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jeudi 11 août 2016

Gambie : la mort d’un membre de l’opposition doit provoquer une réforme en faveur des droits humains

Assis ensemble sur le sol d'une maison poussiéreuse, les enfants de Solo Sandeng se souviennent de leur père avec un mélange de tristesse, de colère et de fierté. « Nous voulons qu’on se souvienne de lui pour ce qu’il a fait », me dit Aminata, 24 ans, « mais nous voulons aussi la justice. »
Sa sœur, Fatoumatta, 22 ans, écoute mes questions en gardant les yeux rivés au sol, la tête enveloppée d’un foulard noir. Quand elle lève les yeux, la calme autorité de sa voix suggère qu’elle poursuivra le combat de son père. « Le gouvernement gambien veut nous réduire au silence », dit-elle. « Mais avec ce qu’ils ont fait à Solo, ils ont provoqué une colère qui ne cèdera pas. »
Sandeng, un dirigeant politique de premier plan de l’opposition gambienne, aurait été battu à mort par des membres des services de sécurité gambiens dans les heures qui ont suivi son arrestation le 14 avril. Ce jour-là, il avait pris part, avec un petit groupe d’activistes, à une manifestation appelant à une réforme électorale dans la perspective des élections présidentielles de décembre.
Cette manifestation était un rare exemple de contestation dans un pays qu’un ancien officier de l’armée, Yahya Jammeh, dirige d’une main de fer depuis qu’il a pris le pouvoir en 1994 lors d’un coup d'État. Human Rights Watch (HRW) a documenté la façon dont le régime de Jammeh a eu recours aux arrestations arbitraires, aux disparitions forcées et à la torture pour créer un climat de peur qui réprime l’opposition.
La réponse du gouvernement à la manifestation du mois d’avril a constitué un rappel brutal des risques auxquels sont confrontés les partis d’opposition dans la perspective des élections. « Dans un pays où existerait une forme de démocratie, les actions de mon père auraient été accueillies avec élégance », m’a confié Fatoumatta. Au contraire, la police gambienne a rapidement réprimé la manifestation, arrêté Sandeng et ses compagnons et a mis 25 d’entre eux en accusation pour troubles à l’ordre public. Plusieurs d’entre eux ont affirmé que tout comme Sandeng, ils avaient été sévèrement battus pendant leur détention.

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