Pour cette journée d’ouverture, le panel était axé essentiellement autour des problématiques comme le respect du quota des femmes pour une démocratie réelle, l’importance d’associer les chercheurs guinéens dans les approches de solutions sur les crises d’ordres nationales, par exemple la lutte contre l’épidémie Ébola survenue en Guinée, qui a nécessité indispensablement une approche socio anthropologique. Il a aussi été question de l’égalité entre hommes et femmes, la déperdition scolaire des filles et le rapport entre filles et garçons dans les écoles. Des sujets qui ont largement été abordés par les deux panelistes chercheurs.
Egalité homme-femme
M. Raymond Augustin de l’Université catholique de Conakry a fait un développement sur le concept d’égalité :« Nous devons concevoir l’égalité en terme de droit, que les personnes aient les mêmes droits, qu’elles aient les mêmes obligations. A partir de ce moment, on dira que toutes les personnes sont égales. Si on se tient aux différences biologiques, alors de quelle égalité pourrait-on parler entre un homme qui mesure deux mètres et un homme qui mesure un mètre vingt-cinq ? On dirait que la différence biologique étant grande entre eux, en termes de taille, de poids corporels, alors l’un ne serait pas l’égal de l’autre. L’égalité ne devrait donc pas porter sur ces différences, mais sur des questions de droits, d’égalité d’accès aux ressources communautaires etc. » a t’il expliqué.
Déperdition scolaire et rapports entre filles et garçons
Quant au docteur Banoh Barry, chercheur et recteur de l’Université Oprah Winfrey, il s’est largement étendu sur la question de la déperdition des filles en milieu scolaire. « Une étude très ancienne a été réalisée sur cette question et qui date de 1998, je rentrais juste du Canada. La question que l’on s’était posé et qui apparait dans la plupart des discours ambiants, c’est pourquoi on a pratiquement une égalité presque parfaite entre le nombre de filles et le nombre de garçons à l’école primaire et plus les cycles augmentent, plus la proportion des filles baissent ? A l’époque, elle était autour de 70-77 pour cent contre 82 pour les garçons au primaire, en particulier à Conakry. Et puis à l’Université les filles ne représentaient qu’entre 10 et 12 pour cent ! On s’est posé la question sur cette déperdition ? Comment expliqué que les filles quittent d’avantage l’école que les garçons ? L’étude que nous avions réalisée montre très clairement qu’il y a deux raisons qui expliquent la déperdition des filles. La première elle est d’ordre sociétale, la société dans laquelle nous vivons est une société qui ne donne pas du temps aux filles ; ça veut dire que lorsqu’une fille fait l’école primaire, elle rentre à l’école primaire au même âge que le garçon, si pour une raison ou pour une autre, elle redouble d’une classe ou qu’elle grandisse précocement, dans la famille, on dit tout de suite, il faut lui trouver un mari, sinon elle va tomber en grossesse ! Parce que la société guinéenne considère que l’école est une perte de temps pour les filles, surtout si elles retardent à cause des échecs scolaires. Alors que du côté des garçons, ils peuvent redoubler autant de fois sans problème ! Ils ne quitteront pas l’école. Ils iront à l’Université quel que soit leur âge. Une étude longitudinale prouve d’ailleurs que la moyenne d’âge des garçons sur cinq ans était supérieure à celle des filles sur deux ans. C’est à dire que le plus jeune des garçons est plus âgé que la plus jeune des filles de deux ans »
La seconde raison qui explique la déperdition des filles en Guinée, c’est le système éducatif guinéen. C’est un système à promotion annuelle, c’est à dire qu’on calcule toutes le notes, on détermine une moyenne qui permet de passer en classe supérieure. "Le cours que tu as réussi, tu es obligé de le reprendre si tu n’as pas la moyenne en fin d’année, au risque d’échouer. C’est donc un système qui favorise les garçons parce qu’un garçon, il peut échouer autant de fois, alors qu’une fille si elle échoue deux fois, elle est obligée de quitter l’école et on lui trouve un mari. Donc la déperdition provient de la dimension sociale, la conception de ce qu’est la fille dans notre société, qui souvent est étiquetée à la tâche de faire des enfants." a explicité Docteur Banoh Barry.
Madame Michèle Koundouno du FECPA est revenue quant à elle sur l’opportunité du lancement de la campagne orange : « Cette campagne, c’est pour interpeler les jeunes mais aussi les familles sur la question l’éducation des enfants, des jeunes garçons, mais aussi des jeunes filles. C’est l’occasion aussi pour nous d’interpeler les autorités afin d’adopter le code civil régulier pour poursuivre les auteurs des violations de nos droits ».
Les activités vont donc se poursuivre durant seize jours à travers des séances divers de sensibilisation et de vulgarisation.
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