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lundi 30 mars 2015

Dialogue national : La majorité et l’opposition poussent le chef de l’Etat à consulter le peuple

 Dialogue national : La majorité et l’opposition poussent le chef de l’Etat à consulter le peuple




Brazzaville, Congo (CONGOSITE) – Dans son message de vœux et de nouvel an de décembre 2014, le président Denis Sassou N’Guesso demandait à la classe politique de trouver un consensus au sujet du débat sur le changement ou non de la constitution. Il avertissait que faute de compromis, il consulterait le peuple pour départager les acteurs politiques. Trois mois après, la majorité et l’opposition sont loin d’avoir trouvé un consensus, non seulement au sujet du changement de la constitution mais aussi sur l’ordre du jour du dialogue national tant réclamé. Ce manque de consensus risque de pousser le chef de l’Etat à consulter le peuple.


Le chef de l'Etat congolais
Le chef de l'Etat congolais
La majorité présidentielle qui a longtemps hésité à répondre à la demande de l’opposition concernant la tenue des états généraux de la nation, a fini par accepter la tenue d’un dialogue national. Les partis et associations de ce groupement politique se sont réunis le 27 mars 2015 à Brazzaville pour plancher sur l’organisation du dialogue national envisagé dans le pays. Ils ont esquissé un projet d’ordre du jour qui indique que le dialogue s’articulera autour de deux questions essentielles, notamment la gouvernance électorale et la réforme institutionnelle. 

En effet, pour la majorité présidentielle, la réforme institutionnelle ne doit pas porter exclusivement sur le changement ou non de la constitution, mais aussi sur tous les aspects visant l’amélioration du fonctionnement des institutions démocratiques du pays. Pour les leadeurs de la majorité, ce projet d’ordre du jour n’est pas une ligne droite définitivement tracée, mais plutôt une démarche pour la conduite de ce dialogue. Contrairement à l’opposition qui exigeait la convocation de ce dialogue avant le 31 mars 2015, la majorité n’a pas proposé une date pour la tenue de ces assises politiques. 

L’opposition congolaise a longtemps réclamé la tenue des états généraux de la nation. Elle réclame désormais la tenue d’un dialogue national, exigeant que celui-ci devrait se tenir avant le 31 mars 2015. Les tenants modérés de l’opposition ont proposé que le dialogue se tienne avant l’élection présidentielle de 2016. Le 28 février dernier, une quinzaine de partis de l’opposition ont appelé le chef de l’Etat à engager «sans délai» un dialogue national dans la perspective de l’élection présidentielle prévue en 2016. «Le moment est plus que venu pour le chef de l’Etat de revenir à la raison, à la lucidité et à la responsabilité. C’est maintenant qu’il faut convoquer le dialogue national inclusif», indique le collectif dans une déclaration qu’il avait remise à la presse. 

Le collectif demandait également que soit «élaboré un calendrier rigoureux des différentes opérations pré-électorales et électorales», avant la présidentielle de 2016. Donc, que soit réglée l’épineuse question de la maîtrise du corps électoral, avec la mise en place d’une commission électorale véritablement indépendante. Ce collectif regroupe, entre autres, l’Union patriotique pour le renouveau national (UPRN) de Mathias Dzon, le Parti social démocrate congolais (PSDC) de Clément Miérassa, le Parti pour l’alternance démocratique (PAD) de Jean Itadi. 

«Nous n'acceptons de dialogue sur le changement de constitution. Sur ce point, notre position est claire. Nous allons au dialogue pour les questions de gouvernance électorale et voir comment préparer en 2016 l'alternance démocratique dans notre pays. Si de l'autre côté, au PCT, on parle du dialogue en mettant en avant la question de la constitution, alors nous ne parlons pas de même dialogue. Le nôtre n'évoquera pas la constitution», déclarait Clément Miérassa. 

Quelques leadeurs de lopposition
Quelques leadeurs de lopposition
Comme on peut le constater, la majorité et l’opposition sont loin de s’accorder sur l’ordre du jour du dialogue national. Ce qui retardera assurément la tenue dudit dialogue, et surtout obligera le Président de la République à prendre d’autres mesures pour garantir la paix, la sécurité et la stabilité dans le pays. Donc à consulter le peuple. Denis Sassou N’Guesso a lancé un avertissement en ces termes : 

«… Aujourd’hui, les uns et les autres parlent de l’avenir institutionnel du Congo. Que cela soit dans leur droit ou non, je les entends. Je suis heureux qu’à ce sujet, un débat sain et responsable se soit instauré. Que des opinions différentes et divergentes s’expriment, librement. Que les convictions les plus assurées s’opposent à de pertinentes objections. Qu’il y ait un camp qui préconise des solutions alternatives et un autre qui prône le statu quo. C’est cela la démocratie. Personne n’a le droit d’empêcher une telle confrontation des idées de prospérer. Personne n’a le droit de mener cet exercice démocratique à la dérive et au désordre. Nous bannissons le désordre et la violence parce que nous en connaissons l’enchaînement. Oui, nous connaissons bien les conséquences des violences, de l’insécurité et de l’instabilité pour les avoir vécues il n’y a pas si longtemps. Nous en sommes encore très marqués. Je suppose que nul n’a envie d’y replonger», déclarait le chef de l’Etat. 

Il a ajouté : «Tout bien considéré, je retiens que rien mais alors rien ne doit compromettre la paix, la sécurité et la stabilité de notre pays, recouvrées au prix du sang des Congolais. Notre souveraineté ne doit être tenue à la lisière par personne. Elle ne doit, en aucun cas, être aliénée. Cela doit être le point de convergence de nos différences. Il est évident que les affaires des Congolais sont et seront réglées par les Congolais eux-mêmes, de préférence par le dialogue. Et, si des divergences persistent entre responsables politiques, seul le peuple souverain sera appelé à trancher, par le vote. Il ne saurait en être autrement. Ni la frénésie et l’impatience des uns ni la tentation d’ingérence sans frais des autres n’auront raison de la détermination du peuple congolais à prendre en main son destin». 

Sans être un érudit de la vie politique congolaise, on peut affirmer qu’à travers son message, le chef de l’Etat a voulu lancer un défi à la classe politique congolaise : celui de démontrer ses capacités dans la résolution des crises dans le pays. Mais, force est de constater que la majorité et l’opposition n’arrivent pas à trouver un consensus. Etant donné que la majorité et l’opposition ne jurent toujours qu’au nom du peuple, il ne sera pas anormal si le chef de l’Etat sollicite le verdict du peuple. On ne peut pas parler au nom du people sans lui donner la possibilité de s’exprimer librement. 

La recherche de consensus autour des conditions nécessaires pour le bien-être du peuple est le dénominateur commun des acteurs politiques d’un pays. Elle requiert un consensus, au-delà des divergences d’opinions. Cela étant, les manœuvres politiciennes ne doivent en aucune façon détourner la classe politique des attentes du peuple. Le peuple ne veut pas d’un simple changement de personne à la tête du pays. Il veut plutôt de l’amélioration de ses conditions de vie ; laquelle amélioration des conditions de vie passe par l’amélioration des institutions, une bonne gouvernance.

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