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jeudi 21 mai 2015

Démarrage des consultations nationales par le Chef de l’Etat


Brazzaville, Congo CONGOSITE) – Les consultations nationales, initiées par le Chef de l’Etat, ont démarré le 20 mai 2015 à Brazzaville. Denis Sassou N’Guesso a reçu tour à tour les délégations du MCDDI, du Mouvement Général pour la Construction du Congo (MGCC) et de l’Union pour la République (UR).


Le chef de l'Etat et Brice Parfait Kolélas
Le chef de l'Etat et Brice Parfait Kolélas
La première délégation à être reçue était celle du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), conduite par le secrétaire général de ce parti, Brice Parfais Kolélas. A sa sortie de la rencontre, M. Kolélas a salué la démarche du Président de la République. Laquelle démarche, selon lui, permettra de décrisper le climat sociopolitique dans le pays et qui lui a offert l’occasion de repréciser la position de son parti sur le débat engagé dans le pays sur la constitution. 

«Nous avons insisté sur le respect des conclusions des rencontres d’Ewo et de Dolisie, ainsi que sur la prise en compte de toutes les doléances. S’agissant du dialogue, le MCDDI pense qu’il n’est pas nécessaire, en tout cas pas tel que prônent certains partis politiques. Pour nous, le dialogue a déjà eu lieu. Il y a eu le dialogue politique d’Ewo et la concertation politique de Dolisie. Nous demandons seulement l’application des conclusions de ces dialogues», a déclaré Brice Parfait Kolélas. 

Après le MCDDI, c’est le MGCC que dirige Jean Michel Bokamba-Yangouma qui a été reçu. M. Bokamba-Yangouma, connu comme l'un des «enfants terribles» de la conférence nationale souveraine de 1991 et qui, pendant cette conférence, en sa qualité de secrétaire général de la Confédération syndicale congolaise (CSC), volait de victoire en victoire et dont les interventions à la radio, à la télévision et devant les conférenciers étaient saluées avec frénésie, prône l’apaisement depuis son retour au pays. 

À la tête de la coalition des partis du Centre, il trace une ligne médiane autour de laquelle il veut réunir les farouches opposants et les partisans du changement de la constitution en vigueur. M. Bokamba-Yangouma est conscient que les Congolais n’avaient pas pu mettre en application la constitution qu’ils avaient eux-mêmes élaborée et adoptée en 1992. Pour cette raison, il ne peut que se dire favorable au dialogue. 

«Nous sommes venus pour réitérer les problèmes de dialogue. Car, les problèmes du Congo ne peuvent pas trouver de solutions en dehors du dialogue. Nous allons tirer profit de ce que le Président lui-même a fait pour ce pays, et l’expertise qu’il est en train de développer au niveau international. La RCA aujourd’hui tient parce qu’on a organisé un dialogue. Nous avons aussi des questions brûlantes», a-t-il déclaré. 

La troisième et dernière délégation de la journée a été celle de l’UR, conduite par Benjamin Boukoulou, le président du parti. Lui, n’a rien dit à la presse. 

Ces consultations se tiennent en présence du ministre à l’Intérieur et de la Décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou. Le Chef de l’Etat et les délégations qu’il reçoit évoquent la vie de la nation et de l'Etat. L’on sait que depuis plusieurs mois, des partis politiques et organisations de la société civile réclament un dialogue national pour trancher la question de la réforme constitutionnelle, qui divise la société congolaise. 

Cependant, certains partis de l'opposition rejettent l’initiative du Chef de l’Etat, indiquant que le thème des consultations est vague, leurs modalités pratiques inconnues. Quelques leaders de l’opposition pensent que le Président de la République est en train d’éviter une conférence nationale «pour pouvoir faire pression sur ses adversaires dans le huis clos de son palais». Le coordonnateur du Front républicain pour le respect de l'ordre constitutionnel et l'alternance démocratique, Paul-Marie Mpouélé, pense que «ces consultations ont pour but de constater les divisions politiques autour d'une réforme constitutionnelle et de servir d'excuse au Président pour convoquer un référendum et se maintenir au pouvoir».

