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lundi 22 février 2016

LENDEMAIN DE GREVE : L’opinion dominée par le sentiment d’échec des syndicats

Au lendemain de la suspension de la grève lancée par l’inter centrale syndical CNTG-USTG, le lundi 15 février dernier et suspendue ce vendredi 19 février, par les leaders syndicaux, suite à un accord avec le gouvernement, après des tractations difficiles et compliquées face à un gouvernement catégorique sur son refus de procéder à la baisse du prix du carburant, c’est l’i
L’annonce de la suspension de la grève par l’inter centrale syndicale ce vendredi à la Bourse du travail, a suscité un tollé au sein de la base et créé une pagaille généralisée dans les rangs des syndicalistes. Cette réaction est symbolique d’une décision unilatérale des responsables syndicaux quant à la suspension de la grève.
Ce manque de pragmatisme des syndicats a suscité la colère des citoyens qui affirment n’avoir plus aucune confiance en eux, et qu’ils ne se plieront plus à aucun futur mot d’autre de grève de leur part.  Le constat est tout aussi mitigé chez les leaders d’opinion : « Si le syndicat savait que ces négociations, c’était juste pour supprimer la flexibilité sur le prix du carburant, ils n’auraient pas dû engager ce bras de fer ! » déclare OKT, un directeur général de société. Comme pour laisser entendre que les syndicats ont agi sans vraie vision de la situation, et de perspicacité dans leur démarche.
Si beaucoup pensent que les syndicats ont été corrompus, ce qui reste à prouver, tout porte cependant à croire que les leaders syndicaux se sont fait doubler, comme lors de la dernière confrontation avec le gouvernement, qui a sur toute la ligne brandi l’argument du « contexte » pour faire reculer le mouvement syndical.
Cette tactique bien huilée marche apparemment à tous les coups, avec une belle dose de manipulation et de division dans les rangs de nos syndicalistes. Cela a été manifestement observé, lors de l’annonce de la suspension de la grève, les uns, quoique minoritaires, ne semblaient n’attendre que ça pour sauter de joie.
Même si l’on ne peut nier le fait que la situation économique de la Guinée est loin d’être reluisante, il est absolument cocasse d’avancer l’argumentaire, selon lequel, le mouvement syndical doit être plus responsable que le gouvernement qui, de toute évidence, est absolument comptable de la situation délétère de l’économie nationale.
Ce cynisme a quelque fois pris la forme d’une sorte de chantage, qui a finalement eu raison des syndicalistes, qui malheureusement ne se sont pas rendu compte qu’ils jouissaient, de plus de légitimité sociale pour la défense des intérêts du peuple face au gouvernement. Et dans cette lutte l’argumentaire du « contexte » n’était aucunement incontournable.
Si nous prenons également en compte que sur la totalité des points de la plateforme revendicative, le point le plus important et qui pratiquement touche de façon directe ou indirecte tout le peuple, c’est bien le carburant, les syndicats ne devraient pas se réjouir de la signature d’un quelconque accord. Car les fonctionnaires ne représentent qu’une petite minorité des douze millions de Guinéens ! 
La population a le sentiment d’avoir été abusée par les syndicats, dans la mesure où l’ensemble des secteurs d’activités s’est joint au mouvement, disposé à se sacrifier pour que les revendications sociales aboutissent. Le plus grand centre commercial du pays, le marché de Madina a été fermé depuis le début de la grève et les commerçants et opérateurs économiques, bien qu’étant moyennement concernés par la grève, ont accepté de respecter le mot d’ordre des syndicats. Ce fut la même chose du côté des transporteurs. À Kankan,  Labé et dans d’autres villes de provinces, les activités  sont aussi restées paralysées.
L’obtention de la réduction du prix du carburant, qui est une tendance générale dans les autres pays,  était la seule issue victorieuse dont les syndicalistes pouvaient se prévaloir aux yeux de l’opinion nationale. Ils ont raté cette extraordinaire reconquête de l’estime et de la confiance populaires. ncompréhension, le sentiment de trahison et de gâchis qui persiste dans l’opinion publique.

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