L’ancien président de l’Assemblée nationale et du Sénat est entendu à la barre de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Pape Diop avait déjà eu à dire ses «vérités» aux magistrats de la Commission d’instruction de la Cour répression de l'enrichissement illicite (Ci-Crei).
Libération a pu prendre connaissance du procès-verbal d'interrogatoire de Pape Diop devant les juges de la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CI-Crei). Interpellé sur sa profession, son parcours professionnel et ses fonctions actuels, l’ancien maire de Dakar informe : «je suis comptable de formation et, à ma sortie, j’ai travaillé pendant six mois à l’Oncad, puis j’ai été recruté par les pétroles Bp. trois ans après, j’ai décidé de travailler pour mon compte personnel et j’ai demandé à gérer une station hors bord. Cela m’a permis de me familiariser avec le secteur de la pêche où j’ai constaté qu’il n’y avait pas de pièces détachées pour les moteurs hors bord. J’ai alors décidé de m’investir en important des pièces détachées de ces machines jusqu’en 1984, date à laquelle je me suis associé avec un belge dont je ne me souviens plus du nom pour importer des machines hors bord de marque Marinair destinés au marché local ». Parallèlement, ajoute t-il, «je continuais les activités de vente des pièces détachées de moteurs de marque Yamaha.
Dans le même temps, je me suis investi dans le commerce en général. Et d’ailleurs, cela ayant coïncidé avec l’échec du pro- gramme des Maitrisards chômeurs dans le domaine de la pêche, la Sonaga m’avait cédé tout le matériel composé de camions frigos, pirogues, filets etc...
En fin 1989 début 1990, je me suis investi dans le commerce des produits halieutiques en mettant en place une usine de traitement de pois- son destiné à l’exportation dénommée Soumex qui est la contraction de Soumbédioune Export. J’ai mené cette activité jusqu’en 2002, date à laquelle j’ai été élu maire de Dakar, avant d’être président de l’assemblée Nationale puis celui du Sénat. Parallèlement, ma société a continué ses activités et, actuellement, elle est en train d’être mise aux normes européennes ».
«Les 50 millions de F Cfa étaient les deniers du parti, je précise que le Pré- sident donnait de l’argent au parti»
Interrogé sur le processus de création de an Media, Pape Diop répond : «je n’ai joué aucun rôle dans le processus de la société an Media et, d’ailleurs, je ne savais même pas qu’il était question de la création d’une société. Toutefois, Cheikh Tidiane Ndiaye et Vieux Aidara m’ont dit qu’ils voulaient créer une nouvelle télévision. C’est le Président de la république de l’époque, ordonnateur des crédits du Pds qui, en ma qualité de trésorier dudit parti, m’a instruit de recevoir Cheikh Tidiane Ndiaye et Vieux Aidara et de leur remettre la somme de 50.000.000 de F Cfa à titre d’aide. C’est au moment où je leur remettais cet argent à mon domicile qu’ils m’ont appris que cette somme devait servir à désintéresser en partie la chaîne Canal Plus qui était propriétaire de la fréquence qu’ils voulaient utiliser». Puis, il pré- cise : «Les 50.000.000 f Cfa que j’ai remis à Cheikh Tidiane Ndiaye et Vieux Aïdara, en qualité de trésorier du Pds, sont des deniers dudit parti. Je précise que le Président de la République aussi donnait de l'argent du Pds.
Selon toujours le leader de Bokk Gis Gis : «C’est 3 ou 4 mois après la remise des 50.000.000 F Cfa que j’ai appris par Vieux Aïdara que lui et Cheikh Tidiane Ndiaye ont constitué une société pour l’exploitation de la chaine de télévision. je ne connais pas les actionnaires de la société an Media. Dans cette affaire, je ne connais que Cheikh Tidiane Ndiaye et Vieux Aïdara dans les conditions que je viens de vous décrire. Deux ans après la remise des 50.000.000 F Cfa, Cheikh Tidiane Ndiaye que j’ai rencontré de manière fortuite, a, sur mon interpellation, répondu qu’il avait été éjecté de la société. Cependant, il ne m’a pas dit qui était l’auteur de cette éjection car, nous étions dans une cérémonie où nous n’avions pas l’opportunité d’échanger longuement».
