De son exil de Dakar, le nom de l’ancien Président Amadou Toumani Touré est souvent pris par certains comme celui d’un paria. En face, une importante frange de Maliens y voit l’opposé. Et Comme aiment le dire ses admirateurs, « Dieu ne dort pas.» A en croire ? En tout cas, selon une source diplomatique internationale, la communauté internationale voudrait, pour une deuxième fois, confier au soldat de la démocratie la médiation dans la crise centrafricaine pour le retour de la paix. Alors, comment pourrait-il réussir cette mission pendant qu’une crise presque similaire sévit dans son pays. En plus, il est visé par les nouvelles autorités de son pays pour « haute trahison » supposée.
Il faut noter que depuis son départ de Bamako pour un exil qu’il continue de vivre à Dakar avec sa famille, à part sa lettre de félicitation au Président Ibrahim Boubacar Keïta pour son élection, ATT n’a publiquement pas fait de déclaration. Et quand, il fut question de le poursuivre en justice, ce sont ses proches qui ont affirmé qu’ « il est serein et prêt à répondre devant n’importe quelle juridiction.»
A Bamako où rien ne bouge, où tout semble échapper au contrôle du nouveau pouvoir, on ne sait à quel saint se vouer. Dans la presse comme les débats quotidiens, le nom d’ATT revient beaucoup. Raison ? L’économie est en panne, la sécurité se détériore de jour en jour et les villes du nord auparavant reprises par les forces armées maliennes sous la transition, commencent à tomber aux mains des rebelles. Ce qui s’impose c’est le dialogue, tel qu’il le prêchait.
C’est donc dans ce contexte qu’intervient cette proposition de la francophonie et de l’union africaine afin qu’ATT puisse, en usant de ses expériences et de son pragmatisme, juguler la confusion dans ce grand ensemble centrafricain. Il faut dire que la stratégie ATT pour éteindre les rebellions, a séduit plus d’un, au delà du Niger.
Si la communauté internationale, largement engagée pour la paix en Centrafrique pense à nommer ATT comme médiateur, c’est qu’elle semble être confiante de ce qu’il peut apporter. Surtout en Centrafrique où il connait bien pour avoir à plusieurs reprises fait taire les armes.
Il faut rappeler que le général Touré est un ancien chef de la force de paix africaine qui avait ramené le calme en Centrafrique après une série de mutineries en 1996 et 1997. En 2001 également, seulement quelques mois avant son élection à la tête de son pays, le Mali, c’est lui que Koffi Annan alors secrétaire général de l’ONU avait dépêché comme envoyé spécial en Centrafrique. Son objectif était d’apaiser les tensions entre les auteurs d’un putsch manqué contre Ange -Félix Patassé et ce dernier, alors Président de la République centrafricaine.
Avant la fin de la même année, ATT, africain, impressionne jusqu’aux tours de verts de Manhattan (siège de l’ONU). Il est donc parvenu à ‘’mettre fin aux combats » entre forces loyalistes et les rebelles. Il restaure la paix à travers un dialogue politique pacifique » dans le pays.
Au plan national, ATT n’a pas manqué de jouer à la même méthode lorsqu’il s’agit de rébellion ou d’instabilité. En marge du pacte national qu’il a organisé en incluant tous les mécontents du nord pour la stabilité nationale en 1992, ATT a toujours su se référer au dialogue pour préserver l’unité nationale de son pays. Notamment en 2006. Et, en 2011, lorsque de la Libye, des groupes armés débarquèrent avec à l’idée, d’envahir le Mali dans le dessein de conquérir un Etat, le Général Président comprend le jeu et opte pour la carotte. Ce qui poussera des révoltes des Maliens jusqu’à Bamako. Lesquelles révoltes ont encouragé l’amalgame à caractère divisionniste.
« Il a compris qu’il n’y a jamais de rébellion sans parrain, et tout ce que certaines puissances belliqueuses attendent de lui, c’est qu’il utilise la méthode forte contre ceux qu’ils appellent « minorités » afin de l’attaquer et lui imposer une autonomie des régions du nord,» clarifie un analyste du sahel, dès février 2012.
La stabilité au nord Mali, minée par les retombées de la crise libyenne, ATT allait réussir, mais comme un malheur ne vient jamais seul, une autre rébellion (junte de Kati) encouragée par des politiques véreux éclate au sud et facilite la tâche à l’ennemi.
ATT va-t-il accepter ou décliner la proposition de ses pairs pour la paix en Centrafrique pendant que son Mali natal brûle ? Rien n’est moins sûr.
Affaire à suivre…
I M T
SOURCE: La Révélation du 30 mai 2014.
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