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lundi 16 novembre 2015

Sheikh Sidia Bayo: «Mon élection en Gambie sera celle de la délivrance pour tout un peuple !»

Sheikh Sidia Bayo, opposant gambien: «Yaya Jammeh cherche à se racheter une conduite».22 juillet 1994. Le peuple gambien, en se levant pour vaquer à ses occupations, ignore que cette date marquera l’histoire de son pays. Dawda Jawara, premier président de la République gambienne ayant régné 24 ans, quittera le pouvoir suite à un coup d’Etat orchestré par quatre officiers de l’armée. A la tête de ce conseil dirigeant provisoire des forces armées, le lieutenant Yahya Jammeh qui avait promis de rendre le tablier aux civils après quelques mois de gouvernance, se représentera le 29 Septembre 1996, fondant auparavant le parti de l’Alliance patriotique pour la réorientation et la construction. Des élections dont le scrutin fut très douteux. Prémisse du commencement d’une dictature sans faille qu’imposera le natif de Kanilai. Près de 22 ans après son accession au pouvoir, l’histoire se répétera peut-être en 2016, lors des élections présidentielles, ou du moins presque, puisque l’opposition s’accroît de jour en jour et tentera de confisquer le fauteuil présidentiel de manière démocratique. L’un des éléments de cette opposition, pour ne pas dire l’homme fort, Sheikh Sidia Bayo, croit en tout cas en cette réalisation, déterminé à apporter un souffle nouveau aux gambiens, jusqu’ici habitués à vivre la démocratie de manière utopique et plongés de plus en plus dans les profondeurs abyssales de la précarité. Pour le moment, le candidat du Conseil National de Transition pour la Gambie a bien voulu répondre à nos questions… Senego : Pouvez-vous brièvement vous présenter aux lecteurs de Senego ? Sheikh Sidia Bayo : Je m’appelle Sheikh Sidia Bayo, je suis né le 21 Août 1979 à Paris, de parents Gambiens, ayant immigré en France à partir de 1966 pour mon père et 1977 pour ma mère ! J’ai fondé le Conseil National de Transition pour la Gambie, en septembre 2012, destiné à mettre un terme au règne anti-démocratique du président Yahya Jammeh… Par ailleurs, je possède la double nationalité, française et Gambienne depuis 2001. Je suis également titulaire d’une maîtrise en langues et civilisations étrangères, obtenue à l’université de Versailles. Je suis aujourd’hui candidat à la prochaine présidentielle de novembre 2016, en Gambie. Justement, qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir occuper le fauteuil présidentiel de la Gambie ? Cette candidature est la suite logique de mon engagement politique depuis 2006. La Gambie est aujourd’hui citée comme un pays violant systématiquement les valeurs universelles des droits de l’homme, et de surcroît ne respectant plus la démocratie établie par notre 1ère République, de Sir Daouda Jawara. En me portant candidat à la magistrature suprême de mon pays, je veux rétablir un état de Droit en Gambie mais aussi lui redonner la place qu’elle mérite au sein des institutions Africaines et plus largement, que la Gambie soit consultée et écoutée au sein de la gouvernance mondiale, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ! Mais je souhaite surtout que mon pays participe activement à la croissance de l’économie mondiale, en industrialisant nos secteurs exportateurs, cela offrira de l’emploi à notre pays et améliorera le niveau de vie de nos paysans, représentant plus de 70% de notre population … Il est inéluctable que la majorité des pays de l’Afrique Sub-saharienne doivent aspirer à jouer les premiers rôles économiques, afin d’atténuer les maux majeures de notre continent. Mais cela passe par un changement générationnel de nos leaders politiques pour revaloriser de manière équitable nos coopérations commerciales, avec les pays industrialisés et développés ! Et quelles sont les stratégies sur lesquelles repose votre campagne en vue d’une élection historique ? Je me définis comme le candidat du changement et de notre jeunesse, pour ouvrir une nouvelle ère aux Gambiens, qui subissent depuis plus de deux décennies, un autoritarisme et une suppression de toutes libertés d’expressions sans précédent, en Gambie… La peur doit changer de camp ! Jammeh doit préparer sa sortie dans les meilleures conditions, mon équipe et moi souhaitons une sortie pacifique de son régime, et nous allons œuvrer pour créer l’exception sur le continent après les 21 ans de son régime militarisé. Le vent du changement est incontournable pour la présidentielle de novembre 2016 en Gambie et je suis prêt à relever ce défi honorifique ! Mon élection sera celle de la délivrance pour tout un peuple face à cette dictature flagrante, je reste persuadé que je suis celui que les Gambiens attendent, notre slogan veut dire « l’heure est arrivée « , « Waato Seeta » en langue mandingue ! Que comptez-vous changer au sein de la Gambie ? Ce pays doit être réformé en profondeur et demandera beaucoup de bonnes volontés pour y arriver… Notre priorité sera notre jeunesse, nous avons un triste record, 1430 jeunes Gambiens ont pris la route de la méditerranée au 1er trimestre 2015, pour améliorer leurs vies sociales. Mon gouvernement mettra en place un fonds d’investissement destiné à la formation des jeunes entre 16 et 25 ans, puis un suivi destiné à la création d’entreprise ou un premier emploi, personne ne sera abandonné… Par ailleurs, toutes ces années d’un pouvoir tyrannique usent les esprits et les investisseurs privés ont déserté le pays avec la mauvaise gouvernance de ce régime finissant… Les secteurs clés de notre économie ont été négligés et mal gérés, il y a des ressources naturelles et minières qui sont au stade de la prospection, comme le pétrole, le bauxite ou le titanium. Nous travaillons sur des stratégies élaborées qui nous permettront de tirer des bénéfices élogieux de ces bienfaits naturels, pour nourrir notre budget annuel, industrialiser notre économie, et estomper la dette extérieure de la Gambie. Le pouvoir doit revenir au peuple, la priorité sera donnée à une presse libre et indépendante mais aussi réformer toutes nos forces sécuritaires en commençant par notre Armée, qui a, elle aussi été malmenée par Jammeh, à des fins personnelles! Pour l’instant, en terme de popularité, quel est votre bilan ? Je vous le répète je suis le candidat de la jeunesse ! 53% de notre population a moins de 25 ans. Je n’ai pas encore 40 ans, je reste naturellement leur meilleure solution, reste à pouvoir relever tous ces défis qui gangrènent la Gambie depuis 1994… Depuis 2012, les Gambiens de tout bord, réclament mon retour pour défier Jammeh de l’intérieur, ils ont quelque part déclenché ma candidature à la présidentielle de 2016 ! Quel regard portez-vous sur l’actualité du Sénégal, pays voisin de la Gambie (NDLR : interdiction du port intégral du voile, classement du FMI, crise à l’Assemblée Nationale) ? Le Sénégal reste un pays prospère depuis son indépendance et il jouit d’une réputation à l’échelle mondiale sans équivoque en Afrique. Pour sa politique intérieure, il reste un pays libre de choisir ce qu’il semble être bon pour préserver sa culture et les principes de sa République… Concernant le classement du FMI, je pense qu’il n’est pas révélateur des efforts du Sénégal pour son émergence malgré tout. Autrement dit, on ne peut nier qu’il y a aujourd’hui un réel malaise dans le paysage politique Sénégalais, en témoigne cette crise multilatérale à l’Assemblée Nationale. Mais j’ai confiance au civisme de votre arène politique pour y remédier dans les plus brefs délais, car le Sénégal représente une grande maturité démocratique

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