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jeudi 31 décembre 2015

Assemblée Nationale : ‘’Gorba ‘’ au perchoir, une nouvelle aventure !

Salifou Diallo président de l’assemblée nationale, ce n’était véritablement pas un secret. Et depuis ce 30 décembre 2015, l’homme est le dauphin constitutionnel du président Roch Marc Christian Kaboré, installé la veille. Une nouvelle expérience pour l’homme qui a jadis « castré l’opposition politique au Burkina », mais surtout qui est connu pour être un « bosseur ». Portrait d’un fin stratège politique qu’il vaut mieux toujours avoir avec soi !

Assemblée Nationale : ‘’Gorba ‘’ au perchoir, une nouvelle aventure !Né le 9 mai 1957 à Ouahigouya dans la province du Yatenga, Salifou Diallo, plus connu par l’appellation Salif Diallo, est un homme bien connu du landerneau politique burkinabè depuis près de trois décennies.
Son engagement date de ses années d’étudiant. Il est d’ailleurs expulsé de l’université de Ouagadougou pour fait de grèves et manifestations ayant causé des destructions de biens publics, avec le Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV).
C’est à l’université de Dakar qu’il ira poursuivre son cursus. Il y obtient une maîtrise en droit et c’est le retour au pays natal en 1985. C’est par la suite qu’il obtiendra un doctorat en relations internationales à l’Université de Perpignan en France.
Depuis son retour au bercail, Salifou Diallo a toujours été proche de Blaise Compaoré. Pendant la révolution, alors que Blaise Compaoré est ministre de la justice, le jeune étudiant qui vient de rentrer de ses études décroche son premier emploi dans les hautes sphères de l’administration publique. Il est assistant au cabinet du ministre de la Justice dès 1986, puis directeur du cabinet de 1987 à 1989 et secrétaire d’état du président Blaise Compaoré en 1991.
Une carrière de ministre
A partir de 1991, celui qui est affectueusement appelé ‘’Gorba’’, devient ministre de l’emploi, du travail et de la sécurité sociale.
Les postes ministériels se succèdent. Ainsi de De 1992 à 1995, il est chargé de missions du président puis ministre de l’environnement et de l’eau de 1995 à 1999. Le 12 novembre 2000, l’homme passe à l’agriculture. Le 10 juin 2002, son portefeuille est élargi quand il a été nommé ministre de l’Agriculture, de l’Eau et des Ressources Halieutiques. C’est surtout à la tête de ce département ministériel que l’homme se révélera comme un « bosseur  », au point d’être surnommé, ‘‘l’homme des paysans’’. Les projets en faveur de ce secteur, principal secteur d’activité des Burkinabè sont à la pelle. Il fait du projet de Samendeni, une affaire personnelle.
Le « super ministre » de l’agriculture et des ressources halieutiques est élu vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) au deuxième congrès ordinaire du parti tenu les 1, 2 et 3 août 2003.
Puis Vint le divorce…
Un lundi de Pâques, nous sommes le 24 mars 2008. Gorba est débarqué du gouvernement. Il faut dire qu’entre temps, le président Blaise Compaoré et son homme de main Salif Diallo étaient en froid. Mais il y avait une sorte de coexistence pacifique entre les deux. Le 27 janvier 2008, dans l’émission « Tapis d’honneur » de la RTB, il déclare que, « Blaise Compaoré dirige avec pondération et intelligence. Sa succession n’est pas à l’ordre du jour ». Et pourtant.
De Vienne en Autriche, où il est envoyé comme ambassadeur du Burkina, celui qui disait entre temps ne pas être un « Yes man », le prouve. Il lâche une bombe dans une interview accordée à l’Observateur Paalga. Abordant la question de l’alternance dans son pays, l’ambassadeur, tenu par le devoir de réserve se déchaine. Pour lui, la question n’est pas taboue. « Pour moi, le meilleur moyen de créer une alternance dans notre pays, dans la paix et la stabilité, c’est de réformer profondément les institutions actuelles pour approfondir la démocratie en donnant des chances égales à tous les partis politiques. C’est pourquoi ma suggestion est d’aller aujourd’hui vers un régime parlementaire qui nous éviterait une patrimonialisation de l’Etat ». Une sortie commandée qui crée une onde de choc dans les rangs du pouvoir.
