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mardi 3 novembre 2015

ENVIRONNEMENT ET POLITIQUE : Placer l’environnement au cœur du débat politique au Burkina Faso

Bientôt la campagne électorale sera ouverte.Plusieurs projets de société, plusieurs offres politiques ou programmes politiques vont être proposé aux burkinabé. Dans notre adresse, nous invitons tous les candidats à la conquête du pouvoir d’Etat à placer l’environnement au cœur de leurs programmes politiques, de leurs projets de société car c’est la condition sine qua none pour éliminer la pauvreté au Burkina Faso et poser les bases d’une société prospère et durable
L’environnement, défi majeur pour l’humanité
La gouvernance environnementale est l’un des enjeux mondiaux les plus importants du 21 e siècle. Comme l’indiquait la déclaration de Rio de 1992, « la paix, le développement et la protection de l’environnement sont interdépendants et indivisibles ». Comment donc ne pas avoir une vision catastrophique de nos sociétés actuelles du fait de l’exploitation abusive des ressources naturelles et de la perturbation des équilibres écologiques ? Partout les ressources vivantes connaissent des signes de stress prononcé du fait de l’action anthropique. La terre saigne, les problèmes découlant de la détérioration des supports à la vie et de l’épuisement des ressources collectives s’accumulent. La réalité invite à l’inquiétude : elle montre que de nombreux problèmes environnementaux persistent et que de nouveaux émergent sans qu’aucun ne soit irrémédiablement maîtrisé. L’environnement est un défi majeur pour l’humanité, il doit donc être au cœur des projets de société ou des programmes politiques que nous proposent les hommes politiques engagés dans la conquête du pouvoir d’Etat.
Malheureusement au Burkina Faso, l’environnement est peu représenté dans le débat politique. La plupart de nos hommes politiques, de nos candidats aux élections présidentielles préfèrent s’attarder sur des questions de politiques politiciennes. Nous nous inquiétons en tant qu’environnementaliste d’autant plus que l’avenir de la planète n’a jamais été aussi précaire : refugiés climatiques, raréfaction des ressources (eau, produits halieutiques, denrées alimentaires), réchauffement climatique dû aux gaz à effet de serre, crise énergétique, etc. Malgré cette menace qui pèse sur la planète que nous partageons, les questions environnementales sont inscrites aux abonnés absents dans les débats politiques au Burkina. Les politiciens ne semblent pas donner à l’environnement une place centrale dans leurs programmes et pourtant, le développement durable et l’avenir de l’économie du Burkina Faso passent aujourd’hui par une gestion holistique de ses ressources naturelles, de son environnement.
On a l’impression qu’en dehors de quelques partis écologiques, la gravité de la crise environnementale n’est pas bien perçue par les hommes politiques qui aspirent à la gestion du pouvoir d’Etat. Qui parmi eux a perçu, à sa juste valeur, l’impératif écologique pour s’en appuyer afin de proposer un programme qui soit imprégné de l’environnement dans ses déclinaisons économiques, sociales et culturelles ? Gérer l’environnement et la diversité des ressources naturelles au Burkina Faso n’est pas chose aisée, c’est un défi dont la complexité va croissant. Actuellement la crise environnementale que connait notre pays s’exprime sous la forme d’une crise économique et demain elle pourrait s’exprimer en crise sociale si rien n’est fait à cause de la dégradation accélérée des écosystèmes.
Sous certains cieux on parle de réfugiés climatiques suite au passage des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les averses violentes qui sont à l’origine d’inondations, les fortes chaleurs qui entrainent la perte de terres arables et que sais-je encore. Les inondations du premier septembre 2009, avec tout son cortège de malheurs, ont provoqué des déplacements massifs de populations sinistrées et permis de prendre toute la mesure du dérèglement climatique qui représente indiscutablement une menace pour la survie de l’humanité. C’est donc le rôle du politique que de faciliter le débat et l’intégration des idées environnementales, économiques et sociales pour résoudre les problèmes environnementaux. Il importe de tendre vers la construction sociale d’une solution en vue d’optimiser la contribution de tous les acteurs, car l’environnement n’est plus seulement le problème des environnementalistes, c’est également le problème des acteurs économiques et sociaux. C’est le problème de tous les citoyens. La viabilité de l’environnement doit nécessairement faire partie intégrante des programmes de développement de tous les partis politiques, il doit y occuper une place centrale : c’est la condition sine qua none pour éliminer la pauvreté au Burkina Faso et poser les bases d’une société prospère et durable.
L’environnement au cœur du débat politique au Burkina Faso
Les problèmes environnementaux sont de plus en plus présents dans le quotidien de chacun d’entre nous et nous vivons de plus en plus dans des conditions écologiquement fragiles. Cette précarité est un handicap en ce sens qu’elle est susceptible d’installer notre pays dans un cycle de crises alimentaires sévères. A ce rythme nous nous posons la question de savoir quelle terre laisserons-nous à nos enfants ? Quel Burkina Faso laisserons-nous à nos enfants, aux générations futures ? Fort de ce constat, tous les burkinabés doivent être sensibilisés aux problématiques environnementales qui caractérisent notre pays. La question de la gestion durable de nos ressources naturelles, de la protection de notre environnement physique, de la préservation de nos forêts, de nos eaux de surface, de nos terres, de nos ressources fauniques et halieutiques, de notre biodiversité etc. doit être désormais considérée comme une question d’intérêt nationale puisqu’il y va même de la survie de notre pays, de sa viabilité écologique.
