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mardi 7 juillet 2015

Dialogue: Pourquoi la réforme de la CENI coince si désespérément ?

Le cas des délégations spéciales et de la CENI constitue aujourd’hui le nœud gordien du processus de dialogue politique guinéen enclenché depuis plus de deux semaines entre la mouvance et l’opposition.


En raison donc de ce différend, l’opposition a claqué la porte des discussions le 3 juillet dernier tout en refusant de reconnaître l’accord d’étape que la mouvance, la société civile et la communauté internationale ont déjà paraphé.
Par rapport à la question précise de la CENI qui représente un véritable bourbier dans lequel s’enlise le dialogue, les témoignages faits à Guinéenews par le président du groupe parlementaire de la majorité, sont somme toute formels.
La restructuration de l’institution en charge de l’organisation des élections est rendue impossible à cause des impératifs juridiques qui semblent quasiment insurmontables, révèle à Guinéenews Amadou Damaro Camara qui fait allusion à un constat de la société civile et de la communauté internationale. Deux entités qui participent aux travaux du dialogue en tant qu’observateurs.      
Selon le chef de file des députés du parti au pouvoir, leur  proposition sur la question consistait à faire démissionner les commissaires désignés par l’opposition notamment ceux qui semblent avoir coupé définitivement le pont avec elle et de procéder ensuite à leur remplacement.
Très vite, l’on s’aperçoit que cette proposition de la mouvance est totalement illégale. Puisqu’un commissaire ne peut ni être obligé de démissionner ni être renvoyé de la CENI, précisé Damaro qui rappelle une disposition de la loi organique numéro L016 ayant mis en place l’institution. A en croire le député du parti au pouvoir, cette loi ne peut être modifiée, amendée ou abrogée qu’avec la majorité qualifiée des deux tiers des députés.
Déterminée à obtenir vaille que vaille la recomposition de la CENI, l’opposition a sa petite recette, celle qui consiste  à faire entériner les conclusions juridiques du dialogue à travers une session extraordinaire de l’Assemblée.
Cette option de ‘’contournement’’ préconisée par l’opposition ne prospérera pas dès lors qu’elle émane d’un cadre outre que l’Assemblée nationale. Pour l’honorable Damaro, cette usurpation de rôle qui prête au forum du dialogue les prérogatives dévolues au parlement, est inacceptable. ‘’Le forum du dialogue ne peut pas constituer une Assemblée constituante ou une Assemblée bis qui va modifier une loi’’, rétorquera-t-il.
Au nom de la loi donc, le président du groupe parlementaire de la majorité veut faire payer cher à l’opposition son boycott de la session des lois qui devrait, insinue-t-il, logiquement permettre d’apporter une réponse l’égale à toutes ces préoccupations d’ordre juridique aujourd’hui soulevées à travers le dialogue.
Jaloux de ce droit strictement réservé à l’Assemblée et aux députés, Damaro assène ses vérités à l’opposition: ‘’ce ne sont pas des partis politiques qui peuvent se réunir pour nier à l’Assemblée et aux députés leur droit de  débattre des textes de lois ou de propositions de lois qui leur sont soumis.’’
Et de poursuivre : ‘’s’il doit y avoir modification, on doit faire des propositions de lois. Si c’est cela leur volonté, ils (les opposants, NDRL) ont deux groupes parlementaires… Qu’ils fassent donc une proposition de lois qui doit suivre la procédure requise. S’ils ont le vote, on modifie et s’ils n’en ont…, c’est cela aussi la démocratie, qu’ils se soumettent à cette sentence légale.’’ 
Cette farouche et inattendue intransigeance de Damaro quant au respect scrupuleux de la constitution lui a sans doute valu une certaine inimité de la part des représentants de l’opposition qui l’ont accusé de vouloir bloquer le dialogue.
’Le fait de vouloir appliquer la loi et je l’appliquerai strictement, on m’a accusé de vouloir bloquer le dialogue. En tous les cas au sein de la mouvance, cela n’est pas négociable. Parce que l’on ne peut pas quitter délibérément l’Assemblée nationale, provoquer une crise artificielle et demander le dialogue pour aller modifier les lois qui ne paraissent pas être à leur faveur et l’imposer à la majorité. Et mieux on ne peut pas même dire à un commissaire de démissionner. Même si on prenait la décision de le faire partir, la Cour Constitutionnelle peut statuer la déçu… C’est pourquoi, j’ai demandé à ce qu’on commence à respecter les institutions. Car, on ne peut pas continuer de se comporter comme s’il n’y avait pas d’Assemblée comme si c’était encore la Transition pure et dure’’, réplique ainsi Damaro à ses détracteurs.

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