Les crises politiques qui se sont succédé en Afrique de l’Ouest dans la décennie 1990 ont tenu les médiateurs de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) occupés.
Parmi les autres instruments utilisés, la Cedeao a recours à des missions d’information et d’observation des élections, à la nomination de représentants spéciaux et de médiateurs, à des sanctions ainsi qu’à la création de groupes de contact internationaux pour résoudre ou prévenir des conflits.
Comment la Cedeao a sauvé le Mali !
Si la Cedeao n’existait pas en mars 2012, il aurait fallu sans doute la créer pour gérer la crise institutionnelle instaurée au Mali suite au coup d’État qui a renversé le président Amadou Toumani Touré et placé à la tête du pays le capitaine Amadou Sanogo, le 22 mars. Dans la gestion de ce dossier, la Cedeao a montré toute l’étendue de ses capacités à rétablir l’ordre constitutionnel dans un de ses Etats membres. Qu’a-t-elle fait pour cela ?
L’organisation sous régionale a notamment élaboré un accord permettant à un civil, en l’occurrence le président de l’Assemblée nationale, de prendre la tête du pays et de le gouverner jusqu’aux élections organisées au bout de seize mois.
La Cedeao s’est également rangée derrière le gouvernement en ce qui concerne la nécessité de juguler la rébellion touarègue qui sévissait dans le Nord, où le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla), profitant de la confusion, avait proclamé unilatéralement la création d’un État indépendant (le 06 avril 2012).
La Cedeao dispose aussi d’une batterie de mesures pour punir les juntes récalcitrantes. Ainsi, lors d’un sommet extraordinaire organisé le 29 mars 2012, l’organisation a imposé une série de sanctions contre Sanogo et son Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (Cnrde) et suspendu le Mali de ses instances.
Les Ambassadeurs des pays membres de la Cedeao ont été rappelés, les frontières fermées et une interdiction de voyager a été imposée aux putschistes. De manière plus sévère encore, les avoirs de l’État détenus à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) ont été gelés et toute l’aide financière accordée au Mali par la Banque ouest-africaine de développement (Boad) et la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc) a été suspendue.
L’accord-cadre signé le 6 avril par la Cedeao et les putschistes exigeait, comme le prévoit la Constitution malienne, le transfert du pouvoir à Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale au moment des événements, pour une période de 40 jours. Il prévoyait ensuite la nomination d’un Premier intérimaire civil et l’organisation d’élections dans un délai de 12 mois. Si l’accord-cadre accordait l’amnistie à Sanogo et à ses hommes, il précisait cependant que toute déclaration considérée comme jetant le discrédit sur l’accord entraînerait une reprise des sanctions.
La Cedeao était catégorique sur la question du Nord, qui était sous le contrôle du Mnla et des groupes terroristes et islamistes, à savoir Aqmi et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’ouest) et a condamné la rébellion.
Elle a publié un communiqué menaçant de recourir à la force contre le Mnla qui avait déclaré unilatéralement l’indépendance du Nord du Mali sous le nom d’Azawad. La Commission de l’organisation ouest-africaine « rappelle à tous les groupes armés du Nord du Mali que le Mali est “un et indivisible” et qu’elle usera de tous les moyens, y compris le recours à la force, pour assurer [son] intégrité territoriale », précisait le communiqué dans lequel « la Cedeao dénonce et juge nulle la proclamation vendredi par la rébellion touareg du Mali de l’indépendance de l’Azawad, vaste zone dominée par des groupes armés islamistes et criminels ».
Beaucoup de pays et organisations internationales avaient apporté leur soutien à la Cedeao en rejetant l’indépendance de l’Azawad, à l’image des touaregs du Niger, dont d’anciens chefs rebelles. « Les Touaregs du Niger rejettent totalement et de façon énergique cette déclaration d’indépendance de l’Azawad malien », indiquent dans un communiqué des responsables de la communauté touareg nigérienne. « Nous disons non à cette dérive et nous lançons un appel à nos frères du Mali à garder la sérénité, se ressaisir et trouver une solution dans le cadre d’un État unitaire du Mali », ajoutent-ils. Le communiqué est signé de Rhissa Ag Boula, qui fut une figure emblématique des rébellions touarègues du Niger.
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