Pour cette « indiscipline  », le président du CDP de l’époque, Roch Marc Christian Kaboré suspend Salif Diallo des organes et instances du parti, même s’il adressera le 24 décembre 2009 au Bureau politique national du parti, une lettre d’autocritique reconnaissant que ses propos « n’ont pas été précédés d’un débat formel au sein du parti et qu’il a ainsi agi en violation des principes organisationnels relatifs à la discipline interne au CDP ». Le 27 février 2010, sa suspension est levée. La suite des événements lui donnera pourtant raison.
Un come-back gagnant
En fin de mission, Salif Diallo est plus présent au Niger où il « vend ses services » au président Mahamadou Issoufou, qu’au Burkina. Alors que le débat sur la modification de l’article 37 fait rage, l’ancien ambassadeur avec certains ténors du parti, dont celui qui l’avait exclu, Roch, sautent de la barque avant qu’elle ne coule totalement. Les anciens hommes du président Compaoré quittent donc le parti présidentiel, le 4 janvier 2014 et s’en vont créer le Mouvement du peuple pour le Progrès (MPP), le 25 janvier. Il est vice-président du nouveau parti.
Tout comme en 2005 quand il était le directeur national de la campagne de Blaise Compaoré, le vice-président du MPP est également le directeur national de campagne du candidat Roch Marc Christian Kaboré pour l’élection présidentielle du 29 novembre 2015. Et tout comme en 2005 quand il prédisait que le « Blaiso » serait élu sans coup férir, il en rajoute pour le « Rocco », en affirmant avec conviction qu’il le sera au quart de tour. C’est au premier tour que le candidat est élu, alors que beaucoup attendaient un second tour.
Premier sur la liste nationale du MPP lors des dernières élections législatives, Salif Diallo est aussi élu député. Et depuis, on l’annonçait au perchoir de l’assemblée nationale. C’est désormais fait.
Salif Diallo et les dossiers
L’actuel président de l’assemblée nationale est connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, il ne va pas du dos de la cuillère pour défendre sa pensée. On dit aussi de lui qu’il est l’homme des coups bas et des dossiers…
Dans l’affaire Dabo Boukari, du nom de cet étudiant en 7è année de médecine arrêté lors d’une manifestation en 1990 sur le campus de Zogona et dont on n’a plus entendu parler, le nom de Salif Diallo est régulièrement cité. Séni Koanda, président de l’association nationale des étudiants burkinabè de l’époque, qui a accordé une interview à Lefaso.net en mai dernier, est formel. « Deux personnes peuvent nous éclairer sur le décès de Dabo Boukary : Salif Diallo et Gilbert Diendéré ».
L’ancien ministre de l’agriculture a toujours nié les faits, arguant qu’il a même plaidé pour la libération des étudiants qui avaient été arrêtés à l’issue de la manifestation durement matée.
Valère Somé, dans son dernier ouvrage « Les nuits froides de Décembre, l’exil ou… la mort », indexe également Salif Diallo comme étant celui qui a « personnellement » dirigé les séances de tortures des étudiants arrêtés après la marche du 19 mai 1988. Une fois de plus le premier vice-président du MPP balaie ces accusations du revers de la main. Avec des formules qui lui sont propres ; en avançant que s’il y avait un prix Nobel du mensonge, Valère Somé le remporterait.
Il y a eu l’affaire des djembé bourrés d’argent, révélée par l’avocat Robert Bourgi, successeur de Jacques Foccart, qui a fait cas de financements occultes en provenance d’Afrique et dans lesquels le nom de Blaise Compaoré a été cité comme faisant partie des chefs d’Etat qui ont financé la campagne électorale de Jacques Chirac en 2002. « Un soir, j’étais à Ouagadougou avec le président Blaise Compaoré. Je devais ramener pour Chirac et Villepin 3 millions de dollars. Compaoré a eu l’idée, « connaissant Villepin comme un homme de l’art », a-t-il dit, de cacher l’argent dans quatre djembé. Une fois à Paris, je les ai chargés dans ma voiture jusqu’à l’Élysée. C’est la seule fois où j’ai pu me garer dans la cour d’honneur ! C’était un dimanche soir et je suis venu avec un émissaire burkinabè, Salif Diallo, alors ministre de l’Agriculture. », témoignait Robert Bourgi dans les colonnes du journal français, le journal du dimanche, en 2011.
Il est aussi connu pour être celui qui a « castré » l’opposition politique, en finançant certains ténors, « pour avoir une opposition forte » en face.
C’est un Salif Diallo dans une nouvelle ère, qui commence une nouvelle aventure politique. Il sera le dauphin constitutionnel du président pour les cinq années à venir. Il a d’ores et déjà invité ses homologues à servir le peuple, rien que le peuple.

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