Quel commentaire faites-vous de l’interdiction de la marche du PDS ?
Il ne peut y avoir d’excuse à des libertés fondamentales garanties
par la Constitution. La République a les moyens de sa politique. On a
opté pour une République démocratique et dans notre Charte fondamentale,
on a ratifié des conventions internationales qui imposent à notre Etat
un certain nombre d’obligations positives dont celle d’assurer les
droits proclamés et garantis par la Constitution. A partir de ce moment,
il n’y a pas de démocratie sur mesure. Ou bien on est en République, ou
bien on est en dictature. On ne peut être dans un régime démocratique
et renier les principes fondateurs de la démocratie
Ces interdictions systématiques des marches sont-elles le signe d’une paranoïa ?
Je pense qu’il n’est pas exagéré de parler de paranoïa. Souvent, on
pense que quelqu’un qui exerce une liberté démocratique est toujours une
menace contre le pouvoir en place. Ça c’est une sorte de paranoïa. De
façon pathologique, cela est intériorisé dans l’esprit des gouvernants.
Or, cela doit permettre, au contraire, au pouvoir de se réajuster et de
décrypter les messages qui lui sont envoyés par une partie du peuple.
Dans une démocratie, même les minorités ont droit de participer à la vie
publique.
Malheureusement, le fait d’être au pouvoir est une hégémonie des
vainqueurs et une négation du droit des autres. Finalement, cela crée
des frustrations. Et le discours de ceux qui se sentent ostracisés porte
souvent au niveau des populations. Les Sénégalais n’aiment pas
l’injustice. Pourquoi la situation est grave avec Macky Sall ? Il y
avait un pacte social. Nous nous sommes battus en 2012, avec la Nation
entière pour un certain nombre d’acquis. Il y a eu des morts rien que
pour assurer la liberté démocratique et le droit d’expression.
Aujourd’hui, on a l’impression que ces personnes sont mortes pour rien.
Est-ce
qu’on ne devrait pas revoir la loi qui donne au préfet, sous l’autorité
du ministère de l’Intérieur, le pouvoir d’apprécier l’opportunité de
délivrer ou non une demande d’autorisation ?
Je précise que la loi ne donne aucun pouvoir au préfet de remettre en
cause les libertés constitutionnelles garanties par la Constitution et
les conventions internationales. Le pouvoir du préfet s’arrête à
recevoir des déclarations et faire en sorte que l’administration puisse
prendre les mesures proportionnelles adéquates pour assurer les libertés
individuelles. C’est pourquoi on parle d’obligation positive. Or, on
considère ce devoir d’organiser les citoyens comme une possibilité de
les anéantir. C’est une aberration, une hérésie. Et c’est une des
pathologies de notre système démocratique. L'Enquête
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