«Je n’ai aucune preuve que la chaîne de télé est la propriété de Karim Wade»
«j’ai connu Cheikh Tidiane Ndiaye bien avant Vieux Aïdara, en 2002 après mon élection à la mairie de Dakar», renseigne Pape Diop. En effet, «il m’avait envoyé une correspondance par laquelle il me proposait de faire un documentaire sur la ville de Dakar et sur l’implication du maire dans la gestion des affaires de la ville. a l’époque, il était producteur extérieur de la Rts, laquelle a d’ailleurs passé à plusieurs reprises le documentaire à la télé. C’est à travers Cheikh Tidiane Ndiaye que j’ai connu Vieux Aïdara à l’occasion des démarches qu’ils menaient pour la création de la société an Média. Je dois rappeler que Cheikh Tidiane Ndiaye avait également fait un documentaire sur la vie du Président de la république, Abdoulaye Wade.
D’ailleurs, j’étais l’une des 5 ou 6 personnes qui étaient présentes lors de la première projection du documentaire sur Abdoulaye Wade», ajoute Pape Diop pour qui : «Le Président de la république a connu en premier Cheikh Tidiane Ndiaye. En ce qui concerne Vieux Aïdara, je pense qu’il l’a connu à l’occasion des démarches pour la mise en place de la société chaîne Canal Infos News. Si je ne me trompe, c’est à Vieux Aïdara que j’ai remis les 50.000.000 F Cfa, mais il était en compagnie de Cheikh Tidiane Ndiaye».
Interpellé sur la propriété ou non de Canal Info par Karim Wade, Pape Diop se veut catégorique : «je ne sais pas si Karim Wade était ou non impliqué dans la constitution de la société an Média ou de la chaîne de télé canal Infos News. Tout ce que je sais c’est que Vieux Aïdara est un proche ami de Karim Wade et qu’ils étaient toujours en- semble. je dois ajouter également que chaque fois qu’il y avait des problèmes à Canal Info, il se disait dans la presse que la chaîne appartenait à Karim Wade. Des fois, ce sont les travailleurs de canal Info eux-mêmes, qui, lors de leurs marches de protestation pour des salaires non payés, disaient dans la presse que c’est Karim Wade qui n’avait pas payé les salaires. Toutefois, je tiens à préciser que je n’ai aucune preuve que la chaine de télé est la propriété de Karim Wade».
«Ce qu’on s’est dit Wade, moi, Karim et Vieux Aïdara...»
D’ailleurs, dit-il, «je n’ai jamais interpellé Karim Wade sur la question relative à la chaîne de télé. D’ailleurs, je ne m’occupe jamais d’affaires qui ne me concernent pas. Je dois préciser, pour être complet sur la question que, depuis 2009, pour des raisons politiques, mes relations avec Karim Wade étaient distantes. (...) je ne me sou- viens pas avoir assisté à une réunion au cours de laquelle Karim Wade aurait déclaré à Vieux Aïdara, devant le Président de la république, qu’il n’investirait plus jamais dans les médias parce que cette activité ne serait pas rentable.
Par contre, un jour, le Président de la république a appelé Vieux Aïdara devant moi et celui-ci est venu avec Karim Wade. En ma présence, le Président de la République l’a sermonné en lui reprochant les émissions animées par Maïmouna N'dour Faye et dont le contenu était contre son régime». Aussi, «à cette occasion, il a même demandé à Vieux Aïdara de licencier cette journaliste. après, on a parlé de généralités et Vieux Aïdara en a profité pour faire état des difficultés que rencontrait Canal Infos avant de demander au Président de la république de les aider à surmonter ces difficultés.
Par ailleurs, à plusieurs, le Président de la république s’est plaint de ce que les «amis de Karim Wade» en parlant de Cheikh Tidiane Ndiaye et Vieux Aïdara faisaient des émissions à Canal Infos qu’il jugeait comme étant contre son régime. (...) Je n’ai connu la société Ahs sa que par la presse, après l’ouverture de la procédure contre Karim Wade et consorts».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire