La gestion fantaisiste et opaque des missions diplomatiques guinéennes ces dernières années (sujet d’un dossier ouvert par votre quotidien. Lire : Dossier : Les recettes consulaires sont-elles détournées ? Alpha Condé doit sévir contre la mafia !) ne finit pas de soulever des vagues d’interrogations successives au sein de l’opinion nationale. Des interrogations qui n’ont toujours eu pour seules réponses que de simples faux effets d’annonce de la part des responsables concernés.
Pour preuve, la mise à jour sur la place publique par Guinéenews© de la mafia instaurée depuis des années autour de la gestion des recettes consulaires n’a pour seules explications que de simples promesses du ministre d’État en charge des Affaires étrangères de mettre fin à une pratique décennale dont il reconnait pourtant être informé il y a des lustres (lire : Gestion opaque des recettes consulaires : Fall dénonce la pratique et promet d’y mettre fin). Or, il est de notoriété publique que Lounceny Fall est dans « sa maison aux affaires étrangères » qu’il connait tant et si bien qu’il y a passé toute sa vie administrative depuis 1979 où il a occupé presque toutes les fonctions. Sous le régime Conté déjà, il y a été ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale de 2002 à 2004, avant d’y revenir en 2012 jusqu’à ce jour dans les fonctions de ministre d’État en charge des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger. Les observateurs se demandent alors qu’est ce que ce diplomate à talent confirmé, a pu y faire pour apporter les correctifs nécessaires à ces dysfonctionnements dont il reconnait être informé concernant par exemple les recettes consulaires ? Que de simples faux effets d’annonce chaque fois qu’un abcès est percé par la presse !
Mais la réalité, c’est que « ce ''Maradona public'' est un habitué des faits qu’il étouffe régulièrement par des faux effets d’annonce dans la presse », estiment les critiques qui se demandent donc « à qui profite réellement ces pratiques que Fall et ses cabinets successifs s’obstinent à ne pas corriger depuis tant d’années » ? Car, au-delà de la gestion opaque récurrente des recettes consulaires, il y a eu également beaucoup de tôllés au sujet de la gestion de certaines de nos ambassades par des chargés d’affaires ad-interim, sans que le département central ne prenne aucune mesure corrective. Ce fut le cas à Londres après le départ de l’ambassadeur Lansana Keita ‘’Gaucher’’ et avant que l’actuel titulaire du poste Paul Goa n’y prenne fonction. Interrogé par la rédaction de Guinéenews© sur un présumé détournement de fonds à l’ambassade de Guinée, à Londres, le ministre Fall avait tout simplement promis : « J’y enverrais une équipe d’inspection pour y voir plus clair ». Mais jusqu’à présent, rien n’a été fait. Pourtant, ces allégations faisaient état du détournement de centaine de milliers de dollars sur le dos des contribuables guinéens.
De sources généralement bien informées, des exemples sont légion, comme la gestion qui a été aussi instaurée à l’ambassade de Guinée à Abuja, Nigeria au cours de la période allant du départ de l’ambassadeur Cheick Abdoul Camara en 2013 à la nomination de l’actuel ambassadeur Gaoussou Touré en juillet 2014. Ce qui a même entrainé de violentes empoignades verbales au sein de cette mission diplomatique sans que le cabinet Fall ne lève le petit doigt, alors que les infrastructures immobilières et les mobiliers de l’ambassade pour lesquels un budget de fonctionnement était régulièrement viré sont dans un état piteux. Que dire de la résidence de l’ambassadeur de Guinée à Freetown où le nouveau locataire des lieux est catastrophé par la situation qu’il y a trouvée, résultant d’un total abandon depuis le départ de l’ambassadeur Mohamed Lamine Somparé en 2012. L’évocation n’est pas exhaustive, loin s’en faut.
Pour mémoire, dans un courriel adressé à Lounceny Fall le 23 décembre 2012 relative à la nomination de certains consuls honoraires de l'ambassade de Guinée en Espagne par corruption, l'Association des Guinéens d'Espagne attirait l'attention du chef de la diplomatie guinéenne sur ce fait. Après plusieurs échanges de courriels entre le patron des AE (affaires étrangères) et le bureau de l'association des Guinéens dont Guinéenews© s'est procuré copie, Lounceny Fall avait promis d'y remédier rapidement. « Grand merci pour ces informations qui me seront utiles au moment indiqué. Nous sommes en train de revoir fondamentalement le fonctionnement des ambassades et des consulats honoraires. Croyez-moi nous sommes déterminés à tout changer », répondait Fall au courriel de la communauté guinéenne d’Espagne le 24 novembre 2012. Mais à date, rien n'est encore fait et ce problème perdure encore au grand dam du président Alpha Condé. Pourtant, des documents à notre disposition démontrent une mafia qui ne dit pas son nom allant du ministère des Affaires étrangères à la présidence de la République. Selon Manuel Tomey Alares, ancien consul de la Guinée à Barcelone qui a contacté Guinéenews©, on lui a demandé de payer cinquante mille euros (50.000 euros) pour être reconduit à son poste. Compte tenu du fait qu'il n'a pas payé cette somme, il a été remplacé par d'autres « meilleurs offrants ». Faut-il préciser que l'acte de nomination de ces vendeurs d'illusions, excusez de ces trafiquants reconvertis en "consul honoraire" a été signé entre 2010 et 2013. Bien qu’il avait été saisi du dossier avec preuve à l’appui, Fall n'a rien fait là-dessus. Ainsi, les observateurs se demandent ce qui se cacherait derrière une telle inaction au détriment de l'État guinéen ? (Nous allons revenir sur ce dossier spécifique dans nos prochaines éditions).
Quoi qu’il en soit, l’observateur averti note qu’à chaque fois, ce sont les mêmes faux effets d’annonce qui sont présentés comme la panacée. Sinon, en s’inscrivant en faux contre la déclaration de son ambassadeur en Suisse, Aly Diané qui affirmait dans un article précédent que les recettes consulaires qu’il collecte étaient virées en Guinée alors que Fall déclarait publiquement dans une interview qu’il a accordée à votre quotidien qu’aucune ambassade n’effectuait des virements au trésor public guinéen pour le compte desdites recettes consulaires, l’on était en droit de s’attendre très rapidement à une démarche pour aplanir les zones d’ombre en vue de connaitre les faits et savoir qui des deux dit la vérité ?
L’autre poste d’évasion de ressources dans ces ambassades, ce sont les personnels fictifs payés au sein du personnel local en poste. Il est vrai qu’à ce niveau l’administration Fall a fait des efforts pour assainir cette rubrique, reconnaissent nos sources d’information. Mais le mal persiste à maints endroits encore qui profite à certains plénipotentiaires. Mieux, au sein de la diplomatie guinéenne, il se murmure que les nominations fantaisistes de certaines personnes chargées des affaires financières et consulaires se font sur la base du népotisme et du clientélisme dans le seul but de spolier les fonds publics de nos missions diplomatiques à l’étranger.
S’il est vrai que la rénovation du département central permet de créer un environnement de travail favorable à la productivité du personnel comme le ministre Fall l’avait fait à son come back en 2012, force est de reconnaître que la gestion des affaires publiques d’un département de souveraineté tel que les affaires étrangères passe nécessairement par la moralisation de recettes consulaires à l’image des autres pays africains. Il est donc temps, interpellent les observateurs que le chef de l’État prenne des mesures draconiennes pour atténuer l’hémorragie massive des recettes consulaires dans cette période de récession financière pour notre fragile économie malade d’Ébola, dit-on.
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