme républicaine de l’Etat malien.
Alors que les pourparlers pour un dialogue inclusif inter-malien sont annoncés pour bientôt à Alger, le Médiateur de la crise malienne désigné par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est en visite de travail et d’amitié sur les bords du Djoliba. A cet effet, il a été accueilli par son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta, accompagné des présidents d’institutions, de membres du gouvernement, entre autres. Une délégation des Burkinabè résidant au Mali ainsi que celle de l’Association des jeunes burkinabè et maliens (AJBM) ont également fait le déplacement de l’aéroport pour souhaiter la bienvenue au président du Faso, au rythme de balafon. Après un bref entretien entre les deux chefs d’Etat, Blaise Compaoré a exprimé son plaisir d’être à Bamako. Saluant au passage les millions de fidèles musulmans en ces temps de pénitence, il a souhaité davantage de paix, de stabilité et de progrès pour les deux pays. «Notre vécu multiséculaire fait de proximité culturelle, humaine, historique nous met devant des responsabilités, à savoir comment construire davantage de stabilité et de paix pour nos deux nations, mais aussi nous inscrire dans des perspectives de construction d’une Afrique de l’Ouest plus soudée, plus unie», a-t-il soutenu. Sur les négociations dans la crise malienne, le président du Faso pense qu’ «il n’y a pas de place pour le pessimisme». Les Maliens, a-t-il dit, veulent la paix, la réconciliation, une solution politique à la crise. «Il est important pour nous, d’aller vers la préservation des acquis de l’Accord de Ouagadougou, signé le 18 juin 2013 et qui indique bien que les Maliens veulent vivre dans un espace uni et unitaire, sans extrémisme, vivre réconciliés dans la République du Mali, un Etat laïc, arrêter la guerre, organiser le cantonnement, le désarment, ramener les déplacés et les réfugiés», a-t-il insisté. Une vision partagée par son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta qui a confié que cette visite du président du Faso en terre malienne est « singulière» parce qu’elle a été initiée pour permettre, au président Compaoré et lui «d’avancer plus profondément dans l’échange de vues sur le processus qui va ramener le Mali à une paix non conjoncturelle, mais cette fois-ci définitive pour que tous les filles et fils du Mali se donnent la main pour construire ce pays». A entendre le président malien, tout est aujourd’hui fait pour qu’aucune région ne se plaigne de son aménagement, malgré les disparités climatiques, géographiques et géologiques, entre autres.
Les mérites du médiateur
Moussa Mara, le Premier ministre malien, a été la première personnalité reçue par le Président du Faso, Blaise Compaoré. A sa sortie d’audience, Moussa Mara a confié avoir échangé avec le chef de l’Etat burkinabè sur le processus de paix et de dialogue lié à la crise au Nord du Mali. «Dans ce processus, le Burkina Faso joue un rôle important et nous espérons qu’il va continuer à jouer ce rôle. Depuis la crise de 2012, le président du Faso est là, le Burkina est là et il nous confirme sa disponibilité à nous accompagner», a-t-il dit. Le Mali, a ajouté son Premier ministre, accueille à bras ouverts la médiation du «pays frère» du Burkina Faso. Pour lui, les prémices de sortie de crise existent, mais le Mali a encore besoin d’entamer le processus pour qu’un accord de paix définitif puisse être conclu à la satisfaction de toutes les parties et pour la stabilité de l’ensemble de la bande sahélienne. Au-delà des questions de médiation et de paix, le chef du gouvernement malien a confié avoir évoqué avec le président Compaoré, des possibilités de partage d’expériences entre les deux pays dans le domaine du coton, où le Burkina Faso est devenu leader au plan africain. A la suite de Moussa Mara, le Médiateur de la République du Mali, Baba Hakib Haidara, s’est entretenu avec Blaise Compaoré, Médiateur désigné de la CEDEAO dans la crise malienne. «Je suis venu présenter