Comme chaque année, l’Aïd el-Fitr
a été célébré à la Place de la nation à Ouagadougou. Comme chaque
année, les autres confessions religieuses et les autorités coutumières
sont venues exprimer leur solidarité à leurs frères musulmans. Mais
l’appel à la paix qu’y a lancé le grand imam de Ouagadougou, Aboubacar
Sana, revêt aujourd’hui une gravité particulière. Pas comme chaque
année.
C’est connu. 2015 est une année sur laquelle planent des points d’interrogation, surtout pour la paix au « Pays des Hommes intègres ».
De nombreux appels de phare ont été lancés par les médiateurs
autosaisis, par des institutions et des ONG internationales, par les
évêques, et maintenant ce leader de la communauté musulmane.
Ces signaux sont trop nombreux pour que
les Burkinabè s’offrent le luxe de les ignorer. L’imam Aboubacar Sana,
de la Place de la Nation devenue mosquée l’espace d’une matinée, a, dans
son sermon, indexé ceux qui sont les détonateurs. « Nous
demandons aux partis politiques d’avoir la crainte de Dieu. Ayez la
crainte de vos ancêtres, de vos pères et travaillez à ce qu’on ait la
paix», a-t-il déclaré.
Le guide de la grande mosquée de
Ouagadougou a comme voulu frapper les consciences, en rappelant la
tragédie rwandaise et en fixant dans l’imagination de ses interlocuteurs
du jour, le Musée du génocide de 1994 où sont exposés les crânes de ces
hommes et femmes qui ont souffert dans les mains de l’inhumaine
humanité.
« C’est à la télé que nous avons vu,
mais le Président du Faso, le Président de l’Assemblée nationale, ainsi
que les ministres ont visité ce musée et ont vu. Faites l’effort pour
que les crânes des populations de ce pays ne soient pas exposés un jour
pour que les gens viennent regarder », a supplié le leader religieux.
L’année 2011
a donné un léger aperçu de ce que peut ressembler un conflit dans un
pays comme le Burkina. Un mois de crise a suffi pour amener ces 274 200 km² au bord du gouffre. On peut invoquer son impuissance à empêcher les inondations du 1er septembre 2009, parce que Dame nature était aux commandes, ne serait-ce qu’en partie.
Mais en 2015, ce sont des Hommes, des
Burkinabè, qui seront aux commandes. Alors, que ne soient pas oubliées,
ces paroles d’Aboubacar Sana : « Si le pays est en paix, c’est grâce
à vous, s’il est détruit, c’est aussi à cause de vous et soyez sûrs
qu’en retour, Dieu vous le rendra ».
Abdou ZOURE
Burkina 24
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