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mercredi 25 mai 2016

Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…

Un faible taux de participation à une élection est le signe d’un désintérêt pour l’enjeu de cette élection, en l’occurrence la décentralisation du pouvoir, pour les élections municipales. Qu’est-ce que cela peut signifier ? Que les électeurs qui ne s’expriment pas ont conscience que le pouvoir centralisé dirige tout, depuis Ouaga ? Ou que, pour une raison ou une autre, ils pensent que tout sera comme avant ? Ou encore que rien n’est plus facile que de truquer des élections (municipales) ?


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Élection, piège à cons ? Ou la voie de l’à-quoi-bonisme…Pourquoi ceux qui n’ont pas voté penseraient-ils que tout sera comme avant ?
Parce qu’aux élections couplées, présidentielles et législatives, leur favori n’a pas gagné la course, et que de dépit ils ont négligemment jeté leur carte d’électeur comme on se débarrasse d’un ticket de PMU perdant ?
Parce que depuis lesdites élections présidentielles et législatives, leur quotidien n’a pas changé, leurs conditions de vie ne se sont pas améliorées ?
Parce qu’ils ont entendu le premier ministre dire, à l’occasion de sa visite d’allégeance au Moogo Naaba de Ouagadougou : « Il ne faut pas vous presser, nous avons exactement ce qu’il faut faire », et non seulement entendu, mais écouté, et qu’ils ne se sont pas pressés d’aller voter ?
Pourquoi ceux qui n’ont pas voté penseraient-ils que le pouvoir centralisé dirige tout depuis Ouaga ?
Parce que c’est l’impression générale qui domine depuis l’avènement du nouveau pouvoir, enfermé dans ses palais, ministères et bureaux ?
Parce que « Il ne faut pas vous presser, nous avons exactement ce qu’il faut faire » signifie pour eux : restez chez vous et laissez-nous faire ?
De fait, cette phrase du premier ministre signifiait, et signifie cela. Alors, à quoi bon un, ou des contre-pouvoirs locaux ? À quoi bon prendre symboliquement son destin en main puisqu’ils savent ce qu’il faut faire ?
Pourquoi est-il si facile de truquer les élections (municipales) ?
La parenthèse suppose que cette question n’a lieu d’être posée que pour les questions municipales, mais pourquoi ne se poserait-elle pas pour toutes les élections, et partout dans le monde ? [Jean Tibéri, le chef de campagne de Jacques Chirac, pour l’élection de ce dernier à la Mairie de Paris, a bien fait voter les morts du 9e arrondissement de Paris !]
Parce que : 1) Aucun organisme de comptage en parallèle ne couvre les élections municipales, comme le CODEL l’avait fait pour les élections couplées, présidentielles et législatives, de 2015.
2) personne n’est en mesure de vérifier si les résultats du bureau où il a voté sont parvenus indemnes à la CENI, qui centralise les résultats.
Une complète transparence supposerait que les résultats, bureau par bureau, soient portés à la connaissance des Burkinabè (comme c’est le cas en France, par exemple, où dès le lendemain des élections, dans les journaux locaux, tous les résultats sont publiés, bureau par bureau), via le site Internet de la CENI.
Ainsi, chacun, dans la mesure où il pourrait se rapprocher d’une connexion réseau, ou chaque village (car quel village n’a pas une de ses filles ou un de ses fils à la capitale, ou à la capitale économique) pourrait alors vérifier, et être rassuré que la démocratie est en marche, et se dire que ça vaut le coup de voter, et que chaque voix compte !
Et même dix ans après, ou vingt ans après que les élections ont eu lieu, ces informations seraient disponibles car entrées dans le domaine public. Et on pourrait ainsi vérifier tous les trucages passés. Mais ce n’est pas le cas. Or, tout manque de transparence laisse une porte ouverte sur la suspicion. Et la suspicion ne renforce pas la démocratie ; au contraire elle génère des doutes, du dépit puis, à terme elle fait se baisser les bras, et trop de citoyens deviennent aquoibonistes ! Souvenons-nous des élections présidentielles de 2010. À quoi bon aller voter puisque les résultats étaient connus d’avance ! En est-on déjà revenu à “cà” ?
Jacques Zanga Dubus

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