Les 5 enseignements des dernières présidentielles
Les dernières élections présidentielles que nous avons vécues ont livré
quelques statistiques bonnes à connaître. Des tendances qui font
réfléchir.
1- D’abord, le président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz, est en tête dans toutes les circonscriptions. Les rares endroits où il n’a pas obtenu la majorité des votes ont pour nom Sebkha et El Mina. Ces deux circonscriptions de Nouakchott l’ont pourtant élu premier mais avec, respectivement, 34% et 46%.
Partout ailleurs, les victoires du candidat sortant frôlent le plébiscite.
2- Autre enseignement tiré de ce scrutin, le boycott n’a pas fonctionné.
La forte participation à ce vote ne traduit pas pour autant la perte
d’influence des leaders de l’opposition historique mais, à notre avis,
une erreur tactique : la stratégie de boycott se déroule en deux temps.
D’abord par l’appel à une inscription massive dans les listes
électorales. Puis, et seulement après, l’appel au boycott proprement
dit. Les opposants mauritaniens ont ignoré la première étape.
3-Ibrahima Sarr et Birame Ould Abeid Ould Abeid partagent
le même électorat avec une forte ascendance pour le second, qui a
convaincu une frange plus large et plus étalée sur le territoire
national. Le candidat de l’AJDMR a été notamment devancé par son rival à Mbagne, Sebkha et El Mina. Ces différents résultats sont-ils le signe que l’un doit s’effacer pour l’autre ? Aux politiciens d’en juger. Notons que Biram comme Sarr ont souffert la martingale dans les deux Hodhs qui restent, par excellence, un bastion conservateur.
4- Bodiel Ould Houmeid a un électorat plutôt
conservateur. Il est souvent deuxième dans toutes les circonscriptions
où le président sortant s’impose avec plus de 93%. S’il s’est
naturellement bien illustré dans son basion de Keur Macène, en bon deuxième derrière le président Aziz, Bodiel est devancé à Rossoville par Birame.
5- Les 6 Moughatta qui sont les plus peuplés en nombre d’électeurs inscrits sont Nouadhibou (51 322
votants), Selibaby (49 995), Aleg (47 320), Kiffa (42 547), Arafat (41722), Néma (39 123) et Kaédi (38461).
Un échantillon représentatif ? En clair, ces élections révèlent ce que nous disions ici même, à savoir que la Mauritanie est
une démocratie aristocratique et conservatrice où le jeu démocratique
porte seulement sur 30% des voix. Environ 70% de nos concitoyens votent
figés par consensus tribal ou villageois.
Ceux qui échappent au vote social sont sensibles aux arguments de
stabilité et de sécurité qui constituaient les deux composantes du
discours de campagne du président sortant. Celui-ci a concédé le plus de
points à ses adversaires dans les grandes villes, souvent réceptives
aux discours de changement prônés par Birame Ould Abeid,
le candidat anti-esclavagiste. Voilà notre vérité, toute relative des
chiffres, ces êtres mignons qui avouent tout sous la torture.
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