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lundi 12 janvier 2015

Du coût des institutions, parlons-en ! Pourquoi faut-il des états généraux de l’armée burkinabè ?

Avant la chute du régime de Blaise COMPAORÉ, j’avais été l’une des rares personnes à attirer l’attention de mes compatriotes sur le problème de l’armée nationale burkinabè. En réalité, j’avais volontairement imposé une omerta sur la question des coûts réels de cette institution que doivent supporter nos impôts pour qu’elle s’arroge simplement le droit de nous ôter la vie quand et comme elle le veut et nous imposer les souffrances physiques et morales pour un oui et pour un nom.

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Du coût des institutions, parlons-en ! Pourquoi faut-il des états généraux de l’armée burkinabè ?
Cette fois, comme le débat sur le coût des institutions refait surface, comme la question du RSP est posée avec acuité, et que ni ZIDA, ni le Président n’osent en parler, alors je me fais le porte-parole des sans voix, que sont les citoyens, pour dire en quelques mots ce qu’il en est réellement.
Je persiste et je signe, le Burkina Faso a plus besoin de développer une sécurité adaptée aux défis du moment que de développer une défense. Les défis de l’heure relèvent plus de question de sécurité que de question de défense, depuis la fin de la guerre des pauvres de noël 1985. Qu’il s’agisse du grand banditisme, ou de la question des prétendus djihadistes qui instrumentalisent l’islam pour commettre leur forfait, ce n’est point une affaire d’armée. C’est avant tout une affaire de renseignement généraux et de réponses sécuritaires. Lorsque la France devait opposer la riposte aux assassins des journalistes de "Charlie Hebdo", ce n’était pas une question de défense, mais de sécurité. Pourquoi le Nigeria peine tant à anéantir Boko Haram ? C’est parce que le pays apporte les mauvaises réponses à une préoccupation sécuritaire réelle. Dans nos pays l’armée est atteinte d’une amnésie fonctionnelle qui s’explique par le fait qu’après la sortie de l’école de guerre, les combattants n’ont pas de combats à mener. S’ils n’ont pas de combat à mener et s’ils ne sont pas non plus imprégnés des techniques de sécurité et de maintien de l’ordre, que leur restera-t-il de leur expertise militaire pour affronter une question sécuritaire qui n’est déjà pas en adéquation avec leur profil professionnelle ?
Blaise parti, l’armée burkinabè doit absolument subir une mue. C’est impératif ! Certes, ce n’est ni ZIDA ni KAFANDO qui peuvent le faire, parce qu’ils n’ont pas le temps, l’autorité et la légitimité nécessaires pour réformer qualitativement cette institution, mais la question des états généraux de l’armée doit être l’une des premières tâches du pouvoir qui sera mis en place au lendemain des élections présidentielles de 2015. Pourquoi ?
D’abord, c’est l’un des gouffres qui tirent les performances de notre économie vers le bas. En effet, l’armée burkinabè est une armée pléthorique, inopérationnelle, totalement budgétivore et hors de tout contrôle, pour la vie (# survie) de l’État qui avait été bâtie simplement sur le modèle de pilier pour un satrape.
Les effectifs de l’armée ? Secret d’État ! N’empêche que si nous prenons les recrutements annuels, qui alimentent les rangs de l’armée nationale, on voit bien que jusqu’à une période récente, ces effectifs étaient supérieurs à ceux de la police ou de la gendarmerie, qui assurent cependant, toutes seules et au quotidien, la protection des citoyens, pendant que l’armée se tourne les pouces, depuis que les organisations de défense des droits de l’homme ont condamné les exécutions extrajudiciaires opérées par les missions conjointes armée-gendarmerie-police, des années 90-2000, visant à débarrasser les populations des hordes criminelles qui pullulaient dans nos provinces et villages. Pourquoi faut-il convoquer les états généraux de l’armée burkinabè ?
La réponse est simple : l’armée burkinabè est l’armée du peuple et rien d’autre. Voilà pourquoi elle doit être sous le contrôle du peuple. Une armée qui échappe au contrôle de son peuple et qui refuse de lui rendre compte est simplement une organisation de mercenaires avides et cupides qui ne cherchent qu’à satisfaire ses intérêts propres et cela est très dangereux pour un pays. La preuve nous a été donnée en fin décembre par le RSP. De quel droit se peuvent-ils se permettre de convoquer un premier ministre afin qu’il vienne leur rendre des comptes quand eux-mêmes refusent d’en rendre au peuple ! Il s’agit d’un monde à l’envers. Mais tout cela fait partie des chaos que la gouvernance de Blaise a créés dans notre État et qu’il convient de réparer au plus vite. La formule actuelle nous donne une armée véritablement hors de tout contrôle, du point de vue militaire mais aussi de celle de la gouvernance administrative.
Le département de la défense est l’un de ceux qui conduisent très mal l’évaluation de son administration parce qu’il ignore simplement que l’évaluation que l’État leur demande doit remplir un certain nombre d’exigences pour être valable. C’est une règle essentielle du management publique moderne :
« L’évaluation doit être le rapprochement entre les objectifs de départ et les résultats atteints, aux fins d’isoler les facteurs de pertes ou de gains, de les imputer à des personnes physiques et morales, dans le souci d’engager les processus décisionnels visant à rétablir l’Administration ou les tiers dans leurs droits et sauvegarder l’impact recherché par l’intervention publique concernée. (DJIGUEMDÉ, 2014, Article scientifique du VIe Symposium international « Regards croisés sur les transformations de la gestion et des organisations publiques » Montréal 2014 (Canada) »
Contrairement à ce département, j’apprécie l’humilité des responsables de celui de la justice qui, bien que faisant partie des administrations qui conduisent mal leur évaluation, toute chose qui permet de dissimuler, consciemment ou inconsciemment, des insuffisances de gestion, a demandé en 2013 à sa hiérarchie un renforcement de son administration en personnel administratif qualifié. C’est la preuve d’une volonté de mieux faire. Par contre, un autre grief, non moins important, qui démontre que la défense échappe au contrôle de notre peuple, c’est la difficulté du ministère des finances à lui imposer un contrôleur financier, qui est dans tous les pays du monde, le gardien de la caisse de l’État.
Mais à nouveau contexte, nouvelles méthodes. Blaise était tout puissant et son peuple était tout faible, c’est pourquoi son armée aussi qui était son rempart était toute puissante. Maintenant que le peuple est devenu tout puissant avec à sa tête un président faible et un premier ministre faible, il y a lieu qu’il profite de la situation pour construire une armée nationale à sa mesure et non à la mesure d’un éventuel dictateur en gestation, afin d’éviter les surprise désagréables plus tard. L’heure est vraiment venue de convoquer les états généraux de l’armée pour qu’enfin le peuple s’approprie son armée comme je l’avais dit dans
Ousmane DJIGUEMDE
oustehit@hotmail.fr
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