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lundi 4 janvier 2016

La mort du fils du Président, un des principaux événements de 2015 en Mauritanie

Ahmedou Ould Abdel Aziz L’année 2015 a été marquée en Mauritanie par une situation économique morose due principalement à la chute continue des prix des minerais (fer, or, cuivre etc.) qui représentent l’une des principales sources du budget et des entrées en devises. La situation politique n’a pas été meilleure puisque le dialogue évoqué depuis plus d’une année entre pouvoir et opposition n’a toujours pas démarré en dépit d’avancées notoires. Mais le fait le plus marquant a été sans doute le décès surprise du fils du Président Mohamed Ould Abdel Aziz dans un accident de la route, à quelques centaines de kilomètres à l’est de Nouakchott. En effet, rien ne présageait de la disparition du jeune Ahmedou Ould Abdel Aziz (28 ans) en ce 22 décembre 2015, deux jours seulement avant la fête du Mawlid. Le défunt était en tournée humanitaire qui l’avait déjà conduit dans plusieurs localités du pays où il a fait distribuer des aides aux populations nécessiteuses au nom de l’ONG de bienfaisance qu’il dirige, Errahma (miséricorde). Pendant qu’il roulait à grande vitesse, son véhicule a sauté sur un rocher bordant la route, après le déséquilibre causé par l’explosion inattendue de l’un des pneus. L’accident est d’autant plus tragique qu’il a aussi coûté la vie à deux journalistes accompagnant la délégation humanitaire. L’un d’eux a été tué sur le coup alors que l’autre a succombé à ses blessures 8 jours plus tard dans un hôpital de Nouakchott. Aussitôt, la mort du fils du Président s’est répandue comme une traînée de poudre dans le pays et surtout à Nouakchott, notamment à travers les sites d’informations sur la toile. L’onde de choc a été aussi violente que générale, dans la rue, dans les lieux de travail et dans les salons. La nouvelle est sur toutes les langues et les yeux sont tournés vers la plus ancienne mosquée de la capitale, la Mosquée Ibn Abbass, qui se prépare déjà à la prière du mort. Un monde fou venu de tous horizons a pris part à cette prière conduite par l’imam de la Grande mosquée qui fait office de mufti de la République. Un imposant cortège de véhicules a également accompagné le corps dans un cimetière au nord de Nouakchott. Cette mobilisation spontanée a été aussi clairement perceptible au niveau des condoléances populaires. Le domicile privé de la famille a été pris d’assaut dès le lendemain par des foules interminables venues exprimer leur chagrin et leur solidarité avec la famille présidentielle. On y trouvait des fonctionnaires, des hommes d’affaires, des religieux, des hommes politiques de tout bord, y compris les opposants les plus radicaux, et des citoyens ordinaires. Les médias n’ont pas cessé de publier des communiqués de condoléances émanant de tous les segments de la société. Certaines télévisions privées, appartenant- il est vrai – à des particuliers membres de la tribu du président, ont même cesser leurs émissions pour diffuser le Coran plusieurs jours durant. Cependant, l’évènement n’a pas pris un caractère officiel car aucun deuil ni mise en berne de drapeaux n’ont été décidés, même si le festival annuel sur les villes anciennes auquel devait assister le président Ould Abdel Aziz, le jour de la fête, a été annulé. Sur le plan extérieur, plusieurs chefs d’Etat de la sous-région ont fait le déplacement de Nouakchott pour présenter personnellement leurs condoléances. Il s’agit des présidents du Sénégal, du Niger et du Mali, ce dernier ayant même assisté à l’enterrement du défunt. Les appels téléphoniques, les émissaires et les messages de condoléances émanant d’autres chefs d’Etats se sont aussi multipliés en provenance de toutes les régions du monde. Les témoignages personnels glorifiant l’action humanitaire du fils du Président ont, de leur côté, inondé les médias électroniques et les sites de communication sociaux. Culture, piété, humilité, générosité, autant des qualificatifs qui reviennent dans de tels témoignages. En fait, ce fut ‘’l'un des rares moments où un consensus national absolu s’est fait dégager, même si c’est autour du chagrin », ont commenté des observateurs.

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