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vendredi 16 octobre 2015

Politique: la CUPAD peut-elle sauver le dialogue ?

Mauritanie: le dialogue pouvoir-oppositionLes participants aux journées de concertations pour un dialogue politique inclusif, organisé par le pouvoir, ont proposé la tenue officielle de ce débat national en ce mois d’Octobre, à Nouakchott. Pour vendre les recommandations et préparer ces assises, les ministres du gouvernement ont été envoyés à l’intérieur du pays. Aujourd’hui, les Mauritaniens attendent l’évènement qu’une grande partie de l’opposition, notamment, le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), risque, comme en 2011 et en 2013 de boycotter. C’est justement pour éviter, au pouvoir, un risible monologue que la CUPAD, rassemblant les partis APP de Messaoud ouldBoulkheïr, El Wiam de Boydiel ould Houmeid et Sawab d'Abdessalam ould Horma, entreprend, depuis quelques jours, des démarches auprès de différents leaders du FNDU et de diverses personnalités indépendantes, afin de les amener à prendre part à ce débat national. Mais, pour amener le Forum et même la CUPAD, qui n’a pas boycotté les journées préliminaires sans raison, il reste à lever plusieurs obstacles. En un, que le pouvoir offre des garanties– ce que le FNDU appelle des mesures de confiance – autrement dit, qu’il revienne sur le processus précédemment engagé avec l’opposition et qui avait abouti à un échange de documents ou de vision, pour chaque camp de la Mauritanie. Secondement, qu’il reporte la tenue du dialogue unilatéralement décrété pour ce mois d’Octobre. A en croire certaines confidences, le président Mohamed ouldAbdel Aziz serait disposé à céder sur le second, mais pas sur le premier. Le président de Sawab qui mène les négociations aurait trouvé une oreille très sensible auprès du Raïs. Il croit, dur comme fer, que les protagonistes ont besoin de se parler. Ce qui semble loin des autres acteurs politiques de l’opposition. Interrogé par Le Calame, le président du pôle politique du FNDU, maître Bettah, qui a reçu la visite d’Ould Horma préfère rester « prudent ». Ould Horma a également rencontré le président de Tawassoul, Mohamed Jémil ouldMansour mais le communiqué publié par le parti islamiste reste très évasif. Du côté de l’UFP, le secrétaire général du parti, Moustapha ould Bedredine fait savoir qu’il est encore très tôt pour se prononcer sur les démarches en cours, préférant attendre la rencontre avec le président de cette coalition. Pour Samory ould Bèye, vice-président du FNDU, cette initiative n’a rien encore d’officiel, donc, il faut attendre et voir, mais il s’interroge sur la démarche choisie pour renouer le dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Un chef de parti parlant sous anonymat se montre très sceptique : « Si le FNDU doit aller au dialogue, ce n’est pas par l’intermédiation de la CUPAD, on a déjà expérimenté ces gens, je rappelle qu’après le dialogue de 2011, certains de leurs leaders ont fermé la porte à tout autre dialogue, invitant les autres à prendre le train en marche. Et si le président de la République veut discuter, c’est directement avec le FNDU ». Et notre interlocuteur de se demander comment une telle démarche pourrait réussir, alors que l’initiative du président Messaoud, « La Mauritanie d’abord », s’était heurtée au refus du FNDU et du pouvoir de s’asseoir autour d’une table. De réels obstacles jonchent donc le chemin du docteur Abdessalam ould Horma, président de la CUPAD. Renouer les fils du dialogue entre le pouvoir et l’opposition demeure un gros challenge tant les divergences restent énormes. La confiance a disparu entre les deux camps depuis les accords de Dakar. L’opposition, rassemblée, à l’époque, dans un autre front, s’est dite «roulée dans la farine » et reste, depuis, très méfiante. Et les refus de reconnaître la légitimité du président de Mohamed ould Abdel Aziz, au lendemain des présidentielles de 2009 et 2014, la présidence de l’UA et le rôle diplomatique de l’homme fort de Nouakchott – notamment dans la lutte contre le terrorisme – ont fini d’éroder le peu de confiance entre le pouvoir et l’opposition dite radicale. Ould Abdel Aziz n’hésite pas, lui non plus, à rendre la monnaie de sa pièce. Selon certains, il en serait même à « mépriser » cette opposition de « croulants ». Au point d’évoquer publiquement le « renouvellement de la classe politique », afin de renvoyer tous ces « vieux à la retraite politique ». Pour rapprocher les deux camps, il faut donc déconstruire un sacré mur de « méfiance » et restaurer, au moins, les fondations de la confiance. Pour cela, les uns et les autres doivent accepter des « sacrifices » et le premier à devoir donner des gages en ce sens reste, bel et bien, le Président. Pourrions-nous, alors et enfin, emprunter l’exemple tunisien, pour éviter, à notre pays, des lendemains incertains ?

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