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mercredi 20 avril 2016

Mauritanie: la Cour suprême examine le pourvoi de militants anti-esclavagistes emprisonnés

Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG anti-esclavagisteLa Cour suprême mauritanienne a entamé mardi l'examen du pourvoi en cassation déposé par la défense de trois militants anti-esclavagistes condamnés à deux ans ans de prison, a affirmé à l'AFP un de leurs avocats. "Le dossier de nos clients est passé aujourd'hui devant la Chambre pénale de la Cour suprême qui a examiné leur pourvoi de cassation" a affirmé cet avocat, Me Brahim Ould Ebetty, précisant que "les plaidoiries sont terminées et l'affaire a été mise en délibéré pour un mois". Les prévenus, Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG anti-esclavagiste, son adjoint Brahim Ould Bilal et Djiby Sow, président d'une ONG qui lutte pour les droits culturels, ont été condamnés en janvier 2015 et leurs peines ont été confirmées en appel en août. Ils ont été reconnus coupables d'appartenance à une organisation non reconnue et de rébellion contre la force publique. Devant la Cour suprême, la défense a demandé "l'annulation de toutes les procédures" et leur libération, a indiqué Me Ould Ebetty. Le parquet a requis la confirmation des peines pour les deux premiers a appris l'AFP de source judiciaire. Quant à Djiby Sow, qui a bénéficié en juin 2015 d'une mesure de liberté provisoire pour raisons de santé, selon sa famille, le procureur n'a pas évoqué son cas, a précisé l'avocat. Officiellement, l'esclavage a été aboli en 1981 dans ce pays de 3,8 millions d'habitants d'origine arabo-berbère - les Maures - et d'Afrique subsaharienne - les Négro-Africains. Mais le phénomène persiste, selon des ONG, notamment sous la forme de cession gratuite par les descendants d'esclaves d'une partie de leur récolte à leurs maîtres traditionnels. En août 2015, la Mauritanie a adopté une nouvelle loi faisant de l'esclavage un "crime contre l'humanité", réprimé par des peines allant jusqu'à 20 ans de prison ferme, contre cinq à dix ans auparavant. Le pays s'est également doté en décembre de trois tribunaux spécialisés dans les affaires d'esclavage et a décrété le mois dernier le 6 mars "Journée nationale de lutte contre les pratiques esclavagistes".

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