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mardi 14 avril 2015

Guinée-Bissau: lutte contre la drogue et les crimes organisés

mediaL'aéroport international Osvaldo Vieira à Bissau.DR
Avec des frontières poreuses et des centaines de kilomètres de côtes non surveillées, un système judiciaire affaibli, la corruption, le taux élevé de chômage chez les jeunes, et d'autres défis sociaux ont rendu la Guinée-Bissau vulnérable au trafic de drogue, et ces derniers temps avec une hausse du taux de criminalité. Une réunion de haut niveau organisée par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en collaboration avec les autorités bissau-guinéennes s’est ouverte du 24 au 27 octobre à l’Assemblée populaire nationale (ANP) de Guinée-Bissau. Pendant trois jours, les participants ont débattu des questions liées à la lutte contre les crimes transnationaux, la corruption, le trafic de drogue et le terrorisme.
La Guinée-Bissau, avec ses quatre-vingt-dix îles côtières presque vierges, était considérée comme un petit paradis sur la côte ouest-africaine. Mais ce merveilleux site s’est effacé pour laisser place à un pays déstabilisé par le trafic de drogue. Ce commerce mafieux a perturbé sérieusement son économie et alimenté parfois même des tensions internes entre les autorités politiques et militaires.
Comment lancer un nouvel abordage pour faire face aux défis des crimes organisés transnationaux et arriver à un consensus sur les moyens efficaces de lutte contre le trafic de drogue, la criminalité, la corruption ? Même si les saisies quantitatives de drogue ont baissé, le passage par les mules va crescendo. Ce ne sont plus de grandes quantités qui entrent par voie maritime ou larguées dans l'archipel des Bijagos par des avions non identifiés qui atterrissent nuitamment ou en plein jour, mais plutôt des jeunes filles dont certaines sont des étudiantes qui débarquent avec des kilogrammes de capsules de coke dans l'estomac, à un rythme régulier.
Pas de statistiques fiables sur les quantités. Cependant, en septembre, six saisies officielles totalisant 12Kg de poudre blanche ont été déclarées. Deux mois avant, 36 kg. Et les auteurs disparaissent dans la nature après avoir passé des heures dans les locaux de la police judiciaire (PJ) à l'aéroport Osvaldo Vieira.
Les mules partent du Brésil et transitent par le Portugal et le Maroc avant d'atterrir à Bissau par la Royal Air Maroc. Malgré les efforts consentis par les nouvelles autorités sorties des urnes, avec la nomination de deux dames de poigne et d'un jeune procureur connu pour ses prises de position, dans le dispositif de combat (retour de Carmelita Pires au ministère de la Justice, Filomena Maria Vaz Mendes Lopes à la PJ et Hermeligildo Pereira au parquet), la lutte ne semble pas gagnée d'avance. Une raison qui justifie la rencontre de haut niveau entre parlementaires, membres du gouvernement, de la magistrature, de la société civile et de l’Inspection de lutte contre la corruption. Ils se sont penchés pendant trois jours sur des thèmes comme les menaces de la criminalité organisée, le rôle du Parlement et du gouvernement dans la lutte contre ces phénomènes et le renforcement de la primauté du droit.
L'idée de la mise en place d'un plan d’action national avec une unité opérationnelle a été sérieusement débattue au cours des discussions. Cette unité aura une dimension régionale, car le phénomène concerne toute l'Afrique de l'Ouest. Il reste à déterminer les moyens à mettre en place et ouvrir des pistes de collaboration au niveau régional entre les différentes polices. Ces dernières années, la région a connu également une hausse d'autres formes de criminalité, telles que la corruption et le terrorisme. Et le rôle de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) est justement d'appuyer la lutte contre tous ces phénomènes. « Le rôle de l'ONUDC est de renforcer les institutions notamment la police, douane... pour qu'il y ait une justice qui fonctionne. Quand quelqu'un commet un crime, il doit être jugé et punit. On ne peut plus concevoir de l'impunité quelque soit le pays », a déclaré Pierre Lapaque coordinateur régional de l'ONUD.
« Quelle que soit la nature du crime commis, l'auteur doit répondre devant une juridiction », a rassuré Carmelita Pires, ministre de la Justice de Guinée-Bissau. Malgré cette ferme volonté de la ministre bissau-guinéenne, les analystes estiment que les efforts mis en oeuvre pour combattre le trafic de drogue n’ont pas été bien au-delà des déclarations d’intention.
« La coopération entre les États d’Afrique de l’Ouest pour lutter contre le trafic de drogue semble être essentiellement axée sur la formation et le soutien aux opérations mises en oeuvre par les pays occidentaux », a indiqué Vincent Foucher de ICG (International crisis group). « Les acteurs occidentaux ont le sentiment que les États africains sont très peu motivés à lutter contre le trafic de drogue, qu’ils considèrent surtout comme un problème pour l’Occident », a-t-il poursuivi .
La Guinée-Bissau est l’un des pays les plus pauvres au monde. Près de 70% de ses 1,6 million d’habitants vivent dans la pauvreté. Le pays dépend principalement de la pêche et des exportations de noix de cajou.

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