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mardi 7 octobre 2014

Le Congo propose que la REDD+ s’approprie l’aménagement forestier et la certification forestière

CONGO BRAZZAVILLE, (CONGOSITE) – Un atelier sur le renforcement des capacités du processus REDD+ (réduction des missions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et la dégradation forestière et le rôle de la conservation, de la gestion forestière et de l'accroissement des stocks de carbone) a été ouvert le 6 octobre 2014 à Brazzaville. A cette occasion, le ministre congolais de l’économie forestière et du développement durable, Henri Djombo, qui a ouvert les travaux, a proposé que la REDD+ puisse intégrer et s’approprier l’aménagement forestier et la certification forestière comme ses actions de base.


Des participants à l'atelier, lors de la cérémonie d'ouverture des travaux
Des participants à l'atelier, lors de la cérémonie d'ouverture des travaux
La proposition du ministre congolais tient de ce que le processus REDD+ «jouit de la confiance des donateurs et des bailleurs de fonds majeurs». M. Djombo a ajouté que le processus devrait également simplifier ses procédures, devenir inclusif, contribuer à la lutte contre la pauvreté et constituer une opportunité de développement durable pour les pays tropicaux. 

En effet, pour diminuer le niveau de contribution de la déforestation et de la dégradation des forêts aux émissions globales des gaz à effet de serre (estimé à hauteur de 25%), la communauté internationale a initié le processus REDD+. Retenu à la conférence de Bali (Indonésie) en 2007, comme moyen efficace pour l’atténuation de l’effet de serre, ce processus a été pris en compte dans l’Accord de Copenhague (Danemark) sur le niveau régime climat. Il devrait permettre aux pays forestiers en développement de disposer des appuis financiers, notamment dans le cadre du Fonds Vert pour le Climat, c’est-à-dire un mécanisme financier de l'ONU, rattaché à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), dont l’objectif est de réaliser le transfert de fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus vulnérables, afin de mettre en place des projets pour combattre les effets des changements climatiques. 

Malheureusement, comme l’a déploré Henri Djombo, «la mise en œuvre du processus REDD+ s’avère complexe». Le ministre Djombo a souligné aussi l’existence d’un mécanisme essentiellement contrôlé par des experts financiers, qui s’appuient sur des principes théoriques, sans prendre en compte les efforts encourageants déjà investis par les pays de l’Afrique centrale dans la réduction de la forestation grâce à la gestion durable des ressources forestières, au reboisement et à la protection de la biodiversité. «Cette sous-région africaine qui détient le taux le plus bas de déforestation, soit 0,2%, ne bénéficie pas d’appuis financiers conséquents, comme si l’on refusait d’encourager le meilleur élève dans ce domaine», a-t-il regretté.

Henri Djombo, le ministre congolais de l'économie forestière
Henri Djombo, le ministre congolais de l'économie forestière
Les efforts de l’Afrique centrale dans la gestion durable des forêts 

Les pays d’Afrique centrale, précisément ceux du Bassin du Congo, mettent en œuvre, depuis plusieurs années, un plan concerté pour la conservation et la gestion durables de leurs écosystèmes forestiers. Ce plan a été adopté en février 2005 à Brazzaville. Ces efforts sont consentis notamment : sur l’aménagement durable des concessions forestières, avec 50 millions d’hectares sous aménagement, dont 30 millions d’hectares dotés de plan d’aménagement ; la certification de 5 millions d’hectares de concessions forestières ; la conservation de la faune à travers la création des aires protégées couvant 37 millions d’hectares, soit 10% de la sous-région. Il s’agit bien des actions qui concourent à la réduction des émissions issues de la forestation et de la dégradation forestière. 

La République du Congo, qui a adhéré au processus REDD+ en 2008, met en œuvre, depuis 2000, une politique de gestion durable de ses forêts. Cette politique se traduit par l’aménagement durable des concessions forestières, avec 9.937.452 hectares sous aménagement (soit 78% de la superficie totale exploitable dont 3.596.689 ha sont déjà dotés de plan d’aménagement) ; la certification de quatre concessions forestières couvrant environ 2,5 millions d’hectares, soit 33% environ des forêts tropicales certifiées FSC ; la création de 18 aires protégées couvrant 4.335.418 hectares, soit 12% du territoire national ; la mise en œuvre du Programme national d’afforestation et de reboisement portant sur un million d’hectares, sur la période 2011-2012, dans le cadre de la promotion de l’économie verte et de la lutte contre le changement climatique. 

Les attentes de la réunion de Brazzaville 

Le secrétaire exécutif de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), Raymond Mbitikon, a reconnu les efforts que déploient les pays de la sous-région dans la gestion durale des forêts. «Les pays d’Afrique pour la plupart se sont engagés à faire de la REDD+ une de leurs priorités nationales et surtout, un outil devant contribuer au développement des pays de la sous-région. Les pays membres de la COMIFAC participent activement depuis plusieurs années aux différentes négociations sur la REDD+, bien que le taux de déforestation dans les forêts du Bassin du Congo reste encore faible», a-t-il déclaré. Lui aussi déploré : «Ce faible taux de déforestation, qui résulte des efforts des pays dans leur politique de conservation et de gestion durable des ressources forestières, n’est malheureusement pas jusqu’ici récompensé par la communauté internationale. Et, malgré cela, nos pays ont continué d’avancer dans ce processus». 

Comme on peut le constater, l’atelier de renforcement des capacités de REDD+ de Brazzaville devrait permettre de prendre en compte tous les aspects déplorés par le ministre congolais en charge de la gestion des forêts et le secrétaire exécutif de la COMIFAC. Henri Djombo qui a placé son espoir sur la compétence des experts chargés d’animer les séances de cet atelier, a salué la Facilitation américaine pour le Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo (PFBC), le Service forestier des Etats-Unis, l’USAID, le gouvernement norvégien, la Banque mondiale et l’UICN, grâce auxquels se sont tenus les premiers ateliers de renforcement des capacités du REDD+. Les UAS assument, pour la deuxième fois, la facilitation du PFBC. 

«Opportunités et défis : climat et utilisation des terres dans le bassin du Congo», tel est le thème de la conférence d'ancrage du PFBC qui se tiendra du 8 au 9 octobre prochain à Brazzaville, et dont l’'enjeu porte sur les moyens de mise en œuvre du plan de convergence sous-régional à soumettre à l’appréciation des ministres. L’intégration par la REDD+ de l’aménagement forestier et de la certification forestière comme ses actions de base, tel est aussi un défi à relever pour une bonne utilisation des terres dans le Bassin du Congo. Les experts affirment que la REDD+ peut augmenter les avantages économiques, environnementaux et sociaux, surtout si sa mise en œuvre est appuyée par des stratégies de développement durable plus vastes à l’échelon national, comme le font les pays d’Afrique centrale.

Gaspard Lenckonov




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