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vendredi 10 avril 2015

Criminalité transnationale : les Congolais appelés à dénoncer les criminels de tout bord installés dans le pays

L’implication du public congolais dans la lutte contre la criminalité transnationale a été amplement sollicitée le 10 avril lors d’une session d’information et de sensibilisation sur ce phénomène, organisée au Centre d’information des Nations unies, à Brazzaville.
La criminalité transnationale, notons-le, est l’ensemble d’activités délictueuses dont la conception, la réalisation et les effets directs ou indirects impliquent plus d’un pays. Selon la convention de Palerme contre la criminalité, une infraction est transnationale si elle est commise dans plus d’un Etat mais qu’une partie substantielle de sa préparation, de sa planification, de sa conduite ou de son contrôle a lieu dans un autre Etat. De ce point de vue, elle doit impliquer un groupe criminel organisé qui se livre à des activités criminelles dans plus d’un Etat. Et des effets substantiels doivent être constatés dans une autre nation. Il s’agit en d’autres termes de la planétarisation de la criminalité.
Pour éviter que les auteurs de ces antivaleurs n’agissent impunément au Congo, il a été souligné que la responsabilité de la sécurité nationale incombe aussi bien aux composantes de la sécurité intérieure qu’à l’ensemble de la population. Pour ce faire, les intervenants ont souhaité que tous les Congolais s’impliquent dans la lutte contre la criminalité transnationale et dénoncent les fauteurs de troubles où qu’ils se trouvent.
Le directeur de la police judiciaire, Jean Roger Kougni Okogna, a expliqué les mécanismes et autres dispositifs existant dans le pays pour repérer les criminels et procéder au retour de ces derniers dans leurs pays respectifs grâce à « la caution de rapatriement ». Il a évoqué la collaboration qui existe entre les services en charge de la sécurité, dont les bureaux Interpol dans les Etats concernés pour identifier et interpeller les criminels présumés. « Les services de police ne pourront nullement révéler l’identité de toute personne qui dénoncerait les criminels », a assuré le directeur de la police judicaire.
« Tout commissaire de police doit pouvoir savoir que dans telle rue, tel numéro, habite un citoyen originaire de tel pays », a expliqué l’officier de police, précisant que chaque étranger devra en principe avoir sa carte de séjour, bref des visas établis par la Direction générale de la surveillance du territoire pour pouvoir résider au Congo. « Au cours du contrôle, si le commissaire constate qu’il y a un sujet étranger en situation irrégulière, naturellement, il doit l’interpeller parce qu’il a enfreint la loi de séjour au Congo (…). Lorsqu’on va dans un commissariat de police on doit trouver un registre des étrangers », a-t-il relevé.
Répondant aux préoccupations de l’auditoire sur la corruption des policiers qui relâchent les criminels après les avoir arrêtés, le directeur de la police judicaire a dit que des agents qui sont appréhendés dans pareille situation sont généralement déférés devant le procureur de la République pour répondre de leurs actes comme ce fut le cas pour la trentaine de 2012 jusqu’à ce jour. « Si vous constatez qu’un policier a été corrompu, à la limite il faut le signaler aux services habilités », a-t-il insisté.
Le Premier policier, c’est le peuple lui-même
Le conseiller au ministre de la Justice et des droits humains, Serge Armel Nzoulani Koumbou, a pour sa part, insisté que la sécurité nationale ne peut se faire convenablement sans l’implication de la population. Et citant le ministre de l’Intérieur et de l’Administration du territoire, Raymond Zéphirin Mboulou, selon lequel « le premier policier, c’est le peuple lui-même », le magistrat a appelé au sens de responsabilité des Congolais pour combattre la criminalité transnationale.
La criminalité transnationale au Congo revêt plusieurs formes nouvelles décriées : trafic des espèces protégées, criminalité pharmaceutique, trafic des marchandises illicites telles que des voitures volées. S’y ajoutent la criminalité de violences (phénomène kuluna), la cybercriminalité, la corruption, la traite des personnes et le blanchissement d’argent.
Sur les dispositifs internes de prévention et de répression contre ces phénomènes, le magistrat a dit que la lutte est engagée contre les auteurs de ces actes. « C’est un combat qu’il faut mener. Eradiquer complètement la criminalité transnationale est un idéal », a souligné Serge Armel Nzoulani Koumbou, déplorant que mille milliards de dollars ont été rapportés aux auteurs de cette pratique déloyale rien que pour l'année 2012. Il a dit qu’on ne peut pas justifier la criminalité par la pauvreté comme certaines personnes le font « Le pays le plus pauvre du monde est-il un État voyou ? Loin de là. D’ailleurs la criminalité pharmaceutique n’est pas pratiquée par des pauvres », a argumenté l’orateur, ajoutant que « ce qui fait l’homme c’est la conscience »
De leur côté, le président de l’Observatoire anti-corruption (OAC), Ollita Ondongo, et le chef du département de la gouvernance financière à la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, Victor Lavickys Okombi, ont édifié les participants sur l’action de leur structures respectives. L’OAC et la commission font toujours un travail d’ensemble portant sur l’éducation et la sensibilisation de la population, ont-ils soutenu, désapprouvant néanmoins le fait que la corruption soit « devenue endémique » dans le pays.
Signalons que c’est en rapport avec le 13e Congrès des Nations unies sur la prévention du crime, organisé du 12 au 19 avril à Doha, au Qatar, que s’est tenue à Brazzaville la session d’information et de sensibilisation sur la criminalité transnationale.
Nestor N'Gampoula

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