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mercredi 27 août 2014

Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés (CCME) : Le siège de Niabina, est un abus

Mardi, 26 Août 2014 13:49
altLe jeudi 7 août 2014, un commerçant du nom de Mohamed Cheikh  Ould N’Zil  est porté disparu dans la zone de Niabina –Région du Brakna, Sud de la Mauritanie. Après 24 heures de recherches infructueuses, la rumeur de son assassinat se propageait. Les sites d’information électronique s’empressent de préciser qu’il détenait une forte somme d’argent, suggérant ainsi le mobile de sa mort violente. Sur la foi de soupçons portés par les membres de la famille, la vox populi impute la culpabilité du décès présumé, à des auteurs issus de la population autochtone, en majorité Haal Pulaar.
Dès le congé hebdomadaire, la localité de Niabina se retrouvait, de facto, assiégée.
Mobilisé, l’exécutif régional s’y transporte, pour conduire « l’enquête ».  Au titre des investigations préliminaires, la brigade de gendarmerie de M’Bagne, place en garde à vue,  neuf individus. D’autres groupes de personnes subissent des intimidations, des fouilles et des interrogatoires. Les habitants de la localité se sentent ciblés selon le faciès et vivent, durant deux jours, sous l’emprise d’une peur d’autant moins soutenable qu’elle revivifie le souvenir des tueries et déportations de 1989-1991. Le surlendemain, samedi 9 août, la bulle se dégonfle par enchantement, car le « disparu» de Niabina réapparaît à Nouakchott, sain et sauf, malgré le port d’un pansement au bras, qui se révèle parodique.
La portée
Les mesures de diligence au traitement d’une présomption de meurtre ont occasionné un  déploiement exceptionnel de la force, dans le cadre d’une enquête conventionnelle ;  toute une population en éprouvait, pourtant, les effets de contrainte physique et de pression morale.
Pour un mort dont le cadavre manquait, l’autorité publique s’est empressée de mettre en œuvre une théorie de la responsabilité collective; il a été même conçu un hypothétique « trouble à l’ordre républicain », de nature à commander le déplacement du wali, le plus haut représentant du centre de pouvoir.
La tension atteignit son paroxysme lorsque les assiégeants, drapés dans leurs certitudes et toujours sans la moindre précaution, demandèrent l’ouverture d’une tombe fraîchement recouverte en vue de procéder à l’exhumation du corps et en établir l’identité. Seule l’intervention de l’imam permit d’établir que la sépulture était celle d’une femme dont il dirigeait la prière mortuaire quelques jours plutôt.
L’enseignement
Au terme d’un enchaînement de péripéties attentatoire à la tranquillité publique, l’évènement interroge la cohésion nationale autant que l’égalité des citoyens devant le droit. Compte tenu des précédents d’impunité de crimes de masses commis en 1989 et dont le traumatisme demeure prégnant dans le Brakna et l’ensemble des régions au Sud de la Mauritanie, se pose la question des conséquences : quelle suite, l’Etat mauritanien accordera-t-il à cet énième abus d’autorité ? Quelles attitudes préventives, convient-il de privilégier afin d’éviter la prééminence du préjugé ethnique lors de l’usage de la force légitime ?
Le Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés (CCME) exprime sa vive préoccupation face à l’attitude des forces de l’ordre et de l’administration locale, qui rappelle un passé douloureux.  Le CCME exhorte le Gouvernement à diligenter une enquête interne et à rendre publiques ses conclusions afin de restaurer l’honneur des populations de Niabina et prévenir la répétition d’incidents susceptibles de malmener le consensus – minimal - sur l’unité du pays et la paix entre ses composantes nationales.

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