Après quatre jours de négociation sans succès, avec le
gouvernement, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) a
décrété une grève de 48 heures les 21 et 22 août derniers. Une grève qui
a paralysé les services publics et une grande partie de
l’administration privée. Au-delà de toute considération partisane, cette
grève était-elle justifiée? Le Canard a donné la parole à ses lecteurs
pour recueillir leurs avis. Lisez plutôt…
Yacouba Coulibaly, agent de sécurité :
«Pour moi la grève de l’UNTM a été une bonne chose. Je pense, en
réalité, que cette grève vise à prévenir le malheur des salariés. Celui
du défaut de paiement des salaires. Dans certains services, je sais que
le problème a déjà commencé. Moi-même, cela fait deux mois que je suis
sans salaire, j’ai une femme et les factures ont augmenté, comment
pourrais-je m’en sortir? Les leaders syndicaux ont joué leur rôle, il
faut le reconnaitre».
Issouf Koné, chauffeur de taxi :
« Cette grève devait se faire, elle est à saluer. C’est de cette
manière que les gens d’en haut vont savoir que nous on souffre en bas.
Je pense que ça a été une réussite vu la manière dont les services ont
été fermés ».
Kissima Sylla, conseiller dans un ministère:
« Pour vous dire la vérité, je n’ai pas suivi cette histoire de
grève. J’étais en congé, moi. De toute façon, j’ai d’autres
préoccupations ».
Ousmane Diallo, planton:
« Je salue personnellement le Secrétaire général de l’UNTM pour son
courage. La question de savoir si cette grève est juste ou pas ne doit
même pas se poser à moins que vous ne soyez pas un Malien. Sinon pour
toute personne qui connait les conditions de vie et de travail dans
notre pays, il est clair que cela doit changer. La grève devait avoir
lieu, parce que le gouvernement dit avoir satisfait 12 des 17 points de
revendication, mais en réalité, les points essentiels n’ont même pas été
touchés. C’est ça aussi la vérité».
Oumar Mamadou Dembélé, Etudiant:
«La grève de l’UNTM est légitime. Mais, il ne faut pas perdre de vue
que le pays est toujours dans la crise. A mon avis, cette grève pouvait
attendre. Et puis l’électricité n’est pas aussi chère qu’on veuille nous
le faire croire. Je viens de payer ma facture, voilà le reçu. Je pense
que les gens gaspillent de l’électricité et c’est normal qu’ils
paient plus».
Fanta Ouattara, secrétaire :
« En tout cas, je salue la grève de l’UNTM, même si je pense qu’elle
ne va pas aboutir, elle m’a permis de bénéficier de quatre jours de
repos».
Fousseni Diarra, enseignant :
«Pour moi, l’opportunité de cette grève ne se pose pas. La question,
c’est pourquoi, ils ne l’ont pas fait plutôt. Le fer se bat quand il est
encore chaud. Alors l’argument selon lequel, la situation du pays ne se
prête pas à une grève ne tient pas la route. Car le train de vie de
l’Etat ne ressent pas la crise, pourquoi ce sont les Maliens d’en bas
qui doivent la ressentir ».
Alassane Bâ, juriste :
« La cause est certes noble mais le moment ne se prête guère à de
telles revendications. Aujourd’hui, le Mali a besoin que nous soyons
unis derrière le Chef de l’Etat qui, à mon avis, travaille pour le
bonheur des Maliens. On le dit pour mieux apprécier le goût sucré, il
faut avoir connu le goût amer. A mon avis, ces quelques difficultés de
nous connaissons sont passagères et il suffit juste qu’on se serre la
ceinture ».
Aminata Fané, ménagère:
« Ces gens là sont des pères de famille. Ce que je veux dire c’est
qu’ils n’ont pas décidé de partir en grève pour le plaisir d’aller en
grève. Tout est cher dans le pays et les gens ont du mal à nourrir leur
famille. S’il faut encore augmenter les factures d’eau et d’électricité,
c’est grave. C’est comme si quelqu’un est en train d’agoniser et que
tu veux lui porter le coup de grâce pour l’achever. Moi j’ai
l’impression que dans ce pays la pitié qui se trouvait dans les cœurs
disparait ».
Recueillis par Mamadou TOGOLA
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