au président burkinabè tous mes respects parce qu’il a une très vaste et très haute expérience sur tous les plans et sous toutes les formes», a déclaré M. Haidara. Le représentant du président de la République du Mali pour le dialogue inclusif inter-malien, Modibo Keïta, a aussi été reçu par le président du Faso. Modibo Keïta dit avoir remercié Blaise Compaoré pour «son rôle combien capital» dans la résolution de la crise institutionnelle et sécuritaire au Mali. Il a dit avoir également fait part au chef de l’Etat burkinabè des actions entreprises par son pays afin que les pourparlers puissent s’engager de manière concrète en vue d’une paix définitive. «Le président du Faso a un rôle extrêmement important à jouer dans ce processus, il l’a déjà joué et il nous a promis de continuer à le faire», s’est réjoui M. Keïta. Les pourparlers inter-maliens qui vont s’ouvrir bientôt à Alger en Algérie, a-t-il renchéri, seront l’œuvre de toute la communauté internationale. Mais déjà, Modibo Keïta a assuré que le gouvernement malien va y aller avec beaucoup d’enthousiasme et de réconfort, convaincu que beaucoup d’efforts ont déjà été faits avec les accords préliminaires du 18 juin 2013 à Ouagadougou. En effet, cet accord a permis la tenue en juillet-août 2013 de l'élection présidentielle, et aussi des élections législatives, en décembre de la même année.
Les députés rassurés
Aussi, Blaise Compaoré s’est entretenu différemment avec les députés de la majorité et ceux de l’opposition. Aux termes des échanges, le député Issa Togo du groupe parlementaire Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) a salué l’initiative du président Compaoré de les rencontrer. «Nous avons une unicité de points de vue avec le président du Faso en ce que le pays ne sera pas divisé, il sera laïc et il n’y aura pas d’autonomie. Entre Maliens, nous allons discuter et c’est l’essentiel», a-t-il confié, en prélude aux pourparlers d’Alger. Quant au député Zoumana N’Tji Doumbia, président du groupe parlementaire Alliance pour le Mali (APM), également de la majorité, il s’est dit rassuré par la position du président du Faso qui a toujours œuvré, depuis 2012, à ramener la stabilité au Mali. «Nous sommes sur la même longueur d’onde dans la mesure où, il a la même vision que le Mali à savoir, la laïcité, l’unicité, la souveraineté et la forme républicaine du Mali», a-t-il conclu. Même sentiment de satisfaction pour l’opposition parlementaire. En effet, a estimé Soumaïla Cissé, il faut reconnaître et encourager l’engagement de Blaise Compaoré comme Médiateur de la CEDEAO qui a œuvré à la signature de l’Accord de Ouagadougou. «Dans cet accord, on a pu obtenir l’unicité du territoire, la laïcité, la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire, les élections présidentielle et législatives, le cantonnement, le désarmement. Il faut donc encourager le président du Faso à poursuivre dans sa recherche de solutions avec l’ensemble des Maliens», a-t-il soutenu. La situation est certes, difficile, a reconnu Soumaïla Cissé, mais tous les fils du Mali ressentent le besoin du retour à une paix durable, d’où la présence de l’opposition à cette audience.
A son avis, il suffit de reprendre le document de l’Accord de Ouagadougou, le mettre en œuvre et chercher progressivement à régler les problèmes qui subviendront dans son application. Dans son agenda, le chef de l’Etat burkinabè devra rencontrer les autorités religieuses et des représentants des familles fondatrices de Bamako, de même que le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Gerard Albert Koenders et le contingent burkinabè de la MINUSMA. Blaise Compaoré et son hôte se rendront au 2e jour de sa visite de travail et d’amitié à Ségou pour visiter la ferme des moulins modernes du Mali, dans la zone de l’Office du Niger. Il en profitera pour rencontrer la communauté burkinabè qui réside dans la région de Ségou.
Jean-Marie TOE
Envoyé spécial à Bamako
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