Réputée sous d’autres cieux comme un model dans l’humanitaire, l’ONG Médecins du Monde-Belgique a désormais un tout autre visage dans le nord du Mali en général et dans la région de Kidal en particulier. Comme un avatar du terrorisme ambiant à Kidal, elle rame désormais au sens contraire de l’humanitaire. Et ce, à l’encontre de son personnel et des pauvres populations de ces localités sevrés par l’arrêt brusque depuis le 31 Décembre des activités de cette ONG à Kidal.
« MDM-Belgique m’a tué », soupire Dr Ag Zakaria, les doigts amputés, les membres inférieurs handicapés, la gorge nouée de tristesse. Celui là même qui fut purement et simplement licencié à son retour des traitements des blessures subies à la suite de l’explosion de son véhicule sur une mine à l’aéroport de Kidal, quand il y était pour accueillir une délégation de son ONG employeuse.
Comme la plus grave tragédie de sa vie, il se rappelle de cet événement comme s’il s’est déroulé aujourd’hui. « Pendant que je partais accueillir une délégation de Médecins du Monde Belgique à l’aéroport de Kidal le 26 Février 2014, la voiture qui me transportait a heurté un engin explosif aux abords de l’aéroport. Je me suis retrouvé avec une amputation de deux doigts de la main gauche, une grosse plaie sur la jambe gauche, des impacts sur la jambe droite et la fracture non ouverte des deux pieds ».
Faut-il le rappeler, quand cet incident lui arrivait, Dr Ag Zakaria était Coordinateur programme, après avoir été Médecin superviseur des activités de terrain, de décembre 2009 à Mai 2012 et Chef de projet Médico-nutritionnel de Juin 2012 à Janvier 2013. Ses missions effectuées, Dr Ag Zakaria s’en souvient comme ses premières leçons de l’école fondamentale.
« Médecins du Monde a mis en place une équipe que je dirigeais à Kidal pour la mise en œuvre des de son projet de soins de santé primaires dénommé Appui aux activités opérationnelles de la direction régionale de la santé de Kidal avant de me balancer, en 2012, vers un projet d’urgence lié à la crise actuelle que traverse le pays » confie le jeune médecin. Avant d’indiquer que l’équipe qu’il dirigeait s’est coupée en quatre pour permettre la mise en œuvre du programme, étant donné que MDM était la seule ONG médicale qui est restée pour offrir les soins de santé dans la région de Kidal.
« Malgré certaines difficultés liées au contexte, nous sommes restés auprès des populations de la région afin de leur apporter les soins qu’elles sollicitent » avance-t-il, tout en reconnaissant que la participation de cette communauté à la réussite de ce programme a été significative.
« MDM a eu un encrage communautaire sans précédent » précise Dr Ag Zakaria, le visage illustrant le regret. Un regret qui se justifie par le fait que cette bonne stratégie d’offre de soins, qui a été mise en place par leur équipe s’est volatilisée.
Certains Cscom sont fermés, d’autres assurent le service minimum, les cliniques mobiles qui offrent les soins de hameau en hameau aux populations qui sont en perpétuel mouvement ont été supprimées. L’offre des soins à l’hôpital de Kidal a été réduite au strict minimum. Partant, cette seule structure de Kidal ne répond plus aux attentes de prise en charge de la population. « Après plus de 10 ans de loyaux services rendus aux populations de Kidal, Médecins du Monde a quitté Kidal comme si elle n’y a jamais existé.
Un gâchis » déplore notre interlocuteur. Se faisant, sans coup férir, cette ONG qui évolue dans l’humanitaire a depuis le 31 Décembre 2014 mis la clé sous le paillasson en licenciant comme des vulgaires saisonniers 27 travailleurs contractuels et 15 prestataires des collectivités territoriales. Raison avancée : l’insécurité. Un alibi qui ne tient aucunement route, car le MDM-Belgique est adulé par la population, jouit de la confiance des mouvements armés, des autorités politiques et religieuses.
Même là, au lieu de réaffecter ces agents valables, véritables vagabonds de la charité, à l’instar de Dr Ag Zakaria qui a été handicapé quand il était en plein service, l’ONG MDM continue de lancer, en bonne et mauvaise forme, des appels à candidature pour de nouveaux postes pour d’autres localités. A cet effet, selon de nombreux témoignages, ce sont des privilégiés (la plupart d’autres nationalités), des responsables de cette ONG, qui sont recrutés.
Les dernières larmes de Dr Ag Zakaria !
« Le motif que MdM a avancé sur le préavis de licenciement est qu’elle n’a trouvé où me redéployer, ni sur sa mission au Mali, encore moins à l’extérieur » affirme Dr Ag Zakaria, avant d’ajouter qu’une semaine après son licenciement, cette ONG a créé un poste ‘’d’Urgence Ebola’’ pour recruter un ‘’bras long’’, sans même lancer un appel à candidature pour ledit poste, ni au Mali encore moins à l’international.
D’où l’occasion pour lui de dire que : « ceci a démontré à suffisance une volonté manifeste de MdM de se débarrasser de moi avec mon handicap sans aucune forme de procès et seulement avec les droits (coûts fixes) qu’on donne à quelqu’un qui a subi un licenciement normal, elle n’a pas du tout tenu compte de mon handicap ».
Ainsi, cette attitude qu’on peut qualifier d’injuste, de barbare, de méchante et surtout de destructrice a été pour lui pire que l’accident du 26 février. Cela ne doit pas être le credo d’une organisation humanitaire internationale, respectueuse de son mandat et de la réputation de son pays d’origine, à savoir la Belgique.
« Cette situation a affecté mon moral et a considérablement dégradé mon état de santé par des crampes de la main sectionnée, des douleurs récurrentes des pieds…Autant que je ne regrette pas d’avoir servi mon pays durant toute la crise au Nord, de la même manière je ne ménagerai aucun effort pour utiliser tous les moyens et recours légaux pour acquérir mes droits vis-à-vis de MdM Belgique », le cri d’un cœur chagriné.
Affaire à suivre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire