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lundi 20 juillet 2015

Quelle menace djihadiste et terroriste pour la Guinée ?

La question peut paraitre alarmiste dans un pays où la constitution  consacre la liberté de culte, et surtout où la majorité  des musulmans (près de 85% de la population) pratique un islam sunnite tolérant.

Toutefois, il existe de plus en plus en Guinée d’indices et de faits comparables à la situation d’autres pays subsahariens comme le Tchad, le Mali, le Nigéria, la Côte d’Ivoire ou la Mauritanie, avant que ces pays  ne connaissent leurs premières menaces d’attentats terroristes.
Des signes ostentatoires du fondamentalisme islamique
Le fondamentalisme islamique se manifeste, ailleurs comme en Guinée, par certains signes extérieurs visibles. Pour les hommes, les barbes restent longues et touffues, les pantalons coupés à la cheville, les parures et  bijoux absents; et les femmes emmitouflées dans une tunique noire,  la tête et le visage entièrement cachés par une burqa et les mains couvertes d’une paire de gants noirs.
Dans les rites, la prière se fait les bras pliés, le Maouloud, anniversaire de la naissance du prophète Mohammad n’est pas célébré, les fêtes de Ramadan et de Tabasky sont toujours décalées d’un jour, le mariage des filles célébré dès leur puberté, les baptêmes sont sobres (pas de musique ni de danse), et les obsèques sont sans pleurs, etc…
Dans la vie pratique, la solidarité et le prosélytisme sont  encouragés par la communauté par la construction des medersas, des salons de coiffures pour femmes voilées, des  Dawas (voyages d’endoctrinement de nouveaux adhérents), etc..
En Guinée, ces signes extérieurs sont de plus en plus visibles dans certains quartiers de la haute banlieue de Conakry et dans certaines provinces comme à Labé, à Pita, à Siguiri, à Kankan, à Nzérékoré, à Beyla, etc….FullSizeRender(1)
Si le fondamentalisme religieux existe en Guinée par endroits dans une phase embryonnaire, néanmoins, il existe de plus en plus d’indices et de faits comparables à la situation d’autres pays subsahariens comme le Tchad, le Mali, le Nigéria, la Côte d’Ivoire ou la Mauritanie, avant qu’ils ne connaissent leurs   premières menaces d’attentats.
Les ressemblances inquiétantes entre le fondamentalisme guinéen et certains pays qui ont déjà  connu des menaces jihadistes terroristes.
Plusieurs  études  sociologiques révèlent que  les jihadistes  de l’Afrique subsaharienne qui sont devenus plus tard  des terroristes ont un dénominateur commun : la frustration. La montée de l’islamisme et du fanatisme  dans la ville de Nzérékoré n’est pas sans rappeler celle du Nigéria et de la Côte d’Ivoire.  Dans les trois cas, le nombre de musulmans et de chrétiens se vaut presque.  Cette quasi égalité entre les deux communautés monothéistes a exacerbé la propension au prosélytisme chez certains musulmans, comme  s’il faut obligatoirement rejeter toutes les similitudes avec  l’autre religion dominante, pour mieux s’affirmer.
Ainsi au Nigéria où presque 50% de la population sont  de confession musulmane,  les chiites parmi lesquels se trouve  la secte fanatiques Boko Haram représentent 12% de la population musulmane du pays. La capacité de nuisance  de la secte intégriste à travers ses attentats, ses rapts et autres coups d’éclats fait quotidiennement la Une de la presse mondiale depuis plusieurs années.
En Côte d’Ivoire, la communauté musulmane représente près de 45% de la population totale. L’évangélisation agressive de la période coloniale aux années 1990 a poussé l’islam à se défendre face au mépris envers  les coreligionnaires du prophète Mohammed. L’islamisation ( et sa radicalisation ?) a connu la progression la plus fulgurante en Afrique passant de 14% en 1960 à 43% en 1993, selon l’Institut national des statistiques du pays. Une étude intitulée «  Vers un nouveau prosélytisme islamique en Côte d’Ivoire : une révolution discrète » s’appesantit sur la Dawa à l’ivoirienne qui fait de chaque musulman ivoirien un missionnaire pour reconvertir les impies et re-islamiser les musulmans par des dogmes et rites plus fondamentalistes.
C’est dans ce contexte que le samedi 27 juin dernier, la secte Ansar dine a attaqué deux localités du Mali (Fakola et Nara) avant de menacer la Côte d’Ivoire d’un attentat terroriste très prochainement.  S’appuyant sur les exemples récents au Tchad, au Mali, en Tunisie, les observateurs s’accordent à dire que lorsque les jihadistes menacent un pays d’attaques terroristes, généralement le plan est déjà en cours d’exécution………
La situation de la ville de Nzérékoré est comparable mutatis mutandis à celles du Nigéria et de la Côte d’Ivoire, avec une parité entre le nombre   de musulmans et  de chrétiens dans cette grande ville du sud de la Guinée. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, plusieurs mosquées de wahabite existent dans les quartiers de Gonia, Mohomo à Nzérékoré. A Nyen , un autre quartier de la ville, les femmes voilées sont de plus en plus visibles. Il ya près d’un an, des imams s‘étaient réunis pour interdire certaines cérémonies de réjouissance comme la Mamaya à Nzérékoré, selon nos informations.
De manière générale, plusieurs conflits dans la zone au bilan funeste ont parfois eu des causes ethnico religieuses. Plusieurs observateurs justifient la récurrence et la cruauté des conflits à Nzérékoré et dans ses environs ( Juillet 2011 à Galapaye, Août 2012 à Zogota,  Juillet 2013 à Koulé)  par le sentiment profond que les parties en conflit croient faire une guerre sainte…

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