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mercredi 28 mai 2014

SENEGAL : JUGEMENT DES ETUDIANTS -Me Demba Ciré Bathily au cours de sa plaidoirie : "C'est une défaillance de l'Etat qui doit prendre ses responsabilités et (...)"


Nous avions vu juste, en annonçant dès le début de l'audience, que les débats seraient croustillants, et ceux qui ont eu le privilège d'y assister (les entrées étant filtrées), ne nous démentiront pas.  La prestation du regroupement des avocats qui plaidait pour le compte des 22 étudiants a été de "haute facture", pour reprendre le qualificatif d'une dame assise à nos côtés. Laquelle, certainement parente ou proche des prévenus ne cessait d'acquiescer de la tête, manquant même d'applaudir par moments. En effet, les conseils des étudiants ont tenté de démonter, arguments à l'appui, les chefs d'inculpation retenus contre leurs clients. Ces derniers, massés devant la barre, tels une nuée de sauterelles, sont apparus avec une certaine candeur.  Pour en revenir aux plaidoiries dominées par celles de la défense, elles étaient certes "excellentes", mais par moments les propos étaient vifs et le réquisitoire acerbe. En attestent, ceux de Me Demba Ciré Bathily qui n'a pas raté l'Etat : " c'est une défaillance de l'Etat qui doit prendre ses responsabilités et régler le problème à la source. A chaque fois qu'on parle des étudiants, les problèmes sont les mêmes. Tantôt cela tourne autour des bourses, tantôt autour de questions relatives aux orientations..." Et l'avocat d'y aller toujours de plus belle dans sa plaidoirie.               Les échanges de propos aigre-doux entre Me Demba Ciré Bathily et le Procureur Revenant sur le sévère réquisitoire du procureur Bassirou N'diaye à l'endroit de ses clients, Me Bathily fustigera le fait que le représentant du ministère public a utilisé le terme de : " enfin, le Parquet a fait un travail de discernement."  Faisant cas, notamment du tri qui s'est opéré au sein des nombreux mis aux arrêts, desquels seuls 22 ont été inculpés.  Et le Procureur de bondir de sa chaise pour répliquer : " écoutez Maître, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit!" Poussant Mme la Présidente Aminata Bâ Faye à intervenir pour calmer les esprits en ces termes : " Poursuivez Maître Bathily, puisque vous dites que vous prenez acte de la remarque du Procureur!"  "Bien Mme la Présidente, mais qu'il ne m'interrompt pas svp!" lancera Me Bathily.  Et le Procureur, très remonté, de reprendre la parole pour crier : " Maître ,je vous couperais autant de fois que vous me ferez dire ce que je n'ai pas dit dans mon réquisitoire!" Puis Me Demba Ciré Bathily, tel un chérubin qui demande la permission à un parent de dire : "Mme la Présidente, est-ce que je peux continuer? "  N'en démordant pas pour autant, le Procureur Bassirou N'diaye de revenir encore à la charge : "vous pouvez divaguer comme vous l'entendez, mais de grâce n'inventez pas des choses!" Comme pour couper court, Me Bathily de renchérir :" ces jeunes prévenus ne doivent pas être les agneaux du sacrifice. Je demande Mme la Présidente, qu'on les relaxe purement et simplement!"

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