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lundi 18 mai 2015

« Si Dadis est candidat, Alpha Condé ne peut plus être élu au 1er tour», selon Mamadou Sylla de la mouvance.

L'annonce de la candidature de Moussa Dadis Camara, ex-chef de la junte, pour la présidentielle d'octobre 2016 a suscité une salve de réactions au sein de la société civile, mais aussi au sein de la classe politique. La dernière en date est celle du président du conseil national patronal de Guinée (CNP-G) et président de l'union démocratique de Guinée (UDG). Dans une entrevue avec Guinéenews, l'ex-candidat à l'élection présidentielle de 2010 a donné son point de vue.

El Hadj Mamadou Sylla ne voit pas d'un mauvais œil Moussa Dadis Camara se lancer dans la course pour Sèkhoutouréyah. Pour lui, le président des forces patriotiques pour la démocratie et le développement (FPDD) est présidentiable au même titre que les autres candidats déclarés.

''Je rappelle aux gens que, jusqu'à preuve du contraire, jusqu'à l'annonce de sa candidature, Dadis est un citoyen libre''

« En Guinée, les gens se précipitent sur les choses. Pour ce qui est de la candidature de monsieur Moussa Dadis Camara, parce qu'il n'est plus militaire, lui-même, il l'a dit. On est libre de démissionner même si on est nommé par un acte. Désormais, je l'appellerai, monsieur Moussa Dadis Camara. Je pense que Dadis a le droit de se présenter, c'est son droit le plus absolu de déclarer qu'il est candidat. C'est au peuple de Guinée de l'accepter ou pas. Quand j'entends les gens dire qu'il ne doit pas être candidat parce qu'il y a eu ceci ou cela. Je rappelle aux gens que, jusqu'à preuve du contraire, jusqu'à l'annonce de sa candidature, Dadis est un citoyen libre. Pour preuve, il n'a pas été inquiété par la justice, il n'y a aucune plainte formelle contre lui. Il n'a jamais été inculpé, il n'a pas été jugé, il n'a pas été condamné. Donc, à partir du moment où il bénéficie de ces circonstances, je ne crois pas que quelqu'un puisse dire qu'il n'est pas candidat. Dadis a le plein droit tout comme les autres guinéens d'être candidat. Si je prend l'exemple sur moi-même, à un moment donné, c'était dans les années 2006, il y a eu tellement de bruits avec les syndicalistes. Tout le monde disait que je suis sorti de prison, mais je n'ai jamais été condamné. Qu'est-ce qui s'est passé après ? Quand la justice a pris l'affaire au sérieux, il y a eu un non-lieu en ma faveur. Donc, c'est pour dire que, tant qu'une personne n'est pas jugée et condamnée, de surcroît, quand la justice ne lui a pas interdit de se présenter, c'est son droit d'être candidat. C'est au peuple de Guinée maintenant de l'accepter dans les urnes ou pas », estime le parlementaire.

A ceux qui voient la main de Conakry derrière cette candidature, l'allié du parti au pouvoir, tout en dénonçant cette stratégie, si elle s'avère vraie estime que, si la candidature de l'ex-chef de la junte est validée, il déjouera les pronostiques.

''Si monsieur Moussa Dadis est candidat, du coup, on ne pourra plus parler d'un coup K.O dès le premier tour…''
« Comme je suis membre de la mouvance présidentielle, je pense que ce n'est pas une bonne chose pour le pouvoir. Si je m'en tiens à ce que disent les gens. Il y a même un mouvement ou un comité qui dit :''Un coup K.O'' pour le Pr Alpha Condé. Je ne pense pas que ce ne soit une bonne chose si c'est la mouvance qui a sa main derrière cette candidature. Si on part sur la logique de ''un coup K.O'' et qu'on sait qu'il y a plusieurs candidats qui sont dans la course pour la présidence, chaque fois qu'il y a un candidat de plus, ce n'est pas bon pour la mouvance. En ce moment, on ne parlera plus de ''un coup K.O''. S'il y a beaucoup de candidats, ça veut dire que chacun va gagner un peu de voix. Avec ce schéma, un seul candidat de gagner dès le premier tour. Ça veut dire que, c'est un scénario similaire à celui de 2010 qui va se présenter à nouveau. En ce moment, on va mobiliser deux forces, les deux premiers candidats qui passeront au premier tour se battront pour avoir le maximum de faiseurs de roi à leur côté. Pour revenir à la question, nous qui sommes alliés au pouvoir, nos partenaires ne nous ont rien dit, il y a un silence total. C'est le lieu de dire à la formation politique au pouvoir que, quand vous êtes alliés à quelqu'un, normalement, toutes les décisions prises ou tout ce que vous pensez être bon pour tout le groupe, c'est bon de communiquer là dessus. Notre allié, je veux parler du Rpg-Arc-en-ciel, ne communique pas, il ne nous approche pas, il ne nous dit pas ce qu'il veut faire. Quand c'est comme ça, quand on demande notre avis, on est obligé de donner nos impressions, notre vision. Si on n'est pas associé aux prises de décisions, si on n'est pas consulté, vous voyez ce que ça fait! Par exemple, sur la candidature de Moussa Dadis Camara, la mouvance devait tout faire pour s'entendre avec Moussa Dadis. Sinon, si monsieur Moussa Dadis est candidat. Je dis très bien qu'il bénéficiera du soutien de sa communauté qui votera pour lui. Du coup, on ne pourra plus parler d'un coup K.O dès le premier tour. Ça veut dire que pour le premier tour, personne n'aura la majorité », renchérit le président du patronat.

Plus loin, le député rappelle que dans l'affaire des événements tragiques du 28 septembre, le président du FPDD est victime au même titre que les martyrs des événements tragiques du 28 septembre 2009.

'' Dans cette affaire que s'il y a quelqu'un qui est victime, c'est bel et bien Moussa Dadis Camara''
«Par ailleurs, je dirai dans cette affaire que s'il y a quelqu'un qui est victime, c'est bel et bien Moussa Dadis Camara. Je me demande pourquoi il est encore à Ougadougou. C'est quelqu'un qui a tiré sur lui, c'est pour cette raison qu'il s'est retrouvé au Maroc. Puis du Maroc, il s'est retrouvé à Ouagadougou. Rien n'explique le fait que jusqu'ici, qu'il soit à Ouagadougou. C'est même à tort que la communauté internationale le bloque là bas. A moins que ce soit lui-même qui ait formulé le vœu d'y rester. Si sa liberté n'est pas confisquée, c'est bon! Mais si c'est un autre qui le bloque là bas, sans mandat de dépôt, ni mandat d'arrêt, ni une plainte de la CPI (NDLR, cour pénale internationale) ou la justice guinéenne, si on le force d'y rester, on lui fait du tort car, si j'étais dans la même situation, j'aurai conclu qu'on me fait du tort. Pour terminer, je dirai que Dadis n'est pas inculpé, s'il veut rentrer dans son pays, vraiment, je pense que, c'est un citoyen qui veut rentrer chez lui. Maintenant qu'il rentre et que la justice lui dise qu'il y a une plainte contre lui, c'est aussi cela le rôle de la justice. Personne n'est au dessus de la loi, tout le monde doit respecter la loi, tout le monde doit respecter le pays, tout le monde doit respecter le peuple de Guinée », a conclu l'allié du parti au pouvoir.

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