Pourquoi refuser le dialogue ?

Bokamba-Yangouma salué par le chef de l'Etat
Bokamba-Yangouma salué par le chef de l'Etat
Les douloureux événements que le Congo a connus ont fait apparaître la nécessité d’un dialogue continu entre les Congolais. Denis Sassou N’Guesso a compris que cette nécessité doit être basée sur une conviction profonde, celle d'avancer ensemble. C’est pourquoi il prône toujours le dialogue. Le 31 décembre 2013, dans son message des vœux de nouvel an 2014 au peuple, il appelait ses compatriotes à se donner la main, à mutualiser leurs énergies et à mettre leur génie créateur au service d’une seule et même cause. Cet appel exprimait la constance de son engagement et de sa volonté de rassembler les Congolais autour d’un seul idéal : préconiser le dialogue entre les Congolais afin de sauvegarder l’unité nationale et de créer une société homogène. 

Il rappelait qu’il s’agissait de continuer à assurer au pays et à son peuple la paix, la paix pour tous et pour chacun. «Nous savons ce que c’est que d’en manquer. Notre peuple a beaucoup souffert d’en avoir été privé. Par-delà les soubresauts de l’histoire, par-delà nos prétendues différences, 2014 devra renforcer la volonté générale qui nous anime tous et demeure notre passion commune et sublime : celle de vivre ensemble pour toujours. Donnons-nous donc la main ; mutualisons nos énergies et mettons notre génie créateur au service d’une seule et même cause : la sauvegarde d’une République digne ayant pour socle une nation indivisible et prospère». 

Denis Sassou N’Guesso démontre toujours qu’il est homme de dialogue. C’est le seul leader politique congolais qui a assumé ses dérives et celles de toute la classe politique depuis l'indépendance. Nous devons nous souvenir toujours de son discours à la conférence nationale souveraine, dont voici un extrait : 

«Peuple congolais, les tranches douloureuses, tragiques de notre histoire récente ont été longuement évoquées. Beaucoup de fils de ce pays ont péri, victimes des affrontements propres aux systèmes que nous avons connus. Certains ont payé de leur sang nos erreurs, d'autres ont succombé pour avoir pris des armes contre la République. Certains de ces épisodes demeurés obscurs ont fait l'objet de témoignages publics qui donnent un éclairage neuf. D'autres ont fait l'objet de procès que seuls des éléments nouveaux pourraient remettre en question. 

Chers compatriotes, que signifie la conférence nationale que nous avons voulue? La grande introspection qu'elle représente doit avant tout viser la réconciliation et la reconstruction nationales. Il s'agit de panser nos plaies, non de provoquer de nouvelles déchirures. Ayons une pensée pieuse pour tous ces compatriotes, sans distinction! Que le souvenir de ce qu'a été leur destin nous détourne à jamais des pratiques de ces temps révolus (...). Faut-il enjamber d'autres corps pour arriver à la démocratie? Ma réponse est non (...). Le Président Youlou n'a pas eu le temps d'expérimenter le système monopartite. Le Président Massamba-Débat, qui a dirigé la première organisation monopartite, le Mouvement national de la révolution, n'est plus. De même que le Commandant Marien Ngouabi, qui a créé le Parti congolais du travail. Le Président Yhombi-Opango, qui a poursuivi l'expérience avec le Comité militaire du parti, n'est plus aux affaires. Le mal, je suis donc seul à l'assumer, et je l'assume, à titre collectif et individuel, au nom de tous les dirigeants de ce pays qui ne sont plus. Moi, j'assume pour nous tous, tout, notre passé, toute cette histoire commune dans ses errements comme dans ses mérites. Je dis au peuple que, si de graves erreurs ont été commises, seule la volonté de faire le bien toujours nous guidait. L’avenir de la démocratie dans le monde, en Afrique, dans cette partie de l’Afrique et au Congo appartient non pas à ceux qui prétendent être innocents, purs et sans taches, mais à ceux qui sauront se convertir à cette nouvelle exigence».

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