Pages

mercredi 1 octobre 2014

Dialogue majorité-opposition : Une offre empreinte de scepticisme, selon le Front de résistance citoyenne (FRC)

Le dialogue politique entre la majorité présidentielle et l’opposition politique initié par le président du Faso laisse, de l’avis du Front de résistance citoyenne (FRC), sceptique quant à la suite qui sera donnée à ses conclusions. Il convient, prévient le Front, de rectifier le tir en encadrant préventivement les éventuels résultats dudit dialogue tant sur le plan juridique que sur le plan politique. C’est du moins, l’analyse faite ce mardi 30 septembre 2014 à Ouagadougou au cours d’un point de presse qui a aussi été l’occasion pour le Front de réaffirmer sa position sur l’article 37 et sur la présidentielle de 2015.


 
Dialogue majorité-opposition : Une offre empreinte de scepticisme, selon le Front de résistance citoyenne (FRC)
Partant du postulat que « la démocratie repose sur le débat et le dialogue », le FRC relève que le dialogue en gestation entre la majorité et l’opposition, « est à saluer ». Toutefois, précise le Pr Luc Marius Ibriga, principal animateur de la conférence du jour, cette offre de dialogue « ne laisse pas moins septique ». Et l’explication en est, selon lui, que « les expériences passées en matière de réforme politique n’incitent pas à l’optimisme » quant à la suite qui sera donnée aux résultats dudit dialogue. En effet, rappelle M. Ibriga - en invoquant les rapports du Collège des Sages, du Comité national d’Ethique, du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) -, « l’histoire politique de la IV République est riche de ces structures et exercices ayant suscité un grand espoir et une adhésion populaire et qui à l’arrivée, se sont révélé des manœuvres politiciennes sans véritables prise de notre démocratie ».
Garantir un dialogue véritablement utile
Il importe donc, préconise le FRC, de tirer des leçons de ce passé pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. Pour ce faire, précise la déclaration liminaire lue par M. Ibriga, « les acquis obtenus par le dialogue à venir devront être juridiquement et politiquement protégés pour éviter une remise en cause unilatérale ». Dans ce sens, il faut, préconise le Pr Ibriga, « d’abord que le cadre du dialogue soit bien défini » de sorte à répondre clairement à la question « avec qui, comment, et dans quel but dialoguer ? ».
Au bout du compte, les résultats de ce dialogue doivent avoir la qualité « d’avis conformes ». En clair, que ceux qui seront commis à la mise en œuvre desdits résultats, ne puissent s’empêcher de s’exécuter. Et pour qu’il en soit ainsi, il faut que des mesures législatives et/ou règlementaires conséquentes soient prises. En sus, il faudra un comité de suivi qui permette d’avoir une réelle application des conclusions arrêtées. Et politiquement, il faut que les différents acteurs soient amenés à s’engager publiquement pour prendre le peuple à témoins quant à la mise œuvre effectives desdites conclusions. C’est ainsi que se présente, en tout cas selon le président du FOCAL (Forum des citoyennes et citoyens de l’alternance), le Pr Ibriga, le schéma juridique et politique à même de garantir un ‘’ dialogue véritablement utile ‘’. A tout le moins, « il faut, précise M. Ibriga, un dialogue ouvert, sincère et inclusif » ; car l’enjeu de ce dialogue n’intéresse pas que les partis politiques, mais tous les Burkinabè.
Sensibilisation et interpellation, seuls moyens du FRC
’hui encore, le FRC a indiqué être fermement opposé « à toute tentative de révision de l’article 37 de la Constitution et d’installation du Sénat » tout en exprimant sa détermination à lutter pour le respect des principes et valeurs de l’Etat de droit démocratique au Burkina Faso. Dans cette dynamique, le Front annonce pour les jours et mois à venir, « la publication d’une déclaration sur la situation nationale ; l’adresse d’une interpellation au Conseil constitutionnel ; l’organisation d’un panel sur la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance ; l’organisation d’action de sensibilisation de la population au sujet du référendum ».
Relativement à ce référendum actuellement appelé par certains pour modifier l’article 37 de la Constitution, le Directeur exécutif du CGD (Centre pour la gouvernance démocratique), Pr Loada dira qu’il « faut que le consensus permette d’organiser le référendum à froid, en la couplant – au plus tôt – avec l’élection présidentielle de 2015 ». Et d’ajouter, « Nous sommes pour le référendum, mais un référendum objectif et non un référendum détourné en plébiscite ».
Après tout, rappelle le Pr Loada, la société civile réunie au sein du FRC se bat pour construire une démocratie véritable dans notre pays à travers la sensibilisation et l’interpellation de l’opinion publique. Et le point de presse du jour a été l’occasion de lancer un appel à l’endroit de « toutes les OSC sans exclusive, conscientes de leur rôle spécifique dans la vie de la nation et soucieuses de la consolidation de l’Etat de Droit et de la démocratie au Burkina Faso, à se rassembler autour de l’essentiel » qu’est de travailler à « faire échec aux velléités de révision de l’article 37 de la Constitution, d’installation du sénat et d’autres artifices pour consacrer le pouvoir à vie ».
Signalons que le FRC réunit déjà 24 OSC burkinabè actives sur les questions de gouvernance et engagées dans la consolidation démocratique au Burkina Faso. Il s’agit de : ADEP, AMR-Burkina, AREDA, CDCAP, CEDEV, CEJ, CGD, CIDOC, COFEDEC, FEPDHA, FOCAL, GERDDES, LIDEJEL, MBDC, MBEJUS, MCB, MMF/ANBF, MOJECAL, RAD, RADDHO, RAPPED, SEMFILMS, TON, UJAB.
Fulbert Paré
Lefaso.net

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire