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Il suffit d’interroger le passé pour s’apercevoir que les bourgades africaines ne sont des villes que de nom. Les plans d’aménagement, les constructions des habitations et les installations des résidents répondent rarement à une logique spatiale, temporelle et environnementale. Ce qui rend leur avenir incertain. Aucune boussole n’orientant le développement urbain, les villes africaines sont sans perspectives réelles contre le changement climatique et sont confrontées à une réalité de “laisse-guidon” face aux catastrophes naturelles. Les cartes historiques de Ouagadougou témoignent que la capitale burkinabè est implantée sur une zone à l’origine marécageuse et jadis traversée par des cours d’eau. Combien de ses habitants savent que Kadiogo, nom donné à la province éponyme, désigne en réalité un fleuve ? Cette raison dans l’histoire devrait en principe guider le schéma d’aménagement urbain et les travaux de voiries.
En dehors du centre-ville qui présente un semblant d’attention en terme d’urbanisation avec un rafistolage incessant, les autres espaces tentaculaires de la ville sont dépourvus de canalisation. Les rares voies et réseaux divers (VRD) existants sont soit si étroits ou mal érigés soit totalement bouchés. Il est d’un entendement burkinabè que la viabilisation de terrains urbains consiste uniquement à les lotir et à les parceller. Les quelques privilégiés, parmi les milliers de demandeurs, qui ont la chance de se voir attribuer une parcelle deviennent subitement aphones quant aux revendications liées à l’amélioration du cadre de vie. Ce sont les engins et les pas des résidents qui vont forger les rues du quartier.
“D’où venons ? Où allons-nous ?” sont deux questions essentielles qui devraient aussi orienter l’action du gouvernement et des municipalité en matière de gestion des villes. Il ne s’agit pas de se réfugier derrière un laxisme ou une incapacité pour abandonner des villes à des extensions sauvages nourries par les écoeurantes parcelles non occupées ou non mises en valeur et les fameux “non lotis” pour se flatter que “Ouagadougou est plus grand que Paris en termes de superficie”. D’ailleurs, cette démesure spatiale voire “extension sauvage de la ville” commence à éprouver les investissements de l’ONEA et de la SONABEL.
Le souvenir douloureux du 1er septembre 2009 continue d’impacter la vie des Ouagalais qui en ont souffert ainsi que sur les budgets de la commune et de l’Etat. Aussi vivace qu’il soit, les mesures pour éviter un tel drame ne semblent pas guider, et les actions des gouvernants, et celles des résidents de la capitale. La faiblesse de l’Etat reste une continuité dans la gestion des catastrophes naturelles qui menacent sans cesse la sécurité humaine dans le pays. Non seulement la façon d’administrer désormais les villes n’intègre pas suffisamment cette nouvelle donne dans le schéma directeur d’aménagement urbain mais il est fort probable que les régimes successifs de Blaise Compaoré et de la Transition et peut-être celui de Roch Marc Christian Kaboré se réjoignent dans un manque d’autorité à l’égard des récalcitrants qui foulent au pied les mesures prises aux lendemains des graves inondations de la capitale, il y a de cela six ans.
Après avoir bénéficié de tôles, de ciment et de parcelles à Yagma, ceux-ci ont choisi de défier le gouvernement et préfèrent rester dans les mêmes zones jugées à risque. Avec l’espoir que le même sinistre survienne encore pour davantage tirer des dividendes. Au lieu de continuer à pleurer sur le sort de personnes qui ne sont pas conscientes des menaces qui pèsent sur elles, il est temps que l’Etat prenne ses responsabilités et tapent du point sur la table. Les bénéficiaires de l’aide aux sinistrés du 1er septembre 2009 sont connus. Une revue des listes va permettre d’identifier les brebis galeuses. Il est à parier cette année que les mêmes causes vont produire les mêmes effets. Et le Burkina Faso ne se résume pas au seul Ouagadougou. Toutes les autres localités du pays doivent se préparer à faire face à cette menace d’inondations.
D’autant qu’aussitôt les premières gouttes de pluies sont tombées sur certaines localités du Burkina Faso ; aussitôt la psychose de vivre encore des sinistres au cours de cette saison pluvieuse commence à envahir l’esprit de bon nombre de personnes. Que ce soit dans les grands centres urbains qu’en milieu rural, la situation risque d’être la même : des inondations sont à redouter cette année. Si l’ouverture des vannes du ciel doit être proportionnelle à l’acuité des raisons du soleil comme l’ensemble des Burkinabè continue toujours d’en souffrir, il y a bien de quoi s’inquiéter. Autant toutes les météo du monde ont prédit avec justesse que 2016 va se révéler être l’une des années les plus chaudes sur toute l’étendue de la terre ; autant elle peut s’avérer la plus arrosée. Les aménagements hydrauliques protégeant Paris d’éventuelles inondations sont fortement éprouvés actuellement tandis que les villes voisines d’Accra au Ghana et de Cotonou au Bénin sont déjà submergées.
A la morosité de la situation économique actuelle du pays pourrraient s’ajouter les jours à venir des cris de détresse d’une frange de sa population. Ce n’est le souhait de personne mais il faut avoir le courage de nourrir une telle prémonition. Dès que les premières pluies d’essais sont tombées sur Ouagadougou, une partie de ses habitants a aussitôt eu les pieds dans l’eau, faisant ainsi des sans abris avant l’heure. A cette réalité de la capitale, s’ajoute celle de la province de la Gnagna qui subit déjà les affres de cette entrée en matière de la pluviométrie.
Les années passent et c’est le même scénario. La saison des pluies met régulièrement à nu la précarité de l’habitat, les défauts d’aménagement des terrains à usage d’habitation, les contradictions dans la viabilisation des terrains urbains et surtout l’incivisme criant vis-à-vis des consignes appelant à ne pas s’installer dans les zones inondables. La main humaine du diable va encore causer tant de sinistres et de sinistrés. Si ce ne sont pas les résidents eux-mêmes qui entraînent leur propre péril en bouchant les rares réseaux d’évacuation des eaux usées et celles des pluies ; ce sont les personnes exposées à une éventuelle inondation qui s’entêtent à rester sur place malgré les indemnisations à répétition et l’existence de terrains spécialement aménagés pour leur relocalisation.
Le laisser-aller et le laisser-faire, voilà les deux terreaux du mal-vivre dans les villes burkinabè. C’est de la comédie que d’attendre les premières gouttes du ciel pour entreprendre la curée de caniveaux que des riverains ont délibérément transformés en dépotoirs au vu et au su de l’autorité municipale. L’éducation et la sensibilisation des populations en matière de prévention de catastrophes naturelles ainsi que la répression des actes d’incivisme citadin doivent être au coeur des actions des municipalités et du gouvernement. Sinon, ce sera un perpétuel recommencement et une remise en cause de l’élan insufflé pour construire des villes viables.
Filiga Anselme RAMDE
filiga.ramde@yahoo.fr
En dehors du centre-ville qui présente un semblant d’attention en terme d’urbanisation avec un rafistolage incessant, les autres espaces tentaculaires de la ville sont dépourvus de canalisation. Les rares voies et réseaux divers (VRD) existants sont soit si étroits ou mal érigés soit totalement bouchés. Il est d’un entendement burkinabè que la viabilisation de terrains urbains consiste uniquement à les lotir et à les parceller. Les quelques privilégiés, parmi les milliers de demandeurs, qui ont la chance de se voir attribuer une parcelle deviennent subitement aphones quant aux revendications liées à l’amélioration du cadre de vie. Ce sont les engins et les pas des résidents qui vont forger les rues du quartier.
“D’où venons ? Où allons-nous ?” sont deux questions essentielles qui devraient aussi orienter l’action du gouvernement et des municipalité en matière de gestion des villes. Il ne s’agit pas de se réfugier derrière un laxisme ou une incapacité pour abandonner des villes à des extensions sauvages nourries par les écoeurantes parcelles non occupées ou non mises en valeur et les fameux “non lotis” pour se flatter que “Ouagadougou est plus grand que Paris en termes de superficie”. D’ailleurs, cette démesure spatiale voire “extension sauvage de la ville” commence à éprouver les investissements de l’ONEA et de la SONABEL.
Le souvenir douloureux du 1er septembre 2009 continue d’impacter la vie des Ouagalais qui en ont souffert ainsi que sur les budgets de la commune et de l’Etat. Aussi vivace qu’il soit, les mesures pour éviter un tel drame ne semblent pas guider, et les actions des gouvernants, et celles des résidents de la capitale. La faiblesse de l’Etat reste une continuité dans la gestion des catastrophes naturelles qui menacent sans cesse la sécurité humaine dans le pays. Non seulement la façon d’administrer désormais les villes n’intègre pas suffisamment cette nouvelle donne dans le schéma directeur d’aménagement urbain mais il est fort probable que les régimes successifs de Blaise Compaoré et de la Transition et peut-être celui de Roch Marc Christian Kaboré se réjoignent dans un manque d’autorité à l’égard des récalcitrants qui foulent au pied les mesures prises aux lendemains des graves inondations de la capitale, il y a de cela six ans.
Après avoir bénéficié de tôles, de ciment et de parcelles à Yagma, ceux-ci ont choisi de défier le gouvernement et préfèrent rester dans les mêmes zones jugées à risque. Avec l’espoir que le même sinistre survienne encore pour davantage tirer des dividendes. Au lieu de continuer à pleurer sur le sort de personnes qui ne sont pas conscientes des menaces qui pèsent sur elles, il est temps que l’Etat prenne ses responsabilités et tapent du point sur la table. Les bénéficiaires de l’aide aux sinistrés du 1er septembre 2009 sont connus. Une revue des listes va permettre d’identifier les brebis galeuses. Il est à parier cette année que les mêmes causes vont produire les mêmes effets. Et le Burkina Faso ne se résume pas au seul Ouagadougou. Toutes les autres localités du pays doivent se préparer à faire face à cette menace d’inondations.
D’autant qu’aussitôt les premières gouttes de pluies sont tombées sur certaines localités du Burkina Faso ; aussitôt la psychose de vivre encore des sinistres au cours de cette saison pluvieuse commence à envahir l’esprit de bon nombre de personnes. Que ce soit dans les grands centres urbains qu’en milieu rural, la situation risque d’être la même : des inondations sont à redouter cette année. Si l’ouverture des vannes du ciel doit être proportionnelle à l’acuité des raisons du soleil comme l’ensemble des Burkinabè continue toujours d’en souffrir, il y a bien de quoi s’inquiéter. Autant toutes les météo du monde ont prédit avec justesse que 2016 va se révéler être l’une des années les plus chaudes sur toute l’étendue de la terre ; autant elle peut s’avérer la plus arrosée. Les aménagements hydrauliques protégeant Paris d’éventuelles inondations sont fortement éprouvés actuellement tandis que les villes voisines d’Accra au Ghana et de Cotonou au Bénin sont déjà submergées.
A la morosité de la situation économique actuelle du pays pourrraient s’ajouter les jours à venir des cris de détresse d’une frange de sa population. Ce n’est le souhait de personne mais il faut avoir le courage de nourrir une telle prémonition. Dès que les premières pluies d’essais sont tombées sur Ouagadougou, une partie de ses habitants a aussitôt eu les pieds dans l’eau, faisant ainsi des sans abris avant l’heure. A cette réalité de la capitale, s’ajoute celle de la province de la Gnagna qui subit déjà les affres de cette entrée en matière de la pluviométrie.
Les années passent et c’est le même scénario. La saison des pluies met régulièrement à nu la précarité de l’habitat, les défauts d’aménagement des terrains à usage d’habitation, les contradictions dans la viabilisation des terrains urbains et surtout l’incivisme criant vis-à-vis des consignes appelant à ne pas s’installer dans les zones inondables. La main humaine du diable va encore causer tant de sinistres et de sinistrés. Si ce ne sont pas les résidents eux-mêmes qui entraînent leur propre péril en bouchant les rares réseaux d’évacuation des eaux usées et celles des pluies ; ce sont les personnes exposées à une éventuelle inondation qui s’entêtent à rester sur place malgré les indemnisations à répétition et l’existence de terrains spécialement aménagés pour leur relocalisation.
Le laisser-aller et le laisser-faire, voilà les deux terreaux du mal-vivre dans les villes burkinabè. C’est de la comédie que d’attendre les premières gouttes du ciel pour entreprendre la curée de caniveaux que des riverains ont délibérément transformés en dépotoirs au vu et au su de l’autorité municipale. L’éducation et la sensibilisation des populations en matière de prévention de catastrophes naturelles ainsi que la répression des actes d’incivisme citadin doivent être au coeur des actions des municipalités et du gouvernement. Sinon, ce sera un perpétuel recommencement et une remise en cause de l’élan insufflé pour construire des villes viables.
Filiga Anselme RAMDE
filiga.ramde@yahoo.fr
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