Nos concitoyens doivent être informés et sensibilisés par tous les canaux de communication possibles sur les problématiques environnementales. Nous nous sommes battus sans réserve avec les mains nues pour l’avènement d’un Burkina nouveau parce que nous aimons tant notre pays pour nous-mêmes et pour nos enfants. Par conséquent la gestion de ses ressources naturelles du Burkina Faso ainsi que la préservation de son environnement physique doit être au cœur des préoccupations de tous les burkinabé, de tous les acteurs de développement et en priorité des hommes politiques qui aspirent présentement à nous diriger. Une gouvernance efficace de l’environnement à tous les niveaux s’impose donc si nous voulons trouver des solutions aux problèmes écologiques qui affectent notre pays. La Gouvernance de l’environnement s’entend des règles, des pratiques, des politiques et institutions qui façonnent les interactions humaines avec l’environnement. Une bonne gouvernance de l’environnement doit prendre en compte le rôle de tous les acteurs ayant un impact sur l’environnement.
Qu’il s’agisse des gouvernements, des ONG, du secteur privé et de la société, leur coopération revêt la plus haute importance si l’on veut parvenir à une gouvernance efficace de nature à nous aider à nous engager dans la voie d’un avenir écologiquement plus viable. L’environnement au cœur du débat politique au Burkina Faso est bien possible. Cela suppose que :
- les médias doivent sensibiliser l´opinion publique aux graves problèmes d´environnement que subit le pays car sans information, les citoyens ne peuvent pas être sensibles aux questions environnementales pour pouvoir exiger des hommes politiques qu’ils en fassent une priorité. Des débats télévisés ou radiodiffusés sur l´environnement feront revenir assurément de nombreux citoyens absents des débats politiques.
- les populations doivent comprendre que ce n´est pas seulement aux autres de prendre des décisions, mais qu´agir commence par adopter soi-même un comportement éco-citoyen.
- Il y a lieu de mettre en avant pour les décideurs, les hommes politiques, le coût astronomique du changement climatique pour la société. Un coût qui est un boulet pour l´économie et qui est supérieur aux gains de croissance que pourrait générer une politique qui ignore l´environnement.
- Il faut convaincre les partenaires sociaux que sont les syndicats, la société civile, les organisations non gouvernementales, associations, qu´il est de leur responsabilité de faire pression sur les politiques pour régler les problèmes d´environnement.
- Sur la problématique des ordures ménagères, le citoyen burkinabé doit être sensibilisé et informé que les ordures ont de la valeur. En les recyclant, on peut créer des PME/PMI avec à la clé, des emplois pour les jeunes.
La gouvernance à l’épreuve des enjeux environnementaux
La gestion rationnelle des ressources naturelles qui tient compte du repos biologique ainsi que la préservation de l’environnement sont essentielles pour mettre en place un développement écologiquement viable et bâtir un monde meilleur pour les générations présentes et futures.
Au Burkina Faso, l’économie est basée essentiellement sur l’exploitation des ressources naturelles. La dégradation de ces ressources est accentuée par les phénomènes météorologiques extrêmes dûs aux changements climatiques tels que les sécheresses, les averses violentes, les d’inondations, les fortes chaleurs qui entrainent la perte de terres arables et de productions agricoles. Cette situation affecte d’année en année les possibilités d’exploitation des terres, alors qu’indiscutablement les besoins alimentaires du pays augmentent en raison de sa très forte croissance démographique. Les populations burkinabés qui tirent leurs moyens de subsistance directement de la nature sont largement majoritaires. Les hommes politiques burkinabé ne doivent pas perdre de vue que la bonne gestion des ressources naturelles renouvelables ou non, la préservation du milieu naturel et de la biodiversité, la lutte contre la désertification et les gaz à effet de serre, la maîtrise des pollutions diverses… sont aujourd’hui nécessaires au maintien de la paix, de la sécurité car il y a une forte corrélation entre environnement, paix, sécurité et développement.
Par conséquent les approches en termes de développement durable doivent interpeller tous les décideurs politiques parce qu’elles visent à réconcilier le développement économique et social avec la protection de l’environnement et la conservation des ressources, à répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures. Il s’agit d’un développement qui vise à garantir aux générations actuelles un capital naturel, écologique et productif. Ce capital écologique devra être transmis aux générations futures dans des qualités qui leur permettent de disposer de bonnes conditions de vie. Le développement durable n’est donc pas une solution toute faite, elle se présente comme une problématique : Comment faire pour que le développement soit économiquement viable, écologiquement reproductible et socialement équitable ?
Dans cette logique il apparaît comme une tentative de réponse aux inquiétudes nées du changement climatique, de la raréfaction des ressources naturelles, de l’effondrement de la biodiversité, du développement de l’insécurité alimentaire, de la sécheresse etc. La jeunesse doit être au cœur des questionnements du développement durable dans la mesure où le développement durable investit fortement une problématique générationnelle en développant le principe de « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures ». Les politiques doivent donc comprendre qu’il est indispensable d’associer la jeunesse aux décisions en matière de gestion des ressources naturelles et de l’environnement.

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