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vendredi 3 juin 2016

Gambie : vague de répression à 6 mois des élections

Alors que les élections présidentielles en Gambie doivent avoir lieu en décembre 2016, un climat de peur et de répression brutale règne dans le pays empêchant la tenue de tout débat démocratique. Dans un rapport publié le 2 juin, nous appelons à libérer les prisonniers politiques et à mettre un terme à la répression organisée par les autorités. Des représentants de la société civile et même des membres du gouvernement considérés comme dissidents ont fait l’objet d’arrestations arbitraires. La torture est pratiquée dans les geôles du pays, parfois jusqu’à la mort. Dans notre rapport "Dangerous to Dissent : human rights under threat in Gambia", nous appelons la communauté internationale à réagir fermement face à ces atteintes aux droits humains. DÉTENTIONS ARBITRAIRES ET TORTURE En avril et mai 2016, des actions de protestation ont été réprimées très violemment par les forces de sécurité. Des défenseurs des droits humains, des membres de l’opposition et même de l’exécutif, considérés comme dissidents, ont été arrêtés et sont en attente de jugement. Certains ont été victimes d’arrestations arbitraires et d’actes de torture. Des dizaines de manifestants et de passants non violents ont été frappés par des policiers et arrêtés, et 51 personnes, parmi lesquelles le dirigeant du Parti démocratique unifié (UDP) et plusieurs membres de l’exécutif, sont en instance de jugement. Au moins 36 autres personnes sont maintenues en détention sans inculpation, et un homme, Solo Sandeng, secrétaire national à l’organisation de l’UDP, est mort en détention après avoir été torturé. Les jeunes de la Lucha en RDC sont des prisonniers d'opinion : ils doivent être libérés SIGNEZ Nogoi Njie, une femme d’affaires appréhendée le 14 avril et actuellement incarcérée, a indiqué dans une déclaration sous serment déposée auprès de la Haute Cour avoir elle-même été torturée à l’Agence nationale de renseignement (NIA). Elle a expliqué que des hommes portant une cagoule et des gants noirs l’ont frappée à coups de tuyau et de matraque tandis qu’on lui versait de l’eau dessus. Aucune enquête approfondie, impartiale, indépendante et transparente n’a été menée sur la mort de Solo Sandeng, malgré les appels en ce sens des Nations unies, de la CEDEAO, de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, de l’Union européenne et des États-Unis. Le 29 mai, le président Jammeh a déclaré au magazine Jeune Afrique que « [d]es gens qui meurent en détention ou durant des interrogatoires, c’est très commun. Là, une seule personne est morte et ils veulent une enquête ? Personne ne me dira que faire dans mon pays. » D’autres affaires récentes mises en avant dans le rapport incluent la mort en détention en février 2016 de Sheriff Dibba, dirigeant syndical, l’arrestation en octobre 2015 et la disparition forcée de l’imam Sawaneh après qu’il a soumis une pétition au président, et l’arrestation et le procès d’Alhagie Ceesay, un journaliste indépendant, en juillet 2015 pour avoir partagé une photo sur Whatsapp. SURVEILLANCE GÉNÉRALISÉE DE LA SOCIÉTE CIVILE La répression se fonde sur une surveillance généralisée en Gambie. La pierre angulaire de ce système répressif ? La NIA (l’Agence nationale de renseignement) qui surveille les communications de la population sans autorisation judiciaire et et entretient un réseau d’informateurs, chargés de faire remonter des informations sur les activités des personnes sous surveillance. On ne se sent en sécurité nulle part, même pas chez soi. On ne fait même pas confiance aux employés de maison ou aux chauffeurs. Quelqu’un vous donnera des informations contre 10 dollars. Dans les espaces publics ou les transports en commun on ne parle pas des sujets sensibles. On essaie de se protéger et de protéger sa famille, et de rester en sécurité. » Un militant de la société civile Reflétant ce climat de peur, un journaliste en exil témoigne : « Vous ne savez pas qui va vous dénoncer. Vous ne savez pas qui est derrière vous. Vous ne savez pas qui est payé par la NIA pour lui fournir des informations. » LA CEDEAO DOIT FAIRE RESPECTER SES PROPRES RÈGLES La communauté internationale doit intervenir pour mettre un terme à ces violations des droits humains qui empêchent la tenue d’élections démocratiques et amener la Gambie à libérer les prisonniers politiques et abroger les lois répressives en vigueur dans le pays. Les dirigeants de la CEDEAO se réunissent le 4 juin à Dakar : si la Gambie ne s’engage pas à des progrès majeurs en matière de droits humains, ils doivent envisager de suspendre la Gambie qui ne respecte ni les traités dont elle est partie ni le protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance. De plus, la Gambie n’a pas respecté trois jugements contraignants de la Cour de justice de la CEDEAO relatifs à des cas de torture, de disparition forcée et de meurtre visant des journalistes. - See more at: htt

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