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jeudi 28 avril 2016

Politique - Gambie : l'ordre selon Jammeh

Yaya Jammeh, président de la Gambie.Yahya Jammeh briguera en décembre un 5e mandat présidentiel. En 22 ans de pouvoir, ses constantes antidémocratiques n'ont pas changé. Revue de détail. Au pouvoir depuis son coup d'État du 22 juillet 1994, Yahya Jammeh est président « élu » de la Gambie le 18 octobre 1996. Réélu tous les cinq ans depuis, il a été investi en février par son parti, l'Alliance pour la réorientation et la construction patriotique (APRC), pour briguer un cinquième mandat lors des prochaines élections du 1er décembre 2016. Opposé à toute limitation du nombre de mandats, Yahya Jammeh, pour assurer le « bon déroulement » des prochaines élections, a nommé début avril Alieu Momar Nije, un de ses proches conseillers, à la tête de la commission électorale chargée de superviser le scrutin. Une nomination qui, jointe à une série de réformes électorales, a poussé l'opposition et la jeunesse dans la rue le 14 avril. Celles-ci ont en effet décidé de réclamer plus de transparence dans le processus électoral. L'opposition ? À réprimer Dans un pays où l'opposition est un risque permanent, la manifestation du 14 avril n'a fait que confirmer la règle. Violemment dispersée par la police politique, elle réunissait, entre autres, à quelques encablures de la capitale Banjul, des responsables du Parti démocratique uni (UDP) et une partie de la jeunesse qui s'était mobilisée pour l'occasion. Cette marche pacifique a été marquée par l'arrestation de Solo Sandeng, haut responsable de l'UDP, principal parti d'opposition. Emmené dans une voiture de la police du régime, il est déclaré mort en prison par son parti et Amnesty International deux jours plus tard. Deux autres membres du parti ont trouvé la mort dans les geôles du régime. La nouvelle a donné lieu à de nouvelles manifestations le 16 avril. Malgré les injonctions de l'ONU et la demande de libération sous caution formulée par les avocats de la défense, la justice gambienne a décidé mardi 26 avril de maintenir en détention les autres opposants arrêtés à la suite du week-end de manifestation. Elle les accuse, entre autres, de rassemblement illégal et d'incitation à la violence. Au total, la police gambienne a procédé à 37 arrestations, dont le chef de l'UDP, Ousainou Darboe. La vie politique ? À cadenasser L'opposition manifeste contre une série de réformes présentées récemment et censées restreindre les conditions de participation à la prochaine présidentielle en décembre 2016. Parmi celles-ci, la limite d'âge pour pouvoir se présenter, fixée à 65 ans, le nombre de signatures de soutiens citoyens passés à 10 000 ou encore le versement d'une caution de 500 000 dalasis (environ 11 500 euros) pour chaque candidat. 1 million de dalasis (23 500 euros) sont désormais exigés pour former un parti et le renouvellement des cartes électorales passe, lui, à 100 dalasis (à peu près 3 euros). Les manifestations ont eu lieu alors que le président Jammeh se rendait en Turquie. Le voisin sénégalais ? À provoquer Dans un pays asphyxié économiquement et qui subit désormais le blocus des frontières par les transporteurs sénégalais, la répression de l'opposition est devenue l'ultime arme du président gambien. Les relations de l'enclave de 11 000 kilomètres carrés avec son voisin sénégalais ont toujours été compliquées. La multiplication par 100 de la taxe douanière à la frontière pour les camions sénégalais qui affrètent de la marchandise vers la Casamance a ravivé les tensions. Passée de 4 000 et 400 000 CFA (de 6 à 600 euros) par camion, cette taxe a immédiatement amené les transporteurs sénégalais à boycotter la frontière gambienne. Dernièrement, le président Jammeh a également menacé d'exclusion l'ambassadeur sénégalais en Gambie. La communauté internationale ? À traiter avec indifférence Régulièrement critiquée par la communauté internationale pour des atteintes régulières à la liberté de la presse et la répression violente de l'opposition, la Gambie est de nouveau sous le feu des critiques de l'ONU. Son secrétaire général, Ban Ki-moon, est monté au créneau après l'annonce de la mort du haut responsable de l'UDP Solo Sandeng. Il a demandé « une enquête approfondie et indépendante sur les circonstances de sa mort alors qu'il était en détention ». Ban Ki-moon a également exigé la libération « immédiate et sans condition » des opposants arrêtés entre le 14 et le 16 avril. Des réactions qui ne semblent en rien perturber le dirigeant gambien.

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