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lundi 24 novembre 2014

Crise du nord : les forces spéciales françaises passent à l'attaque

Crise du nord : les forces spéciales françaises passent à l'attaque
Dans le désert sahélien, nos troupes ont repris le combat contre les milices liées à Al-Qaïda.
Les deux hélicoptères Puma survolent les barkhanes du désert nigérien, ces dunes en forme de croissant qui bougent avec le vent. Leur nom, choisi par l’état-major, désigne le dispositif français déployé aujourd’hui de la Mauritanie au Tchad, soit sur neuf fois et demie la surface de la France, pour traquer les djihadistes dans la BSS, la bande sahélo-saharienne. Par la porte ouverte d’un appareil, le « gunner » scrute les anfractuosités de terrain en pointant sur elles le canon de sa mitrailleuse Mag 58, capable de tirer 1 000 coups par minute. Depuis les crevasses du plateau volcanique du Djado, des islamistes pourraient effectuer un tir d’opportunité. Dans l’autre hélicoptère, les quatre gardes du corps lourdement armés du patron de Barkhane, le général Palasset, complètent notre protection. Nous volons au-dessus de la mer de sable plate et ocre qui s’étend jusqu’en Libye, en proie au chaos depuis la chute de Kadhafi. C’est là que les chefs islamistes ont établi leurs bases arrière et leurs camps d’entraînement.
Cette « autoroute » clandestine des sables, le général Palasset veut leur en interdire l’accès. Ainsi espère-t-il tarir leur ravitaillement à partir de Madama, une base fixe d’où commandos et hélicoptères pourront rayonner. « Il y avait une mauvaise piste d’atterrissage que le génie est en train de remettre à niveau », m’a dit l’officier. Ici, pas de village, mais un fortin en pisé aux murs épais, bâti au début du siècle dernier par les officiers méharistes. Un puits avec de l’eau salée a été creusé devant l’entrée. Sans elle, impossible de survivre par 50 °C au soleil. La fraîcheur, on la trouve dans les tunnels qui partent du fort pour déboucher sous les casemates. A travers les meurtrières, les soldats pouvaient tirer avec leur fusil Lebel sur les insurgés touareg. Aujourd’hui, le poste est occupé par une compagnie nigérienne qui craint Al-Qaïda. Autour du fort, des barbelés longent des champs de mines posées jadis par les Français, puis par les Africains. Madama semble érigé au milieu de nulle part, mais son emplacement reste stratégique : « La frontière libyenne est à 100 kilomètres. Là-bas, ce sont les bandes armées qui font la loi », me dit un soldat nigérien.

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