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mardi 23 décembre 2014

Affaires: L’ ex-colonel Ould Baya et Ould Bouceif dans les marécages de la SNDP

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altL’une des premières mesures prises par Aziz juste après son arrivée au pouvoir avait été de charger la DSPCM (Délégation à la Surveillance des Pèches et au contrôle en Mer) de distribuer gratuitement aux populations du poisson (chinchard) ainsi que les cargaisons des bateaux arraisonnés pour piraterie.
L’ex colonel Ould Baya, Délégué à l’époque et par conséquent chargé de collecter et de distribuer ce poison, y vit une occasion d’or d’étendre son influence et de faire fructifier d’avantage ses affaires, notamment ses stations de carburant qu’il fait gérer par ses cousins Ould Moya et Mariam Mint Hamdi Lebchir.
C’est ainsi des dizaines de camions frigos chargés de poisson et des équipes composées uniquement des cousins de Ould Baya et supervisées par son jeunes frère Saleck, fournisseur en chef de la DSPCM, commencèrent à sillonner  le pays portant les quotas  en gasoil de la station gérée par Ould Moya en face de l’hôpital Sabah, à des taux  absolument incroyables.
Des taux rendus encore plus importants par les tickets de gasoil de 100 000  Um (Cent Mille Ouguiya) à l’usage des bateaux que  Ould Baya distribuait à tours de bras pour consommer les gigantesques livraisons dont bénéficiaient ses stations.
A  Atar, Ouadane et Zouerate, ou Ould Baya nourrissait des ambitions politiques, les équipes de distributions du poisson étaient chargées de faire croire aux populations que c’est lui qui leur envoyait cette denrée.
Celles-ci faisaient tellement bien passer  le message qu’en Adrar  et au Tris Zemour, le nom de Cheikh Ould Baya est intimement lié à la distribution gratuite du poisson.
Mais l’arrivée du Colonel Ould Amein à la tête de la DSPCM en 2010, allait compliquer les choses puisque Ould Baya avait très tôt décelé chez son successeur une volonté assez marquée de prendre en main la désormais juteuse affaire de distribution de poisson.
L’on se rappelle, en effet, qu’à sa prise de fonction, le colonel Ould Amein avait soulevé un tollé pour avoir confié la vente des stocks de poisson de la DSPCM à  son gendre, le jeune Ould Sidi Badi, aidé en cela par Daha Ould Vaghih le mécanicien à tout faire de Ould Amein.
C’est donc à l’effet de dessaisir Ould Amein du dossier de la distribution du poisson que l’idée de créer une société chargée de le commercialiser à des prix symboliques, avait germé dans l’esprit du futur Maire de Zouerate.
Il en fit, de manière intelligente, la proposition au président Aziz, assortie cependant de l’argument que les fonds récoltés des ventes permettront d’étendre la distribution à toutes les régions du pays.
Trouvant l’idée excellente  sur le double plan politique et de changement des habitudes alimentaires, Aziz l’accepta sans savoir qu’il était l’objet d’une manipulation d’autant plus pernicieuse, qu’elle venait de la part d’un « ami » au dessus de  tout soupçon.
Le président accepta l’idée et chargea Ould Baya d’en concevoir la structure, en collaboration avec le ministre des pêches et expert dans le domaine, Hamady Ould Hamady.
Confiant en la « baraka » qui l’a jusqu’ici protégé et faisant fi du partenariat avec le ministre, demandé par Aziz, Ould Baya ne s’était pas seulement contenté de s’isoler avec l’étude du projet, qu’il  conçut sur mesure, mais s’est aussi permis de « suggérer » au ministre (qui doit la présenter au président) de le proposer comme Président du Conseil d’Administration et d’y placer un militaire comme Directeur Général.
Les propositions de Ould Baya, rapportées par Ould Hamady, furent semble-t-il accueillies par une colère du président qui y voyait probablement une volonté manifeste de marcher sur ses plates bandes.
Il rejeta en bloc les propositions, tout comme d’ailleurs l’étude, et chargea séance tenante Ould Hamady d’étudier le projet et d’en exclure Ould Baya dont l’omnipotence commencerait à déranger en haut lieu.
Suite à cet épilogue inattendu, Ould Baya a vainement tout tenté pour rencontrer Aziz et il lui a fallu attendre la visite que celui-ci a effectuée à Zouerate pour le voir, mais c’était en plein dans la tempête médiatique soulevée par les milliards controversés à l’opacité desquels s’ajoute qu’ils échapperaient aux impôts.
Ainsi est né la SNDP, avec pour Président du Conseil d’Administration Boudbouda, un fonctionnaire compétent et intègre du ministère des pêches et, comme Directeur Général, Ould Bouceif qui avait, à l’effet d’obtenir  une nomination, retiré sa liste de la compétition législative de Kiffa en 2013.
Mais Ould Baya, n’entendant pas désarmer, y a mis des siennes en utilisant sa position au ministère des pêches, pour dévier la vocation.
Ainsi d’une société créée pour la distribution gratuite du poisson en faveur des pauvres, il en fit une société commerciale qui stocke le produit des saisies dans de gros frigos à Nouadhibou et le vend aux enchères publiques à des commerçants et hommes d’affaires qui l’exportent.
Ayant utilisé la manipulation, dont il continue d’user pour faire croire qu’il est l’ami et le protégé du président Aziz, Ould Baya a su tenir en respect Ould Bouceif et placer au cœur du dispositif et en connivence avec ce dernier, un homme qui répond au  nom de Ould Chorva.
Le  Ould Chorva en question est devenu, avec la bénédiction du duo Baya-Bouceif, le principal acheteur des stocks de la SNDP et bénéficie de facilitées qui écartent de son chemin toute concurrence.
Une façon assez éloquente de montrer à Aziz que, devenu riche et puissant, l’oiseau peut désormais voler de ses propres ailes.
Grâce à la rente non négligeable provenant de l’exportation de poisson vers l’Afrique en général et l’Angola en particulier.  
BC (Le Quotidien de Nouakchott)

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