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mercredi 27 août 2014

3 questions à… Me Assane Dioma Ndiaye, (LSDH) ‘’Pourquoi la situation est grave avec Macky Sall…’’

3 questions à… Me Assane Dioma Ndiaye, (LSDH) ‘’Pourquoi la situation est grave avec Macky Sall…’’
Quel commentaire faites-vous de l’interdiction de la marche du PDS ?
Il ne peut y avoir d’excuse à des libertés fondamentales garanties par la Constitution. La République a les moyens de sa politique. On a opté pour une République démocratique et dans notre Charte fondamentale, on a ratifié des conventions internationales qui imposent à notre Etat un certain nombre d’obligations positives dont celle d’assurer les droits proclamés et garantis par la Constitution. A partir de ce moment, il n’y a pas de démocratie sur mesure. Ou bien on est en République, ou bien on est en dictature. On ne peut être dans un régime démocratique et renier les principes fondateurs de la démocratie
Ces interdictions systématiques des marches sont-elles le signe d’une paranoïa ?
Je pense qu’il n’est pas exagéré de parler de paranoïa. Souvent, on pense que quelqu’un qui exerce une liberté démocratique est toujours une menace contre le pouvoir en place. Ça c’est une sorte de paranoïa. De façon pathologique, cela est intériorisé dans l’esprit des gouvernants. Or, cela doit permettre, au contraire, au pouvoir de se réajuster et de décrypter les messages qui lui sont envoyés par une partie du peuple. Dans une démocratie, même les minorités ont droit de participer à la vie publique.
Malheureusement, le fait d’être au pouvoir est une hégémonie des vainqueurs et une négation du droit des autres. Finalement, cela crée des frustrations. Et le discours de ceux qui se sentent ostracisés porte souvent au niveau des populations. Les Sénégalais n’aiment pas l’injustice. Pourquoi la situation est grave avec Macky Sall ? Il y avait un pacte social. Nous nous sommes battus en 2012, avec la Nation entière pour un certain nombre d’acquis. Il y a eu des morts rien que pour assurer la liberté démocratique et le droit d’expression. Aujourd’hui, on a l’impression que ces personnes sont mortes pour rien.
Est-ce qu’on ne devrait pas revoir la loi qui donne au préfet, sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, le pouvoir d’apprécier l’opportunité de délivrer ou non une demande d’autorisation ? 
Je précise que la loi ne donne aucun pouvoir au préfet de remettre en cause les libertés constitutionnelles garanties par la Constitution et les conventions internationales. Le pouvoir du préfet s’arrête à recevoir des déclarations et faire en sorte que l’administration puisse prendre les mesures proportionnelles adéquates pour assurer les libertés individuelles. C’est pourquoi on parle d’obligation positive. Or, on considère ce devoir d’organiser les citoyens comme une possibilité de les anéantir. C’est une aberration, une hérésie. Et c’est une des pathologies de notre système démocratique.  


L'Enquête

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