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vendredi 25 juillet 2014

Quel premier ministre ? : Pour quel mandat ?

A dix jours de l’investiture du président de la République pour l’entame de son second et ultime mandat, l’intérêt de l’opinion, surtout au sein de la majorité présidentielle, se focalise plus sur le poste du premier ministre post-élection.

Le poste du premier ministre revenait, souvent, comme par logique électoraliste ou dosage, au Hodh Chargui. Une tradition née sous l’époque de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Où le Hodh Chargui a été assimilé, à tort ou à raison, à un grenier électoral.

On a connu, pourtant, deux premiers ministres du centre, issus du Brakna et du Tagant, Sidi Mohamed Ould Boubacar, une fois sous Ould Taya ( 1992-1996), et une seconde fois, au cours de la transition d’Ely Ould Mohamed Vall ( 2005-2007), et un ressortissant du Tagant, pour une courte période, pendant les derniers jours de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

Yahya Ould Ahmed El Waqf supplantant, alors, un Zeine Ould Zeidane ( 2007 à 2008), venu, lui, en faveur d’un accord postélectoral de la première transition, natif de Tamchekkett, au Hodh El Gharbi, mais originaire du Hodh Echarqi.

Ce qui fait de Moulaye Ould Mohamed Ould Laghdhaf, nommé au poste de premier ministre au lendemain du coup d’Etat d’août 2008, le cinquième originaire du Hodh Echarqi à occuper ce poste, après le sempiternel Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna, de l’époque de Taya ( 1996- 1997 et 1998 à 2003), Mohamed Lemine Ould Guig ( 1997 à 1998) et Sghaïr Ould Mbareck ( 2003 à 2005), Zeine Ould Zeidane (2007 à 2008).

Aujourd’hui, Ould Mohamed Laghdhaf porte ainsi le Hodh Echarqi à 16 années de charge première- ministérielle. Un poste occupé, si on ose dire, pendant six ans, par le ressortissant du Brakna, Sidi Mohamed Ould Boubakar et quatre mois par le tagantois Ould Ahmed El Waqf.

On ne sait pas vraiment le critère adopté par Mohamed Ould Abdel Aziz pour le choix du poste de son premier ministre. Pour Moulaye, son unique premier ministre, jusqu’ à présent, reconduit quatre fois au même poste, on peut jurer au moins d’une confiance, voire une certaine complicité. Qui s’est construite, depuis, et qu’il serait, peut-être, compliqué d’en créer une nouvelle pour un ultime mandat.

Maintenant, à la veille de l’investiture, le débat, au sein de la majorité qui soutient Mohamed Ould Abdel Aziz, revient sur toutes les logiques et raisons probables – et improbables- de choix du poste du premier ministre. Chacun y va de sa propre chapelle. Et on y greffe une logique de stabilité politique qui s’étalerait, pour ainsi faire bonne conscience, sur l’intérêt de tout un pays.

Trois courants…

Trois tendances se dégagent, dans le cadre du débat sur la reconduction ou non de l’actuel premier ministre. Il y a le courant qui donne systématiquement le poste au Hodh Echarqi.

Ici, une guéguerre larvée, souterraine, se déclenche depuis quelques jours entre les adeptes du statu quo, soutiens de la reconduction de Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf, et leurs frères ennemis, qui présentent un autre candidat de la région, en la personne d’Isselkou Ould Izid Bih, ex direcab du président de la République et actuel président de l’Union Pour la République, le parti au pouvoir.

La primature revient de droit au Hodh Echarqi, une tradition républicaine ou presque. “Et Moulaye bénéficie de la confiance du président de la République, se défendent les premiers. En plus, il a accepté le poste, en abandonnant son statut d’ambassadeur à Bruxelles, à un moment critique. Où rares seraient les démocrates qui accepteraient d’accepter d’assumer une telle responsabilité auprès d’un régime putschiste.

Aussi, Moulaye a joué des rôles, à des moments difficiles, quand il a convoqué le collège électoral pour le scrutin du 18 juillet 2009, mettant l’opposition devant le fait accompli. Une convocation qui a permis à Ould Abdel Aziz de maintenir le contrôle d’une situation, qui risquait de se dégrader au désavantage d’un candidat, ayant perdu son statut de général et de chef d’Etat, puisque démissionnaire.’’


Tout cela ne veut rien dire aujourd’hui pour les adeptes d’Isselkou Ould Izid Bih. “Moulaye a trop duré. Sept ans, c’est assez, c’est trop. Il faut bien qu’un autre ressortissant du Hodh Echarqi reprenne le flambeau. Et il n’y a pas mieux indiqué qu’Isselkou Ould Izid.

Qui a déjà une expérience réussie à travailler de proximité avec Mohamed Ould Abdel Aziz. Et en plus, son passage à la présidence du part au pouvoir, UPR, lui a ouvert bien des fenêtres et des portes sur toutes régions du pays.’’


“Pourquoi donc, la primature est la chasse-gardée du Hodh Echarqi s’interrogent les ni-Moulaye, ni Isselkou ? Il est bien loin le temps des mascarades électorales de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, où plus on est loin des grandes villes, plus on échappe au scrupule de transparence de vote. La dernière élection présidentielle a justement démenti cette idée reçue.

Le Hodh Echarqi arrive, en termes de voix exprimées en faveur du candidat Ould Abdel Aziz, en troisième position, loin derrière les régions les plus populeuses du pays, Nouakchott, le Trarza. Si, le véritable enjeu de la dernière élection présidentielle, au niveau du taux de participation, celui du Hodh Echarqi s’est stabilisé autour de 50.7%.

Pour d’autres, le choix du premier ministre pour le mandat qui commence devrait obéir à une toute autre logique. Pour Mohamed Ould Abdel Aziz, tout choix du futur premier ministre, passerait nécessairement par une réflexion sur l’au-delà de l’ultime mandat. Et quelle que soit la nature de ce mandat. Avec – on ne sait par quel miracle constitutionnel- ou sans Mohamed Ould Abdel Aziz. Quand bien même un départ constitutionnel de celui-ci nécessiterait une protection sûre des arrières.

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